Société

La guerre de la drogue frappe à la porte maritime de l’Algérie

Les opérations de terrain menées par les services de sécurité algériens ont révélé que le radar de surveillance français souffre d’une « cécité chronique » au niveau de l’une des principales portes maritimes européennes : le port de Marseille.

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Au début du mois de janvier 2024, l'Union européenne a lancé une "Alliance des ports européens" visant à coordonner les mesures de sécurité entre les États membres contre le trafic de drogue et pour lutter contre l'infiltration des réseaux criminels dans ces installations. À cette occasion, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait insisté sur l'importance de rehausser le niveau de sécurité et d'intensifier les contrôles dans tous les ports de l'Union européenne.

Près d’un an après le lancement de cette alliance, il apparaît que la partie française est celle qui a le plus échoué dans cette mission, notamment dans la gestion des liaisons maritimes avec les ports algériens. En attendant de confirmer les véritables raisons derrière ce développement inquiétant, les opérations de terrain menées par les différents services de sécurité algériens ont révélé que le radar de surveillance français semble atteint de cécité chronique au niveau de l’un des ports les plus stratégiques de la Méditerranée, à savoir, le port de Marseille.

D’après les opérations menées sur le terrain, ce port est devenu un repaire pour les réseaux de criminalité internationale, qui ont redirigé leur activité vers la rive sud, visant au fil des mois les forces vives de l’Algérie. Il apparaît désormais que l’Algérie ne subit plus uniquement une guerre de drogue par voies terrestres (Maroc, Mali, Libye), mais qu’une nouvelle ligne de front maritime s’est ouverte à partir du port de Marseille, par lequel ont été acheminées d’énormes quantités de drogues, de psychotropes, de voitures volées et de marchandises de contrebande, ainsi que d'autres produits illicites.

Lors d'une nouvelle opération, une grande quantité de drogue dure a échappé aux douanes, à la police et à l'administration du port de Marseille, avant d’être interceptée par les services de lutte contre la criminalité organisée de la police d’Oran, qui ont réussi il y a deux jours à déjouer une tentative d’introduction de plus de 306 960 comprimés d’ecstasy (soit 1 quintal et 25 kg), cachés avec soin dans un véhicule en provenance du port de Marseille.

Cette opération de qualité fait suite à un travail de renseignement intensif et des enquêtes minutieuses sur le terrain, qui ont permis aux enquêteurs de détecter l’activité d’un réseau criminel international. Le réseau, ayant librement circulé dans les couloirs du port français, agit entre le Maroc et l’Europe, et avait prévu d’introduire une grande cargaison de ce dangereux stupéfiant pour distribution dans les quartiers populaires algériens.

Selon la police, la cargaison avait été acheminée dans un véhicule suspect, qui avait emprunté le terminal français, et a été interceptée dès son arrivée en Algérie. Le conducteur était en route pour livrer la marchandise à un complice dans un quartier d’Alger, après l’avoir dissimulée dans plusieurs compartiments secrets du véhicule.

Cette opération s’ajoute à de graves affaires similaires impliquant ce port français comme point de départ d’activités criminelles vers l’Algérie, soulevant de nombreuses inquiétudes quant à sa transformation en source de menace pour la sécurité nationale. Ce constat est renforcé par la répétition d’arrestations de réseaux organisés transfrontaliers, qu’ils soient terroristes ou trafiquants de drogue, utilisant cette infrastructure française pour atteindre le territoire algérien.

La dernière affaire remonte à fin mai dernier, lorsqu’une opération d’envergure a permis de démanteler un trafic de véhicules volés et falsifiés vers l’Algérie, avec la complicité de hauts responsables du port de Marseille – une affaire aujourd’hui traitée par la justice française.

Parmi les opérations les plus marquantes figurent également Celle menée il y a cinq semaines par la police de Mostaganem, qui a saisi plus de 1,6 million de comprimés d’ecstasy d’une valeur supérieure à 400 milliards de centimes, une cargaison qualifiée de plus importante jamais saisie en Afrique.

En novembre 2024, les douanes algériennes ont saisi plus de 56.000 comprimés psychotropes dans une voiture de tourisme d’un passager en provenance du même port.

L’une des affaires les plus graves fut révélée par le parquet de Sidi M’hamed à l’été 2024, au sujet d’une affaire pénale liée à la saisie d’armes et de munitions au port de Béjaïa, introduites sur le territoire national par un membre du mouvement terroriste MAK. La saisie comprenait 21 armes (11 fusils calibre 16 mm, 7 pistolets automatiques de divers calibres, 3 armes calibre 12 mm), des milliers de munitions, des armes blanches et des chargeurs.