Un article publié récemment sur la plateforme italienne Italpress, peu connue et accusée de véhiculer la version marocaine, a suscité un tollé. Il y est question de l’arrivée supposée de 3.000 combattants Touaregs transférés vers Tripoli pour soutenir l’une des parties au conflit politique libyen. Cette information, jugée infondée et non étayée par des sources vérifiées, a immédiatement provoqué la réaction des représentants Touaregs en Libye ainsi que de l’Amenokal du Tassili N’Ajjer en Algérie, qui ont démenti et dénoncé dans des communiqués ce genre de rapports.
Le rapport, publié sur le site "Italpress" par une personne se présentant comme conseiller au sein de la fondation italienne Med-Or, sans mentionner de données concrètes ni de sources vérifiées pourtant indispensables sur des questions d’une telle gravité, a révélé, selon les auteurs des communiqués de protestation, des intentions et des tentatives « désespérées " d’impliquer les Touaregs dans le conflit, ce que des observateurs considèrent comme une tentative de modifier la nature du conflit et de l’attiser en suscitant des tensions ethniques.
Le Conseil Supérieur des Touaregs de Libye a estimé, dans un communiqué consulté par "El Khabar", que ce rapport véhiculait " un discours trompeur empreint de propos diffamatoires, de dénigrement, d’incitation à la haine à l’encontre d’une composante authentique de la société libyenne, dont les enfants œuvrent aux côtés de leurs frères des autres composantes dans toutes les institutions sécuritaires et militaires de l’État libyen.
En évoquant des « sources douteuses » qui s’efforcent de créer une fracture dans le tissu social libyen et d’attiser la discorde et la haine entre ses enfants, alors que « nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de privilégier la raison et le dialogue pour bâtir une véritable réconciliation nationale », le Conseil laisse entendre que la manœuvre est si manifeste qu’elle en devient risible et consacre l’absurdité.
Néanmoins, le Conseil tribal a appelé « les autorités compétentes de l’État libyen à mener une enquête transparente pour connaître les circonstances de ce rapport et identifier qui se cache derrière, tout en « demandant aux autorités italiennes de faire pression sur cet organisme pour le retirer et présenter des excuses officielles au peuple libyen en général et à la composante touarègue en particulier ».
Les Touaregs ont également exhorté la Mission d’appui des Nations Unies en Libye à « prendre une position claire à l’égard de ce discours médiatique qui incite à la haine et menace la paix sociale », soulignant qu’ils « ne resteraient pas les bras croisés face à toute atteinte visant leur pays et leurs enfants ».
En analysant les dessous du rapport et ses non-dits, il apparaît que ses objectifs dépassent la simple dimension informationnelle, malgré sa fausseté, pour relever d’une dimension propagandiste, de renseignement et de conspiration, perceptible dans la volonté d’impliquer la composante touarègue du tissu social régional dans la question libyenne de cette manière. Il s’y ajoute l’empreinte marocaine, clairement perceptible dans la plateforme qui a publié le rapport. Ce qui, aux yeux des observateurs, est conforté par la nature et l’orientation des sujets publiés sur cette plateforme, ainsi que par son traitement partisan aligné sur le récit des autorités marocaines, avec un style qui est devenu « la marque déposée » du système marocain et de ses relais médiatiques ces dernières années.
Parmi les autres indices probants figure également le fait que le rapport attaque le gouvernement d’unité nationale, reconnu au niveau international et onusien, au profit du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle des zones de l’est avec ses milices, ce qui révèle clairement « l’identité » des parties impliquées dans le maintien et l’aggravation du conflit en Libye, en exacerbant les tensions communautaires, tout comme cela se produit au nord du Mali, en creusant le fossé entre les Azawadiens et les autorités centrales de transition, et en tentant de mettre fin à l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, lequel avait garanti la paix pendant près de dix ans.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.