Culture

Amar Ezzahi, la légende dans un livre

Cet ouvrage constitue une enquête approfondie et représente une référence incontournable pour quiconque souhaite mieux comprendre le parcours artistique et humain de celui que le peuple appelait affectueusement « Amimar ».

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Publié récemment par les éditions El Qobia, le livre du journaliste Saâd Saïd intitulé « Amar Ezzahi, une légende de renouveau de la chanson chaâbie » plonge dans la vie et la carrière de l’un des piliers les plus aimés de ce genre musical populaire algérien. Loin des projecteurs, « Amar Ezzahi,  a su marquer de manière indélébile le cœur du public. Cet ouvrage met en lumière une figure à la fois mythique et énigmatique de la scène chaâbie.

Composé de 120 pages, ce travail d’investigation se présente comme une biographie approfondie qui servira de référence à quiconque souhaite mieux comprendre le parcours artistique et humain de celui que les Algériens surnommaient affectueusement « Amimar ». Le livre s’articule autour de deux axes principaux : l’homme derrière l’artiste et l’impact musical de ses œuvres sur le patrimoine algérien.

L’auteur confie que c’est dans un café de Bab El Oued qu’un groupe d’amis lui a pour la première fois proposé de rédiger la biographie d’Amar Ezzahi. Pris de court, il a d’abord exprimé ses doutes : « Ce n’était pas un refus, mais le défi semblait immense. Je ne connaissais ni de près ni de loin cet homme… Que pouvait dire un journaliste économique sur un chanteur professionnel ? Deux mondes différents. » Ce qui l’a finalement convaincu, dit-il, c’est la grandeur du personnage et l’enthousiasme de ses amis mélomanes.

L’auteur s’appuie sur une enquête rigoureuse fondée sur les témoignages de proches, d’amis d’enfance et de musiciens contemporains. Dès les premières pages, il insiste sur l’importance de la rigueur dans la transmission des faits, tout en livrant un riche tissu de récits, anecdotes et souvenirs. Certains témoignages se révèlent si précis, vivants et sincères qu’ils donnent au lecteur le sentiment d’une véritable proximité avec l’artiste.

De son enfance modeste à ses premières visites au mythique Café Haouchine, le livre esquisse le portrait d’un jeune passionné de musique, curieux et avide d’apprendre. Il se forme auprès de grands noms du chaâbi, comme Cheikh Lahlou, Kaddour Bachtobdji, Cheikh Kabaïli, puis plus tard Mahboub Bati. Mais Amar Ezzahi empruntera sa propre voie, renouvelant en profondeur l’expression du chaâbi. « Il n’était pas qu’un simple chanteur. Il a littéralement recréé une manière d’interpréter ce style musical », écrit Saïd Saâd.

Le chaâbi connaîtra sous l’impulsion d’Ezaahi une certaine révolution marquée par l’improvisation et la liberté d’interprétation. Au début de sa carrière, dans les années 1960, Ezzahi reprend les mêmes modes et textes que Boudjemâa El Ankis, qu’il admirait profondément, avant de s’en affranchir pour forger un style personnel sans jamais trahir l’âme du genre.

Le livre propose ainsi une double lecture : Amar Ezzahi, l’artiste et Amar Ezzahi, l’homme. L’auteur privilégie cette seconde dimension, livrant une foule de détails sur sa vie quotidienne. « Dans toute biographie, explique Saïd Saâd, l’auteur doit transmettre un maximum de détails. Les fans veulent toujours savoir comment il vivait, ce qu’il mangeait, où il allait, ses habitudes, ses relations de voisinage, etc. »

Dans la seconde partie, Saâd explore la personnalité discrète d’un homme fuyant la notoriété. Très peu médiatisé, Amar Ezzahi n’accordera qu’un seul entretien connu, réalisé en 1987 par l’Agence de presse algérienne. Il mènera une vie simple, dans l’ombre, refusant honneurs et décorations, et cela jusqu’à sa disparition le 30 novembre 2016.