Parce que leur haine envers les Algériens est ancienne et profondément enracinée, comme leur avait recommandé le maréchal Bugeaud, les héritiers du colonialisme, aujourd’hui à la tête du courant d’extrême droite en France, n’ont jamais cessé d’afficher leur hostilité envers l’Algérie à travers les mensonges et la falsification de l’histoire, croyant qu’il est possible d’effacer le passé à l’aide d’une gomme.
L’extrême droite en France, partis, dirigeants, élites et milliardaires, tente d’acheter une virginité perdue afin d’effacer la honte historique qui les poursuit, en réécrivant le récit historique selon une nouvelle version qui “blanchit” le passé des figures de ce courant par la falsification des faits, comme le fait Éric Zemmour, qui considère que la gauche est “la source du fascisme” et non l’extrême droite, ou comme le prétend Marine Le Pen en affirmant que “la colonisation a laissé l’Algérie comme un paradis”. Un reniement total et flagrant de l’histoire, qu’ils veulent imposer délibérément pour empêcher la France officielle de présenter ses excuses et d’indemniser les victimes de ses crimes, tout en se présentant comme une force politique légitime. L’Algérie, quant à elle, demeure une épine éternelle dans la gorge de ce courant raciste.
Une nouvelle offensive coloniale est en cours, promue sur les plans politique, culturel et cinématographique, financée par des oligarques tels que François Bolloré et Édouard Stern, et portée par des médias comme “CNews”, “Europe 1”, “Le Journal du Dimanche”, “Valeurs Actuelles”, “Le Point” et d’autres. À leur tête figurent Philippe de Villiers, Éric Zemmour, Marine Le Pen et Jordan Bardella, accompagnés de Sarah Knafo, Marion Maréchal, Éric Ciotti, Bruno Retailleau, et des relais du lobby sioniste tels que Bernard-Henri Lévy, Gilles-William Goldnadel, Pascal Praud et d’autres. Ce ne sont que les visages visibles d’un système bien plus vaste, qui cherche à réécrire l’histoire selon une version coloniale, issue des héritiers du colonialisme qui prétendaient apporter la “civilisation”. Ils ne ressentent même plus de honte à se vanter de leurs crimes contre l’humanité sur les plateaux de télévision français, affirmant que le colonialisme aurait laissé un “paradis” en Algérie, comme le dit la petite-fille du parrain de la torture en Algérie, Jean-Marie Le Pen.
Existe-t-il une “saleté” plus grande que celle de Zemmour, qui ose prétendre que l’Algérie devrait “être reconnaissante envers la France” ? Mais reconnaissante de quoi ? Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les généraux français contre les Algériens et consignés dans leurs mémoires avec fierté ?
Quant à Bardella, héritier du tortionnaire Le Pen, il menace qu’une fois au pouvoir, il mettra fin à ce qu’il appelle “des décennies de lâcheté envers l’Algérie”, ajoutant qu’il faudra “enfin respecter l’histoire de la France, car aucun Français ne devrait avoir honte du passé de son pays”. Ce passé historique est le cœur même de cette campagne violente contre l’Algérie, car elle leur renvoie sans cesse le vrai visage du colonialisme et de leurs fausses démocraties. Les descendants des colons, regroupés dans ce qu’ils appellent le “Cercle Algérianiste”, réclament la révision de l’histoire officielle française dans les écoles, un projet que l’extrême droite s’emploie à imposer pour dissimuler la saleté de son passé en Algérie. C’est à partir de ce contexte qu’on peut comprendre pourquoi les Français ont adopté un écrivain comme Kamel Daoud dès son premier roman Meursault, contre-enquête, et pourquoi ils apprécient Boualem Sansal et non Rachid Boudjedra, alors que la différence entre eux, littérairement et linguistiquement, est celle du ciel et de la terre.
Macron a ouvert la voie lorsqu’il a déclaré qu’il n’existait pas de nation algérienne avant l’invasion coloniale française de 1830. Avant lui, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Sarkozy, Bernard Kouchner, affirmait que le départ de la génération révolutionnaire du pouvoir en Algérie faciliterait ce que la France appelle une “réconciliation”, mais selon une logique de “l’oubli” et de la soumission à la falsification de l’histoire, à l’image du ministre actuel des Transports, Philippe Tabarot, qui a déclaré, vendredi dernier sur “CNews”, à propos de la possible remise en cause des accords de 1968 avec l’Algérie : “Nous n’avons pas à nous excuser du passé ni du présent.” Pour rappel, ce ministre est le fils du criminel Robert Tabarot, fondateur de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) en 1960 et l’un de ses responsables à Oran.
Face à de telles provocations, commentées par le député de “La France insoumise” Thomas Portes, qui a déclaré que “le colonialisme est pour lui une affaire de famille”, il devient nécessaire d’adopter une loi algérienne criminalisant le colonialisme, afin de contrer le discours de la droite française, qui fait pression par tous les moyens pour imposer un avenir sans passé et, pourquoi pas, réclamer une compensation pour le prétendu “paradis” que leurs bourreaux et généraux auraient laissé.
Les nazis d’hier et d’aujourd’hui
C’est une nouvelle guerre multiforme, issue d’un même laboratoire. Alice Weidel, présidente du groupe parlementaire du parti “Alternative pour l’Allemagne”, un parti d’extrême droite, a osé affirmer qu’Hitler appartenait au parti communiste et non à la droite, une provocation destinée à dissocier son parti de toute idéologie raciste. Elle a été soutenue par le milliardaire Elon Musk, qui a déclaré à ses partisans d’extrême droite : “N’ayez pas honte de votre passé”, comme si le nazisme n’était pas une honte éternelle pour l’humanité. Musk, qui a lui-même soutenu la cheffe de ce parti lors d’une campagne électorale, a minimisé la gravité du passé nazi de l’Allemagne.
Il ne faut donc pas s’étonner que l’extrême droite française défende Boualem Sansal, car il sert ses intérêts idéologiques dans le cadre d’un agenda politique visant à glorifier le colonialisme. C’est lui qui a accusé le Front de libération nationale de comportements “nazis”. Oui, on veut inverser la logique et transformer le bourreau en victime. C’est pour cela que le documentaire historique « Algérie : Sections armes spéciales » de la réalisatrice Claire Billet, qui révèle l’usage par l’armée française d’armes chimiques pendant la guerre d’Algérie, prouvant ainsi ses massacres et crimes de guerre, a été entravé dès sa diffusion afin d’empêcher les députés français de le visionner. Des pressions politiques ont même été exercées pour empêcher sa diffusion sur la chaîne publique “France 5”. Pire encore, la censure s’est étendue à la répression d’opinion : la députée franco-algérienne Sabrina Sebaihi a reçu des menaces de mort pour avoir demandé à son pays de reconnaître “le massacre des manifestations du 11 décembre 1961 à Paris”, au cours desquelles des centaines d’Algériens ont été tués. Elle a confié à Le Courrier de l’Atlas : “Chaque fois que je parle de l’Algérie, je reçois un flot d’insultes”, ajoutant qu’elle avait déjà reçu des menaces de mort lorsqu’elle avait défendu une proposition de loi pour la reconnaissance de ce massacre. L’objectif est clair : discréditer les revendications algériennes sur le dossier de la mémoire.
Même le couscous algérien est devenu pour eux une obsession, après avoir longtemps figuré parmi les plats préférés des Français. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, issue de la droite, est intervenue pour interrompre une campagne publicitaire sur l’alimentation naturelle, en remplaçant le couscous choisi par un cassoulet français, simplement parce qu’il est d’origine algérienne.
De même, l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt et l’ex-ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau ont exprimé leur colère simplement parce que l’Algérie a décidé d’étendre l’enseignement de l’anglais dans ses écoles et universités, dans une ouverture au monde. Mais pour ce courant de droite, c’est perçu comme une “provocation” envers la France — un vestige d’un colonialisme qui considère encore l’Algérie comme une affaire intérieure ou une province d’outre-mer.
Parallèlement, et tout en cherchant à réduire au silence les historiens par la création de listes noires de personnes interdites des médias, l’extrême droite a lancé un nouveau débat pour détourner l’attention du passé colonial, en diffusant de fausses informations sur les prétendues aides françaises au développement destinées à l’Algérie (130 millions d’euros), que le responsable de l’Agence française de développement lui-même a démenties. Elle tente aussi d’imputer la crise migratoire en France à l’accord migratoire de 1968 avec l’Algérie, qu’elle cherche à abroger sous prétexte qu’il coûterait 2 milliards d’euros — un chiffre démenti par le ministre des Affaires étrangères, Noël Barrot. Toutes ces contrevérités, comme l’a reconnu le député d’extrême droite Julien Odoul lui-même, visent un seul objectif : “faire taire les Algériens au sujet du colonialisme”. C’est là le cœur du problème : couvrir la saleté historique commise contre le peuple algérien pendant la colonisation, qu’ils veulent effacer sans reconnaissance, sans excuses et sans réparations.
Votre propre archive parle d’elle-même...
Nicolas Sarkozy, qui a perdu tous ses procès, a fini en prison et dans les poubelles de l’histoire. Pourtant, le courant de droite hostile à l’Algérie en a fait un héros lorsqu’il s’est rendu à la prison de la Santé à Paris, sans la moindre honte, simplement parce qu’il partage avec eux la fuite face à la vérité historique et la prétention que “les descendants ne s’excusent pas pour ce qu’ont fait les ancêtres”.
J’ai entendu Gilbert Collard, avocat et ancien député du parti de Marine Le Pen, déclarer la semaine dernière sur la chaîne de Bolloré “Europe 1”, que la télévision algérienne ferait de la propagande anti-française en montrant un vieil homme abattu dans le dos par la gendarmerie française. Derrière cette feinte ignorance se cache un racisme aveugle, car ces images proviennent des archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) français, et non d’une production algérienne. Oui, ils veulent effacer toutes les vérités et accuser les autres de leurs propres fautes.
Quant aux propos de l’ancienne ministre française Noëlle Lenoir, elle semble ignorer que la guerre est finie et que l’Algérie est indépendante. Elle a décrit les Algériens à la télévision d’extrême droite comme des “terroristes potentiels” en France. Ce n’est pas un simple dérapage, mais bien un projet colonialiste qui refuse de “se purifier” de sa saleté historique.
C’est une raison supplémentaire pour que l’Algérie ne se contente pas d’exiger des excuses officielles pour les 132 années de crimes coloniaux commis contre son peuple, mais qu’elle exige également des excuses de la part des héritiers du colonialisme, car leur faute est double : ils renient les vérités documentées par les historiens sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, tout en cherchant à ressusciter la version coloniale en glorifiant les criminels tels que St Arnaud, Bugeaud, Aussaresses, Bigeard, Le Pen et l’OAS, dont les crimes surpassent ceux du nazisme. Le journaliste français Jean-Michel Aphatie l’a rappelé : “Les nazis ont appris leurs pratiques criminelles des Français.”
Ce courant colonialiste refuse de “se nettoyer” et reste prisonnier de sa “culpabilité”, car les crimes de ses généraux, soldats et colons refusent l’oubli et la prescription. Ils font l’unanimité parmi les historiens, penseurs et intellectuels du monde entier. Frantz Fanon, dans Les Damnés de la Terre, en est un témoin éloquent. Malgré cela, ils continuent de nier la vérité, mus par un objectif que résumait déjà en 1958 le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru : “La révolution algérienne fait partie du combat mondial contre le colonialisme, et son succès signifie l’effondrement de l’empire colonial.”
Ainsi, à l’occasion de la commémoration du 71e anniversaire de la glorieuse Révolution du 1er Novembre, l’Algérie doit rappeler à ceux qui l’oublient, nostalgiques du mirage d’une “Algérie française”, qu’elle n’est ni un héritage colonial, ni une province, ni un domaine réservé, et que toute relation avec elle ne peut exister que dans le respect de sa souveraineté, de son peuple et de ses lois.
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