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Les députés réclament la création d'une force spécialisée dans la lutte contre la drogue

Ils considèrent que la propagation des stupéfiants est une question de sécurité nationale nécessitant des mesures sévères à l'encontre des personnes impliquées.

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Des députés de l'Assemblée populaire nationale ont plaidé pour la création d’un corps sécuritaire spécialisé dans la lutte contre le trafic de drogue en Algérie, afin de contenir la propagation inquiétante de ce fléau criminel. D’autres intervenants ont insisté sur l'application effective de la peine de mort à l’encontre des personnes reconnues coupables de crimes liés à la drogue.

Le député Harizi Mokhfi a souligné la nécessité d’un dispositif sécuritaire spécifique pour traquer les trafiquants de drogue. Il a exprimé ses inquiétudes quant à la vulnérabilité des policiers ordinaires vivant dans des quartiers populaires, exposés à des actes de représailles de la part des réseaux de trafic.

Le député Saïd Hamsi a, lui aussi, demandé la création d’une unité spéciale similaire aux groupes antiterroristes mis en place durant la décennie noire, arguant que le trafic de drogue constitue désormais une menace pour la sécurité nationale et exige des mesures sévères, tout en prônant la création de centres spécialisés de désintoxication.

Ali Ben Tahar a pour sa part alerté sur les pressions que subissent certains imams, harcelés pour avoir abordé la question de la drogue dans leurs prêches, ce qui aurait poussé plusieurs d’entre eux à renoncer à leur mission.

Il a aussi appelé à renforcer les capacités des services de sécurité et de la douane, et à doter les postes frontaliers, les aéroports, les ports et les gares d’équipements de détection avancés.

Son collègue Fouad Othmane a insisté sur la nécessité d'acquérir des équipements modernes pour les tests médicaux et sur l'application rigoureuse des sanctions. Des députés des mouvements de la société pour la paix et de la construction nationale ont également plaidé pour l’application de la peine capitale dans certaines affaires impliquant des drogues dures.

Par ailleurs, des propositions ont été émises pour généraliser les dépistages aux employés en fonction, et pas uniquement aux nouveaux postulants, ainsi que pour renforcer la surveillance dans les établissements scolaires et universitaires. Le député Sliman Zerkani a mis en garde contre la banalisation de la drogue dans les résidences universitaires, en dénonçant le rôle néfaste de certaines productions télévisées.

Les intervenants ont unanimement insisté sur la nécessité de créer des centres spécialisés dans la prise en charge des toxicomanes, en distinguant entre les malades mentaux, les patients sous sédatifs thérapeutiques et les véritables consommateurs de stupéfiants.

Un député a estimé que le fait de réviser une nouvelle fois le texte de loi en moins de deux ans équivalait à reconnaître l’échec dans la lutte contre ce fléau. Il s’est également étonné de l’absence de données chiffrées sur les saisies de drogue et les arrestations.

Présentant le projet de loi, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Lotfi Bouzid, a souligné que le texte visait un équilibre entre prévention, soins et répression, en tenant compte de l’impact néfaste des drogues sur la santé publique, la sécurité et l’ordre public.

Le projet de loi prévoit des mesures pour protéger la sécurité nationale contre les risques liés à l’usage et au trafic de drogues et de substances psychotropes, en misant sur la prévention, la sensibilisation, ainsi que la sécurisation des établissements éducatifs et la coordination intersectorielle.

Il introduit aussi de nouvelles obligations pour les candidats à l'emploi dans les institutions publiques et privées : fournir un test négatif de consommation de drogues. Les examens médicaux périodiques des élèves pourraient également inclure des dépistages, sous réserve de l’accord des représentants légaux ou, le cas échéant, du juge des mineurs.

Le texte étend par ailleurs les mesures de prévention aux ex-détenus condamnés pour infractions liées à la drogue, en leur assurant un accompagnement pour leur réinsertion.

Le projet introduit également de nouvelles procédures facilitant la traçabilité des crimes liés à la drogue et des fonds illicites qui en découlent, avec la possibilité de geler les avoirs du suspect, en Algérie ou à l’étranger, et de lui interdire de voyager jusqu’à la fin de l’enquête.

Enfin, les propos de l’historien Mohamed Amine Belghit à une chaîne de télévision étrangère ont suscité un débat houleux. Tandis que certains députés, dont un ancien élève de Belghit, ont réclamé sa libération en s’adressant directement au ministre de la Justice, d’autres ont mis en garde contre les risques de remise en cause de l’unité nationale.