Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a fondé la nouvelle composition du gouvernement sur des compétences indépendantes et non affiliées à des partis politiques, confiant à ces profils technocratiques la gestion des différents ministères. Il s'agit ainsi de miser sur la compétence technique pour aborder les dossiers complexes de la prochaine étape, qui s’annonce pleine de défis structurels, économiques et sociaux.
Il apparaît clairement, à travers le choix des nouveaux ministres, que le président Tebboune a recherché avant tout l'efficacité et l'expérience de terrain, au-delà des appartenances partisanes. La majorité des membres du gouvernement sont des cadres ayant gravi les échelons dans leurs secteurs respectifs, ce qui leur confère une maîtrise approfondie des réalités du terrain et une capacité à suivre les dossiers dans le détail — là où d'autres, plus éloignés du quotidien administratif, pourraient échouer.
Parmi les exemples emblématiques de cette orientation, on peut citer la nomination de Mourad Adjal au ministère de l’Énergie, après un parcours progressif au sein du groupe Sonelgaz, dont il a dirigé plusieurs filiales. Son profil semble correspondre aux exigences du gouvernement, notamment en matière de transition énergétique, de développement des énergies renouvelables, en tête desquelles figurent le solaire, l’hydrogène vert, et l’utilisation stratégique du gaz naturel comme énergie de transition.
Le même principe a été appliqué au choix du nouveau ministre de la Santé, le professeur Mohamed Sedik Aït Messaoudene, issu du secteur lui-même, ou encore à la ministre du Commerce intérieur et de la régulation du marché, Amel Abdelatif, qui occupait récemment le poste de directrice générale des impôts.
Ce choix tranche avec les pratiques précédentes, où les portefeuilles ministériels étaient souvent répartis entre responsables de partis politiques. Il s’agit d’un changement d’approche notable, rompu avec les anciennes formules gouvernementales qui mêlaient figures partisanes et enjeux d’équilibre politique.
Ce tournant traduit la volonté du président Tebboune de renforcer l’idée que la prochaine étape exige une gouvernance technique, fondée sur l’expertise, la spécialisation et l’analyse rigoureuse des parcours professionnels — pour mettre les bonnes personnes aux bons postes. Cette approche est cohérente avec la vision présidentielle portée depuis le début du mandat, visant à consolider l’image d’un État structuré, fondé sur les institutions, et non sur le partage des postes selon des quotas partisans, souvent au détriment de la compétence.
Cependant, cette orientation impose à l’exécutif une obligation de résultats : il ne sera désormais plus possible de justifier les échecs par des équilibres politiques fragiles ou des compromis partisans. L’unique critère d’évaluation sera la capacité des ministres à mettre en œuvre le programme présidentiel et à concrétiser des réformes tangibles, en particulier dans les domaines économique et social, très sensibles.
L’absence de représentants des partis politiques dans la nouvelle équipe gouvernementale soulève toutefois des interrogations sur l’avenir du rôle des partis dans la gouvernance du pays. Leur contribution se limitera-t-elle désormais au travail législatif au sein du Parlement ? Alors que leur participation au gouvernement leur offrait auparavant un poids politique direct, leur éloignement actuel du pouvoir exécutif interroge sur leur capacité à former et proposer des élites compétentes.
Selon plusieurs observateurs, cette situation pourrait contraindre les partis à se repositionner, soit en renforçant leur rôle de contrôle parlementaire, soit en se rapprochant davantage de la société civile et du terrain pour compenser leur absence du gouvernement. Toutefois, une exclusion prolongée pourrait affaiblir encore davantage ces formations, déjà confrontées à une crise de légitimité et de représentativité. À l’inverse, cela pourrait ouvrir la voie à l’émergence de nouvelles forces politiques ou de mouvements citoyens capables de proposer une alternative crédible sur l’échiquier national.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.