Nation

Première visite officielle française depuis la “rupture” diplomatique

La secrétaire générale du ministère français des Affaires étrangères à Alger à la tête d’une importante délégation

  • 117
  • 2:30 Min

La secrétaire générale du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Marie Descôtes, est arrivée jeudi en Algérie, accompagnée d’une importante délégation diplomatique, pour rencontrer son homologue algérien Lounès Magramane. Il s’agit de la première visite officielle d’un responsable français depuis la « rupture des visites » qui dure depuis avril dernier, une situation qui a suscité de nombreuses analyses.

La France a dépêché sa numéro deux de la diplomatie pour une « visite de travail visant à examiner les moyens de relancer la coopération entre les deux pays », selon le porte-parole du Quai d’Orsay. Ce dernier n’a pas donné plus de détails sur le contenu de la visite, si ce n’est qu’elle porte sur la reprise de la coopération en matière migratoire, sécuritaire et économique.

Dans ce contexte, le journal Le Monde a indiqué que cette démarche vise à « redonner vie aux relations bilatérales », en particulier dans les domaines du travail consulaire, de la réaccréditation des employés consulaires dont les dossiers sont en attente, ainsi que la mise en place d’un agenda de suivi des dossiers en suspens, parmi lesquels le retour des ambassadeurs, les visites attendues du ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, et les dossiers des Algériens visés par des obligations de quitter le territoire français.

La visite intervient peu après la libération de Sansal, dont Paris avait voulu faire un élément central de la crise avec l’Algérie, sous la pression de l’extrême droite. Sa libération a été perçue par certains comme un signe d’apaisement. Cependant, le ministère algérien des Affaires étrangères sépare clairement les deux dossiers, estimant que les relations entre les deux pays sont plus importantes « qu’une seule personne, à qui il ne faut pas accorder plus d’importance qu’elle ne le mérite », selon les propos du ministre Ahmed Attaf.

D’après les déclarations d’Attaf lors d’une conférence de presse mardi dernier, la visite n’a aucun lien avec la décision de grâce présidentielle dont a bénéficié Sansal, ni dans son timing, ni dans son contenu, ni dans sa portée symbolique.

Bien que plusieurs signaux récents laissent penser à un retour progressif du dialogue entre El Mouradia et l’Élysée, comme l’ont reconnu des responsables des deux côtés, la situation demeure floue et la crise reste entière, avec ses nombreux dossiers : l’emprisonnement d’un diplomate algérien en France l’an dernier, à la suite d’une plainte déposée par un ressortissant algérien nommé Amir Boukhors, le retrait des ambassadeurs, l’expulsion de diplomates, la coopération judiciaire et d’autres dossiers pendants.

Cette visite traduit un fort intérêt français pour une normalisation des relations entre les deux pays.

On note également l’émergence d’une nouvelle approche dans la gestion de la crise depuis le départ de l’ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, caractérisée par davantage de discrétion et de retenue médiatique. Cela s’illustre notamment par la rencontre entre le président Emmanuel Macron et l’écrivain Sansal à l’Élysée, réalisée sans mise en scène médiatique, un fait rare dans la vie politique française où les responsables ont l’habitude d’associer la presse à leurs activités.