Société

Crise au sein de l'Ordre des avocats de Sidi Bel Abbès

Des suspensions dans les rangs des avocats provoquent une onde de choc au sein de l’organisation.

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L’Organisation des avocats de la région de Sidi Bel Abbès traverse, ces derniers temps, une série de secousses qui ont perturbé son bon fonctionnement et le climat de sérénité qui la caractérisait depuis des années. À l’origine de cette agitation : la décision du bâtonnier régional, Me Sadreddine, de suspendre un groupe d’avocats de l’exercice de leurs fonctions pour divers motifs, et ce, après qu’un certain nombre d’entre eux ont déposé une plainte auprès de la justice dénonçant de graves dépassements dans la gestion de l’organisation, ainsi que d'autres accusations jugées sérieuses.

Les avocats concernés, ainsi que plusieurs de leurs soutiens, ont récemment publié un communiqué dans lequel ils considèrent la décision prise à leur encontre comme une « violation flagrante du droit à la défense garanti par la Constitution et les conventions internationales ». Ils y voient également une « mesure de représailles » contre ceux qu’ils qualifient de lanceurs d’alerte contre la corruption, surtout que cette décision, selon eux, a été prise juste après la convocation du bâtonnier par le juge d’instruction pour l'entendre dans des affaires portant sur des irrégularités juridiques et une gestion qualifiée de chaotique.

Le communiqué évoque également des accusations graves telles que l’existence d’importants manquements financiers et l’absence totale de transparence dans la gestion budgétaire, sans oublier l’absence d’un procès-verbal de passation de pouvoirs entre les deux bâtonniers.

Les neuf avocats signataires de la pétition affirment avoir constaté un certain nombre d’éléments suspects, ce qui les a poussés à opter pour la voie judiciaire après l’échec de toutes les tentatives de règlement à l’amiable. Ils ajoutent qu’ils ont été empêchés d’accéder aux documents comptables de l’organisation malgré l’intervention d’un huissier de justice. Cette situation les a amenés à saisir la justice administrative, qui a ordonné la désignation de deux experts en comptabilité. Les expertises ont conclu à l’existence de lacunes financières considérables et à l’absence totale de transparence dans la gestion des finances. Les avocats ont affirmé que le recours à la justice était devenu le seul recours possible, d’autant plus qu’ils ont aussi constaté l’inaction du président de l’Union des barreaux, censé exercer un contrôle sur les fonds de timbre, comme le prévoit la loi.

De son côté, le bâtonnier Sadreddine, contacté par le journal El Khabar, a qualifié le contenu de ce communiqué de « tentative manifeste d’influencer le cours de la justice » dans les affaires soulevées par les plaignants. Il a précisé que la mesure disciplinaire ne concerne que trois avocats parmi les neuf signataires, pour des raisons purement professionnelles, en plus d’un quatrième avocat sanctionné pour d’autres éléments également liés à la profession d’avocat.

Le bâtonnier a exprimé son étonnement quant au timing choisi pour publier un tel communiqué, alors que les élections de l’Ordre régional des avocats viennent à peine de se terminer dans des conditions qu’il qualifie de transparentes et équitables. Il a ajouté que les quatre avocats sanctionnés le sont depuis plus de trois mois, et que ce qui est encore plus étonnant est la présence de leurs noms parmi ceux qui ont validé les rapports financiers et moraux lors des précédentes mandatures, celles-là mêmes qu’ils critiquent aujourd’hui.

Il a également insisté sur le fait que le Conseil de l’Ordre ne restera pas les bras croisés face à de tels agissements, et a annoncé qu’une réunion serait bientôt tenue pour examiner les démarches juridiques à entreprendre afin de déposer une plainte contre les intéressés. Il a enfin fait remarquer que certains des avocats signataires avaient participé aux dernières élections et que l’un d’eux figure même parmi les élus, ce qui selon lui, prouve qu’aucune motivation cachée ne se cache derrière les mesures disciplinaires, si ce n’est des fautes professionnelles avérées.