
L'Algérie a été au centre de discussions publiques tenues dans les deux chambres du Parlement français ce week-end, alors que des voix s'élevaient à l'Assemblée nationale et au Sénat pour dénoncer les pratiques hostiles récentes à l'égard de l'Algérie.
À l'Assemblée, le nom de l'Algérie a été mentionné 29 fois lors de la session des questions au gouvernement, notamment à propos de l'attaque de Mulhouse impliquant un citoyen algérien en situation irrégulière. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a répondu à cette question, tout comme le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noel Barrot, qui a abordé une autre question concernant l'accord migratoire de 1968, sur lequel le Sénat a également débattu en envisageant la possibilité de demander sa dénonciation. Ce débat a suscité l'attention des principaux groupes parlementaires, avec des voix de droite et du centre appelant à se retirer de cet accord.
La commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale a parallèlement à cela, tenu une séance en soirée, qui a abouti à l'adoption d'une résolution appelant à la libération de l'écrivain franco-algérien, bien que cette résolution ait été modifiée après l'abstention de la gauche et l'absence des communistes.
Une remarque notable dans la réponse du ministre de l'Intérieur à la question sur l'attaque de Mulhouse, qui a entraîné la mort d'un citoyen portugais, est sa persistance dans ses critiques contre l'Algérie. Il a de nouveau accusé l'Algérie d'une responsabilité indirecte dans l'attaque en raison de son refus de recevoir le suspect, affirmant que si l'Algérie avait respecté ses engagements internationaux, l'attaque n'aurait pas eu lieu. Il a mentionné les décisions de la commission ministérielle sur l'immigration qui s'est tenue la semaine précédente, demandant à l'Algérie de coopérer en matière de réadmission de "centaines" de ressortissants algériens jugés dangereux.
En réponse à une question d'un député de l'opposition concernant l'accord migratoire de 1968, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noel Barrot, a renvoyé à une déclaration du Premier ministre François Bayrou la semaine précédente, après une réunion sur l'immigration, où il a évoqué la possibilité de réexaminer l'accord unilatéralement si l'Algérie ne réagissait pas aux délais impartis.
Cet accord a également été au cœur des débats au Sénat, où des voix s'étaient élevées pour attaquer l'Algérie, notamment au sein des républicains, tandis que des intervenants de gauche appelaient à un dialogue franco-algérien sur la question de l'immigration.
Des voix critiques
Le membre du Sénat Ahmed Laouedj, élu du Parti radical de Gauche, a souligné que les tensions entre la France et l'Algérie étaient le résultat de surenchères politiques et médiatiques à des fins électorales. Il s'est interrogé sur les intentions de créer de nouvelles tensions après des conflits artificiels, appelant à la prudence face à ces dérives.
Le parlementaire d'origine algérienne a présenté une liste des pratiques hostiles de la France, mentionnant les menaces du ministre des Affaires étrangères de convaincre d'autres pays européens de durcir les conditions d'entrée des Algériens en France, et a insisté sur le fait que ces politiques découlaient d'une approche superficielle des relations bilatérales qui devraient être basées sur le respect mutuel, et non sur des menaces.
Il a également critiqué la révision de l'accord migratoire, soulignant que les conditions d'obtention des visas et des permis de séjour pour les Algériens n'avaient pas changé et étaient désormais similaires à celles des ressortissants d'autres pays. Selon lui, la discussion à ce sujet était erronée et il a appelé à y mettre fin. Il a salué la position du président français sur ce dossier.
Un point de vue similaire a été exprimé par son collègue d'origine algérienne, Akli Mellouli, qui a protesté contre l'exploitation politique de la question migratoire, soulignant que l'accord avait été révisé trois fois dans le passé sans médiatisation, et que l'Algérie avait coopéré lors de ces révisions. Il a attribué la responsabilité de la campagne médiatique contre l'Algérie à certains partis politiques français, cherchant à sacrifier la relation franco-algérienne à des fins électorales.
Il a aussi évoqué la stigmatisation de l'Algérie (l'algérophobie) et les propos positifs sur le colonialisme, tout en soulignant le silence officiel français face aux déclarations de Louis Sarkozy appelant à incendier l'ambassade d'Algérie, sans réaction officielle en France. Enfin, il a fait référence aux menaces du Premier ministre français concernant l'Algérie (fixant un ultimatum sous peine de sanctions), s'interrogeant sur la manière dont la France était influencée par les politiques de Donald Trump concernant l'immigration.