Nation

Renseignements: les canaux restent ouverts malgré la crise

La nature des termes utilisés par Lerner reflète que la crise diplomatique et politique profonde qui affecte les relations entre l’Algérie et la France n’a pas atteint le stade de la « rupture des relations de renseignement »

  • 52
  • 2:49 Min

Le directeur du renseignement extérieur français, Nicolas Lerner, a déclaré que les canaux avec les services de renseignement algériens sont "ouverts", indiquant qu’il entretient "des relations et des échanges avec ses homologues algériens", ce qui est "très important, dans le contexte particulier que connaissent les relations entre les deux pays", en référence à la crise "sans précédent" qui dure depuis près d’un an et qui a conduit à l’expulsion de diplomates des deux côtés.

En réponse à une question lors d’un entretien avec la chaîne LCI, mardi dernier, sur la question de savoir si cet échange couvre la question du terrorisme et de l’extrémisme violent, Lerner a affirmé que les canaux entre les services de renseignement des deux pays restent ouverts, même en cas de détérioration ou de blocage profond.

Concernant l’Algérie, le responsable sécuritaire a déclaré qu' "Il y a un échange d’informations et une coordination sécuritaire concernant les menaces qui visent nos deux pays, et nous veillons à ce que cette coopération se poursuive."

L’entretien n’a pas abordé le fond de la crise entre l’Algérie et Paris, ni ses répercussions sur les différents plans, notamment sécuritaire, migratoire, de collecte d’informations, d’anticipation des événements, du processus de crise et de ses solutions. Cependant, la nature des termes utilisés par le responsable du renseignement extérieur français à propos des relations sécuritaires avec l’Algérie reflète que la crise diplomatique et politique profonde entre les deux pays n’a pas atteint le stade de "rupture du renseignement".

Les déclarations de Lerner montrent également, de manière indirecte, que la position de l’Algérie dans l’équation sécuritaire ne peut être négligée ni ignorée, que ce soit sur le plan opérationnel ou informatif.

En poursuivant l’entretien, il apparaît que les services français ne se gênent pas d’admettre que leur activité de renseignement inclut essentiellement la surveillance et le ciblage des individus à tous les niveaux, dans le but de les pousser à trahir leur pays ou leurs institutions au profit de la France, selon le principe que "tout est infiltrable". Cela indique que cette activité est amorale dans ses pratiques et considère que toute personne rencontrée est un traître potentiel, susceptible d’être manipulée à trahir son pays, même à son insu.

Dans le même contexte, les services de renseignement extérieurs français considèrent les assassinats ciblés en territoire étranger, au nom de la sécurité nationale (un terme générique), comme "légalement consacrés".

Il ressort également de l’entretien que le renseignement extérieur français, qui emploie directement 7 000 agents, selon le responsable, en plus des collaborateurs indirects, accorde une attention particulière au "profilage" du président russe Vladimir Poutine, de son entourage idéologique, de ses comportements et de ses discours, afin d’étudier et anticiper les décisions qu’il pourrait prendre et ses réactions face aux événements.

Le responsable du renseignement français a évoqué l’existence d’hypothèses et de possibilités d’une intervention russe dans les affaires françaises, indiquant que les informations dont ils disposent confirment que le Kremlin développe des outils et des stratégies dans les domaines du renseignement, du cyberespace et du champ politique. Il a reconnu la difficulté, voire l’impossibilité, d’infiltrer les systèmes fermés comme la Russie, la Corée du Nord et d’autres régimes similaires, selon ses termes.

Lerner a également profité de son intervention pour attirer les jeunes ou ceux qui souhaitent s’engager dans ces missions, en particulier ceux qui trouvent dans ce type d’activités un attrait spécifique, notamment les jeunes diplômés des universités.