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"La sécurité nationale exige l'application de la peine de mort"

Le projet de loi sur la lutte contre la drogue relance la peine de mort, gelée depuis 1993.

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Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, a affirmé mardi que l’État n’hésitera pas à prendre toute décision nécessaire pour lutter contre la criminalité sous toutes ses formes, y compris l’application de la peine de mort.

Lors de sa réponse aux préoccupations des députés de l’Assemblée populaire nationale concernant le projet de loi sur la prévention des drogues, le ministre a déclaré que "l’Algérie, en tant qu’État souverain, a le droit de prendre toute décision pour combattre la criminalité selon la vision qu’elle juge appropriée".

 « Au vu de la gravité de la situation, l’État algérien a estimé qu’il était nécessaire d’activer cette peine », précisant que "la situation est grave, et s’il s’agit d’une guerre contre l’Algérie, elle est déterminée, grâce à ses hommes loyaux dans les services de sécurité et l’Armée nationale populaire, à éradiquer les gangs de drogue", en soulignant que "l’épée de la justice tranchera les têtes de ces bandes", a-t-il ajouté.

Le ministre a justifié la révision rapide de la loi sur la prévention des drogues et substances psychotropes par "la propagation alarmante de ce phénomène", ce qui a nécessité, selon lui, une révision du texte et la mise en place de moyens répressifs pour y mettre fin. Il a rappelé les quantités massives de comprimés hallucinogènes saisies dans différentes régions du pays.

Il convient de rappeler que l’Algérie a pris en 1993 la décision de geler l’application de la peine de mort, en respect de ses engagements internationaux.

La dernière exécution remonte à 1993, durant la tragédie nationale, à l’encontre de trois membres du Front islamique du salut dissous, condamnés pour l’attentat à la bombe à l’aéroport Houari Boumediene d’Alger, à l’été 1992.

Bien que l’application de la peine soit suspendue, les tribunaux continuent de prononcer la peine capitale dans les affaires les plus graves, peine qui ne peut faire l’objet d’aucune grâce présidentielle ni d’allégement.

Le projet de loi sur la prévention des drogues a remis la peine de mort sur le devant de la scène, puisque son avant-projet prévoit la peine capitale dans les affaires graves liées aux drogues et substances psychotropes, notamment lorsque le crime a entraîné directement la mort, causé de graves dommages à la santé publique, ou s’il s’est accompagné de circonstances aggravantes : implication dans un trafic transfrontalier organisé, atteinte à la sécurité nationale, trouble à l’ordre public, agissements pour le compte d’un État étranger, ou usage/menace d’arme à feu.

Fin mars dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait qualifié l’afflux de tonnes de drogues vers l’Algérie de "guerre non déclarée", affirmant que la question relève désormais de la sécurité nationale.

« L’Algérie est la cible d’une guerre non déclarée, dont l’arme est la drogue sous toutes ses formes, provenant de ses frontières occidentale et méridionale, menée par des forces du mal dans le but d’affaiblir des générations de jeunes et de briser l’échelle des valeurs sociales algériennes», avait déclaré le président Tebboune.

 Il a, également, appelé à prendre des mesures strictes et à infliger les peines les plus sévères aux trafiquants et consommateurs de drogue, notamment des drogues dures, pour protéger la jeunesse de ce fléau étranger.