Economie

L’Algérie poursuit sa politique de réduction de la dette extérieure

La dette extérieure de l’Algérie enregistre une baisse continue depuis six ans

  • 135
  • 3:38 Min

Les dernières données publiées par la Banque d’Algérie indiquent une tendance à la baisse continue de la dette extérieure totale de l’Algérie au cours des six dernières années, passant de 3,832 milliards de dollars en 2019 à 2,870 milliards de dollars à la fin de l’année 2024.

Cette baisse reflète une politique budgétaire prudente et une gestion anticipative de la dette par les autorités, avec un accent mis sur la réduction de la dépendance au financement extérieur, notamment à long terme.

Concernant les principales tendances de la dette, on note une baisse notable et continue de la dette à long terme, qui est passée de 1,568 milliard de dollars en 2019 à 1,114 milliard de dollars en 2024. Quant à la dette à court terme, elle s’établit à 1,756 milliard de dollars en 2024 contre 2,264 milliards de dollars en 2019. Ainsi, la dette extérieure totale est passée de 3,832 milliards de dollars à 2,870 milliards de dollars sur la même période. À noter que les données pour 2024 sont provisoires.

Une lecture détaillée de la structure de la dette révèle que les crédits ou prêts multilatéraux (provenant d’institutions telles que le FMI ou la Banque mondiale) constituent la composante principale de la dette à long terme, ayant diminué de 1,009 milliard de dollars en 2019 à 0,718 milliard de dollars en 2024, ce qui témoigne d’efforts de remboursement ou d’un moindre recours à ce type de financement.

Les crédits ou prêts bilatéraux (prêts directs d’autres gouvernements) ont également connu une forte baisse, passant de 0,385 milliard de dollars en 2019 à 0,130 milliard de dollars en 2024, reflétant une diminution des emprunts intergouvernementaux directs.

En revanche, le soutien des maisons mères à leurs filiales en Algérie est le seul poste de la dette à long terme ayant enregistré une légère augmentation, passant de 0,130 milliard de dollars à 0,254 milliard de dollars, ce qui pourrait indiquer une poursuite de l’investissement direct étranger financé par les sociétés mères.

Il est à noter que la rubrique « émissions obligataires » est totalement absente durant toute la période, ce qui confirme que l’Algérie n’a pas eu recours aux marchés internationaux de la dette pour financer son déficit budgétaire.

Quant à la dette à court terme, elle constitue la part la plus importante de la dette extérieure totale, représentant environ 61,2 % du total en 2024.

Bien qu’elle ait connu une hausse en 2022 et 2023, cette dette est redescendue à 1,756 milliard de dollars en 2024. Elle reflète principalement les dettes commerciales liées aux importations (crédits ou prêts fournisseurs) ainsi que d'autres engagements financiers à court terme.

Concernant la structure relative, la composition de la dette connaît une transformation notable, avec une part de la dette à long terme passant de 40,9 % en 2019 à 38,8 % en 2024, tandis que la dette à court terme maintient sa domination, représentant plus de 60 % des engagements extérieurs totaux.

De même, la part des crédits multilatéraux est passée de 26,3 % à 25,0 %, et celle des crédits bilatéraux a fortement chuté de 10,1 % à seulement 4,5 %, ce qui confirme l’évolution de la structure de la dette.

L’analyse de ces données met en lumière une politique financière conservatrice, confirmant l’approche prudente de l’Algérie en matière de gestion de la dette extérieure, avec pour objectif sa réduction progressive tout en évitant les engagements à long terme coûteux ou assortis de conditions strictes.

Le non-recours aux émissions obligataires internationales constitue un choix stratégique qui préserve la souveraineté de la décision financière et épargne au pays les aléas des marchés financiers mondiaux ainsi que la hausse des taux d’intérêt.

Cependant, la prédominance des dettes à court terme peut poser des risques en matière de gestion de la liquidité à court terme et nécessite une surveillance attentive.

Enfin, le faible niveau de la dette totale offre au gouvernement une large marge de manœuvre pour faire face à d’éventuels chocs économiques futurs.

Les statistiques de la Banque d’Algérie dressent un tableau positif de la gestion de la dette extérieure, reflétant une volonté forte de renforcer la souveraineté financière et de réduire la dépendance vis-à-vis des créanciers étrangers.
Cependant, le défi demeure dans la gestion de la structure de la dette, afin d’atteindre un équilibre optimal entre les échéances à long terme et à court terme, garantissant ainsi une stabilité financière durable.