L’hôte de l’Algérie, Massad Boulos, conseiller de Donald Trump pour les affaires arabes et africaines, a publié une vidéo louant sa visite. Nous savons pertinemment que cette vidéo s’inscrit dans une logique de communication diplomatique numérique. Mais si la visite n’avait pas été un succès, cette vidéo n’aurait pas vu le jour.
Dans ce contexte, je souhaite me concentrer sur deux idées, selon ma compréhension : L’Algérie est ouverte au président Trump et n’a pas de problème avec le courant conservateur d’extrême droite.
Commençons par la première idée ; nous savons tous que le président Trump est une personnalité narcissique qui fait ce qu’il dit, qu’il ait raison ou tort. Il a été élu de manière transparente et légitime, ce qui lui donne la liberté de décision.
Dans le cas de l’Algérie, notre pays entretient des relations historiques et particulières avec les États-Unis, remontant à près de trois siècles. Pourquoi les compromettre aujourd’hui ? Mais que veut Trump de l’Algérie ? Trump veut beaucoup de choses ; il veut, notamment, le Prix Nobel de la Paix, et il souhaite que l’Algérie résolve son différend avec le Maroc, dans une mesure qui pourrait l’aider à clore le dossier du Sahara occidental. Cela renforcerait sa candidature au Nobel. Trump tente d’éteindre la guerre en Ukraine, d’arrêter la guerre à Gaza, de calmer le conflit au Soudan, et même de résoudre la crise entre les deux Corées, etc. Est-il capable d’arrêter ces guerres ? Cela ne dépend que de lui.
En ce qui concerne l’Algérie, elle a peut-être obtenu un aperçu de la vision que Trump adopterait, dans un éventuel second mandat, pour résoudre le conflit traditionnel entre Alger et Rabat. Nous en saurons davantage dans les semaines ou mois à venir.
Trump veut aussi des contrats énergétiques. L’actuel président américain est farouchement opposé aux énergies propres et à l’électricité verte. Or, Trump pourrait revenir à la Maison Blanche pour quatre ans, ou un peu moins. Nous avons lu qu’ExxonMobil et Chevron, deux géants américains du pétrole, sont intéressés par un retour sur le marché algérien. Ces deux entreprises jouent un rôle très influent dans les cercles de décision aux États-Unis.
Trump cherche donc à obtenir des projets dans le pétrole, le gaz naturel et le gaz de schiste. À ce propos, il faut mentionner la nouvelle loi modifiée sur les mines. Il est clair que cette réforme s’inscrit dans le contexte géopolitique mondial et dans les efforts incessants de Trump pour décrocher des contrats sur les métaux précieux, que ce soit avec l’Ukraine, la Chine ou l’Indonésie. Il conviendra ici d’examiner attentivement le contenu de ces contrats avec les États-Unis, dans le cas algérien, car ils concernent les intérêts de l’Algérie et des générations futures, et non les ambitions d’un président américain.
Deuxième idée : Dans la visite du conseiller de Trump en Algérie, le message est clair : L’Algérie n’a aucun problème à traiter avec les conservateurs radicaux, c’est-à-dire avec l’extrême droite, tant que ce courant a accédé au pouvoir démocratiquement, parle au nom de son État et ne nuit ni à l’Algérie ni à ses intérêts.
Ce qui nous ramène au conflit actuel avec la France, qui est causé par un seul ministre d’extrême droite à la tête du ministère de l’Intérieur, et non par l’ensemble de l’État français. Clarifions cela sereinement. Giorgia Meloni est Présidente du Conseil des ministres d'Italie. Elle est arrivée au pouvoir par un discours d’extrême droite, et son gouvernement est considéré comme le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, pourquoi les relations entre Rome et Alger sont-elles au plus haut niveau ? Réponse : parce que Rome défend les intérêts de son peuple sans nuire à l’Algérie.
Pourquoi Trump, qui représente l’extrême droite américaine, a-t-il envoyé son conseiller principal en Algérie ? Parce qu’il cherche l’intérêt de l’Amérique d’abord, et si cet intérêt passe par l’Algérie, il le défendra.
Pourquoi alors certains essaient-ils de faire croire que le différend algéro-français est un conflit idéologique avec l’extrême droite, et non un désaccord avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui ambitionne de succéder à Macron à l’Élysée en 2028 ?
Réponse : la relation avec la France est complexe et différente de celle entretenue avec d'autres pays. Mais il est évident que ce ministre cherche à utiliser les attaques contre les ressortissants algériens et contre l’État algérien comme carburant pour sa campagne électorale anticipée.
Mais la France se rend-elle compte que ses propres intérêts sont mis en péril à chaque fois qu’un ministre ou un autre agit au nom de l’État contre ses propres intérêts et ceux de son peuple ?
La réponse se trouve à Paris, bien sûr.
Pour finir sur la visite du conseiller de Trump en Algérie : Nous avons devant nous environ quatre années durant lesquelles Trump pourrait diriger non seulement les États-Unis, mais le monde entier. Il est crucial de ne lui donner ni motif ni prétexte pour attaquer ou affaiblir l’Algérie.
Quant à la France, peut-être faudra-t-il attendre un prochain remaniement ministériel ou les prochaines élections…
Tout en gardant à l’esprit que Trump n’aime pas Macron et ne fait pas confiance à Poutine.
La question reste donc ouverte : l’Algérie réussira-t-elle à bien ajuster sa boussole diplomatique entre Washington, Paris et Moscou ?
C’est ce que nous espérons.
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