Nation

Le parti de Macron rejoint l’extrême droite dans sa provocation envers l’Algérie

Des députés du parti "Renaissance" préparent un rapport susceptible de raviver la crise entre les deux pays.

  • 165
  • 3:33 Min

Les relations entre l’Algérie et la France semblent s’orienter vers une nouvelle escalade, cette fois autour de l’accord sur l’immigration de 1968, qui a longtemps constitué un pilier juridique garantissant les droits de la communauté algérienne en France. Cet accord est aujourd’hui sérieusement remis en question, non seulement par l’opposition De l’extrême droite, mais aussi au sein même du parti présidentiel "Renaissance", fondé et dirigé par le président Emmanuel Macron.

Dans un développement notable, des députés de Renaissance travaillent à l’élaboration d’un rapport interne évaluant ce qu’ils qualifient de "charges financières et économiques" liées à cet accord. Selon eux, le régime spécial dont bénéficie la communauté algérienne – contrairement aux autres diasporas maghrébines ou africaines – n’est plus justifié dans le contexte actuel. Ce rapport, qui devrait être remis au gouvernement dans les semaines à venir, pourrait ouvrir la voie à une révision en profondeur, voire une refonte totale des clauses de l’accord, notamment celles relatives à la résidence, au travail, au regroupement familial et à l’accès à la sécurité sociale française.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte politique tendu en France, marqué par la montée en puissance de l’extrême droite et la pression croissante en faveur d’un durcissement des lois migratoires. Le parti de Macron semble désormais contraint d’emprunter des éléments de discours à ses adversaires politiques pour limiter l’érosion de son capital électoral. Ainsi, l’accord de 1968 devient un enjeu électoral à part entière, utilisé au nom de la "restauration de la souveraineté" ou de la "protection du modèle social français".

Ce durcissement ne se limite pas à l’accord de 1968. Il s’inscrit dans une série de mesures unilatérales adoptées par Paris ces derniers mois, telles que la suspension de certains mécanismes de coopération consulaire sans en informer Alger, ou encore le durcissement officieux de la délivrance des visas malgré l’existence d’accords bilatéraux en matière de mobilité. La France a même expulsé des ressortissants algériens résidant légalement ou semi-légalement sans notifier les consulats algériens, en contradiction avec les protocoles consulaires et la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963.

Par ailleurs, un employé consulaire algérien a été arrêté dans des circonstances opaques et sans notification préalable aux autorités algériennes, ce qui constitue une violation flagrante des règles diplomatiques établies. À plusieurs reprises, les autorités françaises ont tenté d’introduire des modifications dans leur droit migratoire interne en contradiction avec les accords bilatéraux, semblant vouloir vider ces derniers de leur substance sans les dénoncer officiellement, ce que l’Algérie considère comme une atteinte grave au principe du respect des engagements internationaux.

Pour l’Algérie, l’accord de 1968 incarne les équilibres postcoloniaux et offre une protection juridique à une diaspora qui reste fortement liée à son pays d’origine. Toute modification unilatérale serait perçue comme un acte hostile, pouvant entraîner une révision d’autres dossiers de coopération touchant à la sécurité, à l’économie ou à la coordination régionale, notamment dans le Sahel.

L’Algérie a déjà exprimé à plusieurs reprises ses réserves face à toute tentative de modification de l’accord sans négociations bilatérales. Elle refuse de voir ce texte transformé en instrument de politique intérieure française, alors qu’il engage juridiquement les deux parties. Une révision unilatérale créerait un dangereux précédent, sapant la confiance déjà fragile entre Alger et Paris.

La communauté algérienne en France suit cette évolution avec inquiétude, redoutant que toute modification remette en cause ses conditions de séjour et de circulation, plongeant des générations entières dans l’incertitude juridique. En politisant ce dossier, le gouvernement français risque d’alimenter un climat de haine et de discrimination, dans un contexte déjà marqué par la montée du racisme ciblant les immigrés d’origine algérienne.

Bien que la France n’ait pas officiellement annoncé vouloir abroger ou modifier l’accord, les fuites autour du rapport en préparation et les déclarations répétées de responsables politiques français sur "les privilèges injustifiés" laissent entrevoir une révision inévitable, peut-être menée par étapes.

Dans ce contexte, l’Algérie pourrait être contrainte de sortir de son silence, surtout si le rapport en question s’avère être plus qu’un simple document de travail, mais une étape vers une modification unilatérale. Ce qui ferait basculer la situation d’un simple désaccord diplomatique à une crise politique ouverte, dont les conséquences pourraient affecter bien au-delà de la diaspora, redéfinissant la nature même des relations entre la France et l’Algérie.