Nation

Génération de la Révolution : fin d’une étape, début d’une autre

Cette transition a également concerné d'autres institutions souveraines, telles que le commandement de la Garde républicaine et d'autres organismes

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Le Conseil de la Nation entame une nouvelle étape de son histoire avec l’arrivée d’un nouveau président qui n’est pas concerné par les dispositions du paragraphe 8 de l’article 87 de la Constitution, lesquelles exigent la preuve de participation à la Révolution pour les personnes nées en 1942 ou avant.

Jusqu’au mois de mai dernier, la chambre haute du Parlement n’avait connu que des présidents issus de la génération de la Révolution. Le premier président du Conseil, à sa création il y a un quart de siècle, était Bachir Boumaza, un ancien de la Révolution, tout comme ses successeurs : Cherif Messadia, puis Abdelkader Bensalah, jusqu’à Salah Goudjil. Ce changement générationnel au sein du Conseil de la Nation coïncide avec l’arrivée au pouvoir du premier président de la République ne faisant pas partie de la génération révolutionnaire, après une longue domination de celle-ci sur le pouvoir exécutif (Ahmed Ben Bella, Houari Boumédiène, Chadli Bendjedid, Mohamed Boudiaf, Liamine Zéroual et Abdelaziz Bouteflika).

Ce changement a également touché d’autres institutions souveraines, comme la Garde républicaine et d’autres organes. À l’exception de quelques figures, dont le président de la Cour constitutionnelle, Omar Belhadj, la présence de la génération révolutionnaire a fortement reculé dans les centres de décision et de pouvoir, y compris dans l’institution militaire. La fin de l’année dernière a vu le départ de l’un des derniers hauts gradés moudjahidines, le Général d’Armée Ali Ben Ali, commandant de la Garde républicaine.

Dans les institutions partisanes et élues, y compris nationales, la présence de cette génération s’est nettement réduite, à l’exception de certains partis comme le Front de Libération Nationale (FLN), qui tente encore de maintenir la présence des moudjahidines dans ses structures dirigeantes, notamment par la présence d’anciens membres de l’Armée et du FLN historique au sein du comité central.

Au Conseil de la Nation, un groupe d’élus continue de représenter la génération de la Révolution, maintenant ainsi sa présence dans les institutions de l’État et y préservant un certain équilibre.

En revanche, à l’Assemblée populaire nationale, la catégorie des moudjahidines a disparu, laissant place à une nouvelle génération composée des enfants de martyrs, de moudjahidines, de personnes nées après l’indépendance et de figures de la période du pluralisme politique.

Ces profondes mutations au niveau des personnes indiquent un recul supplémentaire des manifestations de la légitimité révolutionnaire et historique. Le temps et les lois biologiques s’imposent, contrairement aux premières années de l’indépendance où il était interdit de se porter candidat à une fonction politique ou syndicale sans être militant ou adhérent du FLN, et où les postes suprêmes, comme la présidence de la République ou celle du Conseil de la Nation, étaient réservés à la génération de la Révolution.

D’un point de vue pratique, l’abandon de la légitimité historique a commencé dans les années 1970, selon des études spécialisées. Le régime politique a alors entrepris de changer sa structure, d’élargir sa base populaire et de s’orienter vers la construction de traditions fondées sur la légitimité populaire et constitutionnelle, lesquelles sont devenues des slogans pour les étapes suivantes, sans véritable transformation de la nature du régime.

Contrairement aux postes politiques, l’esprit de la légitimité historique subsiste dans les pratiques du pouvoir politique, bien que cela varie selon les périodes. Cela se traduit notamment par le souci de maintenir l’équilibre régional et de poursuivre les politiques sociales inscrites dans les chartes de la Révolution, comme la distribution équitable des richesses et des postes entre les différentes régions.