Monde

"La légitime défense" à géométrie variable de l'occident

Considérée comme du terrorisme quand les peuples occupés résistent, mais un droit lorsque l’entité tue des civils, détruit des maisons et des hôpitaux

  • 12
  • 4:42 Min

Les dirigeants des pays occidentaux se sont rangés du côté de l'entité, en déclarant qu'elle avait le droit de se défendre. Ces pays n’ont pas hésité à lui fournir tous les moyens militaires et politiques nécessaires pour exercer ce prétendu droit. Ce soutien illimité de l’Occident a permis à l’entité de commettre des crimes horribles dans la bande de Gaza.

Ce "droit à la légitime défense" a été utilisé comme justification politique, sécuritaire et morale pour que l'entité mène des agressions, des occupations ou s’accapare des terres, des richesses ou des peuples, comme cela s’est produit au Liban, en Syrie, au Yémen et en Palestine. Cela révèle que l’Occident colonialiste camoufle son soutien à l’entité à travers un droit fictif, lui qui a conçu dès 1904 (avec le projet Campbell Bannerman) un plan pour implanter un corps étranger au cœur de la nation arabe. Il a ensuite contribué, à travers la Déclaration Balfour de 1917, la résolution de partage de la Palestine en 1947, puis la reconnaissance de l’entité dès sa création en 1948, à assurer son soutien sous prétexte de la protéger de son environnement hostile.

Le président français Emmanuel Macron n’a pas hésité à déclarer que la France participerait à la défense de l’entité en cas d’attaque iranienne, tout en fermant les yeux sur les attaques israéliennes contre l’intérieur iranien, répétant que l'entité a le droit de se défendre, tout en affirmant que "nous ne pouvons vivre dans un monde où l’Iran possède l’arme nucléaire".

Or, l’histoire montre que l’entité a entamé son programme nucléaire peu après sa création en 1948 avec l’aide de la France, lançant secrètement la construction du réacteur nucléaire de Dimona en 1956-1957. Le Premier ministre français Guy Mollet, à l’époque, déplorait d’avoir dû rompre son engagement envers ses alliés israéliens, notamment David Ben Gourion, leader du parti travailliste "Rafi". Le général Paul Ély, chef d’état-major français, avait déclaré "Nous devons leur fournir cela pour garantir leur sécurité, c’est vital", tandis que le ministre  de la Défense Maurice Bourgès-Maunoury affirmait  "Je vous ai donné la bombe pour empêcher un autre holocauste et pour permettre à Israël d’affronter ses ennemis au Moyen-Orient."

Le même discours a été adopté par l’Allemagne, où le chancelier Friedrich Merz a déclaré que Berlin soutenait le droit de l'entité à se défendre contre l’Iran. Début juin, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a annoncé que l’Allemagne continuerait à fournir des armes à l'entité, ignorant complètement les crimes de génocide à Gaza. Il a affirmé au Bundestag que la défense de l'entité représentait une responsabilité nationale pour l’Allemagne, ancrée dans son histoire.

Le 23 octobre 2023, les dirigeants des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni ont réaffirmé leur soutien inconditionnel à l'entité et à son droit à la légitime défense pendant la guerre à Gaza, justifiant une guerre d’extermination contre les Palestiniens. Les puissances occidentales reconnaissent ce droit au bourreau et le refusent à la victime, affirmant que l'entité peut se défendre, mais niant ce droit aux peuples sous occupation.

Entre 2017 et 2019, l’administration Trump a violé toutes les normes internationales en faveur de l'occupation sioniste : reconnaissance de Jérusalem comme capitale en 2018, transfert de l’ambassade américaine, puis en 2019 reconnaissance de la souveraineté sioniste sur le Golan syrien occupé depuis 1967.

De 1970 à 2025, les États-Unis ont utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité 83 fois, dont environ 49 pour défendre l'occupation sioniste, soit près de la moitié des vétos américains.

Le soutien à Israël est l’un des rares points d’accord entre démocrates et républicains aux États-Unis. Le Congrès a voté 12,6 milliards de dollars pour l'entité dans les budgets 2024 et 2025, en plus d’un soutien militaire annuel de 3,8 milliards de dollars, convenu sous l’administration Obama jusqu’en 2028. Une aide d’urgence supplémentaire de 14,3 milliards a aussi été approuvée.

Au total, les États-Unis ont fourni à l'enetité environ 186 milliards de dollars d’aide militaire depuis 1948 (sans ajustement pour l’inflation), ce qui équivaudrait à environ 310 milliards de dollars ajustés à l'inflation, finançant des systèmes comme le Dôme de fer, la Fronde de David et d'autres programmes militaires. Washington a aussi livré des bombes GBU utilisées au Liban et à Gaza, et a contribué à l’interception des missiles iraniens lors de l’opération "Promesse fidèle 2" en coopération avec la France et le Royaume-Uni.

Le droit international stipule que le droit à la légitime défense est valable en cas d’agression armée, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Mais l'entité a détourné ce droit pour mener des politiques expansionnistes et coloniales, tandis que les pays occidentaux continuent de justifier ses crimes par ce droit, tout en ignorant les massacres, le blocus illégal de Gaza et la colonisation en Cisjordanie.

Deux poids, deux mesures : la résistance devient "terrorisme"

Quand les peuples occupés résistent, le discours occidental les qualifie de terroristes, alors que les bombardements sur les civils à Gaza, au Liban, en Syrie, en Irak ou en Iran sont présentés comme de la "légitime défense". Le vol de terres, les expulsions de Palestiniens et les violations continues des droits humains ne sont jamais punis, et le silence complice de l’Occident en dit long sur la duplicité de ses valeurs proclamées.

Les États-Unis et l’Europe fournissent les armes les plus avancées à l'entité tout en imposant des sanctions à d’autres pays pour des raisons "droits de l’homme". Pourquoi l'entité n’est-il jamais sanctionné ni tenu responsable de ses crimes de guerre ? Parce que l’Occident considère l'entité comme un allié stratégique et une entité fonctionnelle, peu importe les violations qu’il commet.