L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis et diplomate chevronné, John Bolton, n’a pas exclu que Donald Trump puisse revoir sa position sur la question du Sahara occidental.
Quelques jours après avoir accordé une interview à un site d’information espagnol dans laquelle il a sévèrement critiqué le Maroc pour avoir bloqué tous les efforts de résolution de ce conflit, estimant que la meilleure solution serait un référendum, Bolton revient dans une nouvelle interview publiée ce dimanche par le site espagnol El Independiente pour évoquer ce qu’il a qualifié de dernière colonie d’Afrique.
Dans ce nouvel entretien, Bolton affirme que le Maroc a tout fait pour entraver les efforts de l’ONU et de la communauté internationale visant à organiser un référendum d’autodétermination dans les territoires sahraouis.
Concernant la position américaine, il déclare « L’administration Trump, lors de son premier mandat, a reconnu la souveraineté du Maroc sur la région, ce qui va à l’encontre de la position traditionnelle des États-Unis. Je continue à penser que la seule solution est d’organiser un référendum. Certes, le contexte régional est devenu plus compliqué avec les tensions entre le Maroc et l’Algérie, mais les réfugiés sahraouis vivent toujours dans les camps de Tindouf et méritent de retourner chez eux. Personne ne peut leur nier ce droit. La seule question est : sous quelle souveraineté ? Et je ne pense pas que ce soit une question difficile. »
À la question de savoir si Trump avait eu raison de soutenir le Maroc, Bolton répond « Non, je ne le pense pas. Le Maroc a signé les Accords d’Abraham avec Israël à condition que Washington reconnaisse sa souveraineté sur le Sahara occidental. Trump a dit : ‘Bien sûr’. À mon avis, le Maroc aurait signé cet accord avec Israël de toute façon, car il était très proche de le faire bien avant, peut-être même avant l’Égypte et la Jordanie. Mais ils ont profité d’une équipe américaine qui n’avait aucune idée du dossier sahraoui et lui ont soutiré une concession qu’ils n’auraient jamais dû obtenir. »
Dans ce contexte, Bolton estime que Trump pourrait changer de position. Il se dit également surpris que l’administration Biden n’ait pas modifié celle de son prédécesseur. Il poursuit « Je crois toujours que les États-Unis peuvent dire : “Nous reconnaissons le contrôle de fait du Maroc, mais nous exigeons un référendum.” »
Il révèle aussi que le défunt sénateur Jim Inhofe, un des membres les plus influents de la Commission des relations étrangères, et très bien informé sur le dossier du Sahara occidental, a discuté à plusieurs reprises avec Trump et soutenait l’idée d’un référendum.
« Trump n’a changé d’avis que dans le contexte des Accords d’Abraham, vers la fin de son premier mandat », ajoute-t-il.
Qu’est-ce qui pourrait pousser Trump à changer de position ? Voici ce que répond Bolton « Trump a récemment dit qu’il voulait transformer Gaza en “Riviera de la Méditerranée orientale”. Cela n’arrivera pas. Mais le Sahara occidental possède une longue côte atlantique. Il pourrait s’imaginer y construire des stations balnéaires et des casinos. S’il obtenait une concession pour y installer ses entreprises, cela pourrait l’enthousiasmer à soutenir un référendum. Si on lui propose un intérêt matériel, il pourrait changer d’avis. Le Polisario pourrait envisager de lui offrir une opportunité directe. Sinon, ce ne sera jamais une priorité pour lui. Si le gouvernement espagnol lui en parle, il pourrait s’y intéresser. Mais je ne sais pas s’ils le feront. »
Enfin, John Bolton défend le Front Polisario comme représentant légitime du peuple sahraoui, estimant que les tentatives du Maroc de le qualifier d’“organisation terroriste” sont vouées à l’échec. Il déclare « Le Polisario ne s’est jamais engagé dans des actions extrémistes, comme cela s’est produit au Moyen-Orient après la révolution islamique iranienne en 1979. Les allégations selon lesquelles le mouvement serait influencé par le chiisme sont contredites par la présence ancienne d’organisations religieuses et non gouvernementales américaines dans les camps de réfugiés. »
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