Des experts et analystes ont affirmé que la visite de Messaad Boulos, conseiller du président américain Donald Trump pour les affaires africaines, arabes et moyen-orientales, en Algérie, et sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune ainsi qu’avec des membres du gouvernement, reflètent l’importance croissante que Washington accorde à l’Algérie en tant que puissance régionale influente.
Cette visite s’inscrit dans le cadre de la volonté des États-Unis de renforcer la coopération stratégique sur les plans sécuritaire et économique, et traduit une prise de conscience accrue dans les cercles décisionnels américains de l'importance de l’Algérie comme acteur central en Afrique et dans la région méditerranéenne.
Des mouvements accélérés et des signaux positifs
Zakaria Wahbi estime que cette visite constitue l’aboutissement d’une série d’initiatives bilatérales reflétant une volonté américaine claire de renforcer ses relations avec l’Algérie. Parmi les signes les plus marquants : la visite d’une délégation économique américaine de haut niveau représentant de grandes compagnies énergétiques telles que Chevron et ExxonMobil, ce qui témoigne d’un grand intérêt pour le marché algérien prometteur, notamment dans le contexte des mutations mondiales du secteur énergétique.
Wahbi a également souligné un geste diplomatique important : le message de félicitations adressé par le président américain à son homologue algérien à l’occasion de la fête de l’indépendance, reflet du respect mutuel et de l’estime de Washington pour le rôle de l’Algérie. En outre, un rapport publié par le Washington Institute a mis en lumière une volonté de bâtir un partenariat stratégique global couvrant les domaines de l’énergie, de la sécurité et de la diplomatie, dans un contexte de concurrence manifeste avec la présence russe et chinoise dans la région.
Vers un partenariat multidimensionnel
Dans une lecture plus approfondie des dimensions de cette visite, le Dr Wahbi a souligné que l’Algérie, à travers la nouvelle loi sur l’investissement et les réformes économiques en cours, cherche à attirer des capitaux étrangers hors du secteur des hydrocarbures, notamment dans les domaines de l’agriculture, du phosphate, des énergies renouvelables et des technologies — des secteurs qui suscitent un intérêt croissant de la part des États-Unis.
La logique de l’équilibre dans les relations extérieures de l’Algérie
Dans le même sens, le professeur Adel Jarsh a affirmé que l’Algérie adopte une politique d’équilibre dans ses relations extérieures, en ouvrant des canaux de coopération avec les États-Unis, sans pour autant renoncer à ses partenariats traditionnels avec la Chine et la Russie.
Il a considéré que la visite représente une occasion d’aborder des dossiers sensibles, notamment la situation sécuritaire dans la région du Sahel, la question du Sahara occidental, ainsi que le renforcement de la coopération en matière de sécurité et de défense, devenue nécessaire face à l’escalade des menaces terroristes en Afrique.
Jarsh a également expliqué que Washington est consciente que, bien que l’Algérie ne soit pas un allié stratégique au sens traditionnel du terme, elle constitue un partenaire sérieux et crédible dans les affaires régionales, grâce à sa réputation et son expérience dans la médiation, en particulier dans les dossiers libyen et malien.
La dimension géopolitique de la visite
Pour sa part, le Dr Rachid Allouche estime que cette visite s’inscrit dans une stratégie américaine plus large de redéfinition de la carte d’influence en Afrique, face à l’expansion de la Chine et de la Russie. Il a souligné que Washington est consciente de l’importance de l’Algérie dans la formulation d’un nouvel équilibre en Afrique du Nord, du fait de son poids politique et sécuritaire.
Allouche a noté que le conseiller Trump, Messaad Boulos, a exprimé un grand intérêt à étendre la coopération à des dossiers sécuritaires majeurs tels que la lutte contre le terrorisme, la coopération avec le commandement d’AFRICOM, ainsi qu’à des secteurs stratégiques comme l’énergie et le commerce.
Il a précisé que les dossiers discutés comprenaient la situation en Libye, la crise au Soudan, l’avenir de la paix au Moyen-Orient, ainsi que la question du Sahara occidental, pour laquelle Boulos a montré une ouverture envers une approche fondée sur le respect du droit à l’autodétermination.
Vers de nouvelles alliances pragmatiques
Les experts ont conclu que la visite du conseiller de Trump s’inscrit dans le cadre de grands bouleversements que connaît la politique internationale, et d’une course américaine pour regagner une position forte en Afrique. Pour l’Algérie, cette visite constitue une opportunité de renforcer sa position en tant que partenaire régional influent, et de construire des relations basées sur les intérêts communs, en s’éloignant des alignements idéologiques, dans un contexte de troubles régionaux croissants.
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