Une figure emblématique de la télévision et du cinéma algériens, l’artiste Bayah Bouzar, connue sous le nom de scène « Beyouna ». Plus qu’un simple visage comique, était l’un des symboles de l’art algérien authentique, inoubliable pour plusieurs générations.
Née le 13 septembre 1952 dans le quartier de Belouizdad à Alger, Beyouna s’est intéressée très tôt au monde artistique. Elle a débuté sa carrière comme chanteuse de mélodies populaires et du patrimoine musical d’Alger, telles que le Malouf, lors de mariages et de fêtes, se faisant remarquer par sa présence et son talent. Mais le véritable tournant de sa carrière est survenu en 1973, lorsqu’elle a participé au film La Grande Maison du réalisateur Mustapha Badia.
Cette expérience a été le déclic qui a transformé sa passion pour le jeu d’acteur en véritable vocation. Beyouna n’était pas une actrice ordinaire : elle était un phénomène unique. Elle a marqué les années 1970 avec des films importants comme Leïla et les autres (1977), affirmant son sérieux et son talent cinématographique. Cependant, c’est dans les rôles comiques qu’elle a brillé, devenant la première star de la télévision algérienne et un gage de succès pour chaque projet auquel elle participait.
Elle a signé des œuvres immortelles pour le théâtre et la télévision. La série Nas Mlah City de Djaafar Kassem, diffusée entre 2002 et 2005, a marqué un tournant dans sa carrière, rencontrant un immense succès en Algérie et dans le Maghreb. Elle a également participé à des productions tunisiennes comme Nesibti Al-Aziza et Le Millionaire, ainsi qu’à des œuvres algériennes récentes telles que Akhou El Banat et Maïcha Fel Good. Beyouna a dépassé les frontières locales, apparaissant dans des films internationaux, notamment Délices Paloma (2007) de Nadir Moknache, où elle interprétait le rôle principal de Madame Algeria, figure emblématique de la mafia.
En parallèle du cinéma et de la télévision, elle s’est engagée dans le théâtre à partir de 2007, jouant le rôle de chef de chœur dans Électre de Sophocle, aux côtés de Jane Birkin, mise en scène par Philippe Calvario. En 2009, elle a interprété le rôle principal dans la pièce La Célestine au théâtre Vingtième. En 2011, le scénariste et réalisateur Radu Mihailino l’a choisie pour incarner une femme « en grève d’amour » dans son drame comique La Source des Femmes, rôle qui lui a permis de briller aux côtés de Leïla Bakhti. Le film a été sélectionné pour plusieurs prix au Festival de Cannes, dont la Palme d’or et le Prix du Jury.
Elle a également joué dans Belleville Cop et Viva l’Algérie, tout en poursuivant sa passion pour la musique. En 2001, elle a sorti l’album Rad Zone comprenant dix chansons, puis "blonde dans la Casbah" en 2006, où elle rend hommage aux grandes figures de la chanson algérienne. Son dernier travail fut la série comique à succès Dar Lfchouch diffusée lors du Ramadan 2023, démontrant qu’elle était encore capable de faire rire et de séduire son public.
Durant plus de cinq décennies de carrière, Beyouna a fait preuve d’un courage rare face à la maladie, luttant contre le cancer depuis 2016. Après un long combat, elle s’éteint à 73 ans, laissant derrière elle un immense héritage artistique et le souvenir d’un rire inoubliable pour tous ceux qui ont aimé son art.
Beyouna n’était pas seulement une artiste, mais une école de comédie engagée, une artiste complète qui a maîtrisé le chant, le théâtre, la télévision et le cinéma. Bayah Bouzar s’en est allée, mais « Biyouna » restera vivante dans nos cœurs, rappelant que l’art véritable ne meurt jamais avec son créateur, mais continue de briller pour les générations à venir.
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