Un sondage portant sur les musulmans en France, publié le 18 novembre dernier, a suscité une large controverse. La gauche a accusé l’institut IFOP, spécialisé dans les enquêtes d’opinion, de porter atteinte à l’image des musulmans, tandis que l’extrême droite a exploité ses résultats pour attiser davantage la haine envers la communauté musulmane.
Selon les résultats du sondage, 43 % des musulmans âgés de 25 à 34 ans soutiendraient les thèses de l’islamisme radical.
Les auteurs de l’enquête affirment également que le nombre de musulmans en France augmente lentement mais régulièrement. L’étude ajoute que la majorité des personnes interrogées — au nombre de 2 000 — déclarent se référer aux règles de la loi islamique avant celles de la République française, ce qui a suffi à Éric Zemmour pour relancer son discours sur « l’invasion islamique », suivi par les principales figures de l’extrême droite, de Marine Le Pen à Éric Ciotti, en passant par Philippe de Villiers. Les chaînes d’information, notamment CNews, ont consacré de nombreuses heures depuis la publication du sondage à s’attaquer aux musulmans.
De son côté, la gauche a dénoncé l’étude d’IFOP, la considérant comme une nouvelle tentative de nuire à l’image des musulmans. La députée Clémence Guetté, du parti La France insoumise, a mis en doute la méthodologie du sondage sur les réseaux sociaux. Elle a ensuite révélé, comme de nombreux responsables politiques et militants associatifs, les coulisses de cette nouvelle opération visant les musulmans de France et servant de matière à l’extrême droite, devenue très influente dans le pays.
Clémence Guetté a déclaré que « personne ne s’est demandé qui avait commandé ce sondage. Nous avons découvert aujourd’hui (jeudi) que le client d’IFOP est un magazine ayant des liens étroits avec les services de renseignement des Émirats arabes unis. Jusqu’à quand allons-nous laisser des États étrangers s’ingérer dans nos affaires internes et monter les Français les uns contre les autres ? »
Dans le même contexte, le quotidien français Libération s’est intéressé dans son édition d’hier au magazine ecran de veille, peu connu, qui a commandé à IFOP ce sondage sur les musulmans en France. Il est apparu que plusieurs de ses collaborateurs ont déjà travaillé pour l’hebdomadaire Marianne, orientation droite, mais surtout — selon le journal de gauche — que nombre d’entre eux ont été cités dans une affaire d’ingérence émiratie dans les affaires intérieures de la France et d’autres pays européens. Ces révélations s’appuient sur une enquête publiée en 2023 par Mediapart, en collaboration avec European Investigative Collaborations, un consortium de journalistes d’investigation.
Cette enquête avait révélé que ce magazine, derrière lequel se trouve l’État des Émirats arabes unis, avait financé une vaste campagne de dénigrement visant plus de mille personnalités et associations musulmanes dans toute l’Europe.
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