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Le Mali après le coup d’État : un effondrement généralisé qui mène le pays vers l’inconnu

Les pays voisins, en particulier les membres du G5 Sahel, ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact du régime militaire sur la sécurité régionale.

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Depuis le coup d’État qui a porté la junte militaire dirigée par Assimi Goïta au pouvoir, le Mali s’est enfoncé dans un tunnel sombre d’enchevêtrements de crises sécuritaires, politiques et sociales. Le pays s’est transformé en une scène ouverte au chaos et aux ingérences étrangères, tandis que les souffrances des citoyens se sont aggravées face à l’incapacité manifeste du gouvernement à gérer les dossiers urgents, au premier rang desquels la question de la paix et de la sécurité.

L’effondrement de l’Accord d’Alger

L’un des signes les plus marquants de cette dégradation réside dans la désintégration de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation, signé en 2015 sous médiation algérienne. Cet accord avait réussi à geler le conflit entre le nord et le sud du Mali et à assurer un minimum de stabilité. Mais le renoncement du gouvernement putschiste de Bamako à cet accord et son refus de s’asseoir à la table du dialogue avec les mouvements azawadiens ont rallumé la guerre interne. En moins d’un an, des affrontements armés ont éclaté dans les villes de Kidal et Gao, causant des centaines de morts et des milliers de déplacés.

Sur fond de cette division, les activités des groupes terroristes se sont intensifiées, notamment dans les régions du nord et du centre.

Selon un rapport publié par l’ONU à la mi-2025, le Mali a connu plus de 1 300 incidents violents en une seule année, faisant plus de 2 000 morts, dont un grand nombre de civils.

Pauvreté et effondrement social

Parallèlement à la détérioration sécuritaire, les taux de pauvreté ont continué d’augmenter : selon la Banque mondiale, plus de 45 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2024, dans un contexte de recul des investissements et de gel de nombreux programmes d’aide internationale.

Des écoles entières ont fermé leurs portes en raison de la violence, et les centres de santé souffrent d’un manque criant de ressources. Cette situation a exacerbé les souffrances de millions de Maliens, tandis que le gouvernement semble préoccupé avant tout par le renforcement du pouvoir militaire. Au lieu de s’attaquer à ces crises, il a ouvert la porte du pays à des ingérences étrangères, recourant à des forces et groupes extérieurs, au premier rang desquels les mercenaires du « Corps africain » (ex-Wagner), accusés de graves violations des droits humains dans les zones de conflit. De plus, des contrats d’exploitation des ressources minières ont été accordés à des sociétés étrangères dans des conditions opaques, poussant des organisations internationales à tirer la sonnette d’alarme sur un pillage organisé des richesses nationales qui ne profite qu’à des intérêts extérieurs.

L’ennemi extérieur comme diversion

Il semble par ailleurs que les autorités de transition à Bamako aient choisi une politique d’escalade extérieure comme moyen de détourner l’opinion publique des véritables crises qui ravagent le pays.

Dans ce contexte, l’Algérie est devenue une cible privilégiée de cette stratégie, compte tenu de son poids régional, de ses positions indépendantes et de son refus de se soumettre à toute agenda étranger, à l’opposé du régime malien devenu un instrument manipulé de l’extérieur. Fait significatif, cette escalade contre l’Algérie converge avec les intérêts de forces régionales historiquement hostiles à Alger, en premier lieu le régime marocain, qui n’a cessé de chercher à saper le rôle algérien dans la région du Sahel et du Sahara. Jamais Rabat n’a soutenu la médiation algérienne au Mali ; au contraire, il a œuvré à la torpiller à plusieurs reprises en soutenant des alliances parallèles servant ses propres calculs étroits, au détriment de la stabilité régionale.

Isolement international et sanctions

Le Mali fait face à une isolation internationale croissante, marquée par la dégradation de ses relations avec de nombreux pays et organisations. L’Union européenne a suspendu ses aides au développement et imposé des sanctions aux dirigeants du coup d’État, estimant que la situation politique actuelle bloque le retour à la stabilité et à la démocratie. Les États-Unis ont également interrompu leurs programmes de soutien, insistant sur la nécessité d’un retour à un gouvernement civil et du respect des droits humains.

Les pays voisins, en particulier les membres du G5 Sahel, ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact du régime militaire sur la sécurité régionale, surtout avec l’intensification des activités terroristes. Sur le plan international, le Conseil de sécurité a, à plusieurs reprises, appelé au retour à un gouvernement civil et imposé des sanctions diplomatiques contre les militaires.

Cet isolement a lourdement affecté l’économie malienne : l’arrêt des aides et les sanctions ont aggravé la situation, accentuant les souffrances de la population, dans un contexte de déplacements massifs, de pauvreté croissante et de chômage en hausse, résultat direct de la spirale des crises sécuritaires et humanitaires.

Des pas assurés vers l’effondrement

Il est désormais clair que le Mali marche à pas sûrs vers l’effondrement total. Le gouvernement d’Assimi Goïta, qui promettait sécurité, dignité et souveraineté, n’a fait que ramener la violence et consolider la dépendance extérieure. Aujourd’hui, le pays se tient au bord du gouffre, et si cette trajectoire se poursuit, le Mali perdra non seulement sa stabilité, mais aussi son existence même en tant qu’État souverain, devenu otage des forces du mal et des manigances visant l’Algérie, et transformé en terrain d’expansion du pouvoir des mercenaires.