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Libération de quatre chauffeurs marocains : la mise en scène ratée du Makhzen

Les quatre chauffeurs de camions marocains, enlevés le 18 janvier dans le nord du Burkina Faso, sont apparus à l’écran de la télévision nationale malienne

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La prétendue libération des quatre chauffeurs de camions marocains, enlevés le 18 janvier dans le nord du Burkina Faso près de la frontière nigérienne, et leur apparition à la télévision nationale malienne aux côtés d’Assimi Goïta, président autoproclamé de la transition au Mali, n’est qu’un mauvais scénario orchestré par le Makhzen, avec la complicité de son allié du Conseil militaire malien.
L’objectif de cette opération médiatique : vendre l’illusion d’un "succès diplomatique", en prétendant qu’une opération conjointe aurait été menée par les services de renseignement marocains (DGED) et maliens (ANSE). Une tentative manifeste de redorer l’image des deux régimes, largement contestés par leurs peuples respectifs, victimes de répression et de paupérisation croissante.

Une mise en scène au coût exorbitant

En quête de légitimité, Rabat et Bamako ont élaboré un show sécuritaire censé simuler une coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme transfrontalier.
Mais derrière ce vernis se cachent des pratiques contraires au droit international, notamment le versement de rançons à des groupes terroristes, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que la libération de chefs terroristes comme Dadi Ould Chaïb, alias Abou Darda.
Ces manœuvres mettent en lumière les liens troubles entre les services marocains et les groupes extrémistes, rappelant les relations connues avec l’ex-GIA et le FIS (dissout) durant la "décennie noire" des années 1990, et aujourd’hui avecdes organisations comme Rachad et le MAK, bénéficiant d’une grande liberté de mouvement, de financement et de couverture médiatique à l’étranger.
Le Maroc, qui s’est arrogé le rôle de formateur d’imams maliens, se retrouve de plus en plus exposé aux critiques d’organismes internationaux luttant contre le terrorisme, qui établissent des connexions entre les réseaux djihadistes, le narcotrafic, le trafic d’armes, la traite humaine et l’émigration clandestine — des domaines où le royaume du "Commandeur des croyants" excelle tristement.
Même l’affaire du baron malien de la drogue surnommé "l’Escobar du désert" a révélé des investissements douteux dans des projets d’infrastructure à travers des entreprises écran créées au Maroc pour blanchir l’argent du trafic de drogue et du terrorisme.
Le monde du sport n’est pas épargné non plus, avec des scandales comme le financement du club marocain du Wydad de Casablanca, dont l’ancien président est accusé de collusion avec ce même trafiquant, époux de la chanteuse marocaine Latifa Raafat.
De plus, des banques marocaines sont soupçonnées de servir de canaux de blanchiment d’argent issu du terrorisme et du trafic de drogue, notamment en Afrique subsaharienne, avec des ramifications jusqu’aux Émirats arabes unis, fief de Mohammed ben Zayed, soutien clé du Makhzen, accusé de nourrir le chaos au Sahel.

Les marionnettes du Makhzen au service du terrorisme
Dans cette vaste opération d’enfumage, le régime marocain instrumentalise des sahraouis soumis à l’occupation du Sahara occidental, connus pour leur rôle dans le trafic de drogue et d’êtres humains. Selon des sources de l’Azawad, les "chauffeurs" marocains enlevés seraient en réalité des instructeurs militaires, envoyés pour simuler leur propre enlèvement.
Ces formateurs marocains auraient été déployés dans des camps secrets situés dans la zone dite des "trois frontières" (Mali – Burkina Faso – Niger), où ils fourniraient un entraînement militaire, idéologique et tactique aux combattants de l’État islamique au Grand Sahara, sous l’œil bienveillant du régime malien.
Leurs missions consistent à encadrer des groupes de jeunes djihadistes venus du Sahel, du Maghreb et d’ailleurs, afin de renforcer les capacités opérationnelles des groupes terroristes, notamment contre les civils et les mouvements de résistance touaregs.
Lors d’un colloque sur la lutte contre le djihadisme, tenu à Madrid le 30 juin dernier, les services de renseignement espagnols ont tiré la sonnette d’alarme sur le recrutement massif et croissant de ressortissants marocains dans les rangs des organisations terroristes sahéliennes au cours des deux dernières années.
Les mêmes services en ont profité pour démentir les campagnes de diffamation menées par le Makhzen visant à accuser le Front Polisario d’avoir infiltré des mouvements extrémistes. Selon eux, aucune preuve ne soutient ces allégations.