Nation

Les injonctions sont inutiles avec l'Algérie

Villepin a appelé le président français Emmanuel Macron à prendre en main le dossier et à sortir de sa zone de confort

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Fidèle à sa pensée indépendante, éloignée du populisme politique qui domine le discours de la majorité des élites et des cercles politiques et médiatiques parisiens, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a conseillé aux autorités françaises d’éviter toute approche rigide vis-à-vis de l’Algérie, la jugeant « inefficace », alors que le président Emmanuel Macron subit une pression croissante de sa famille politique, de ses partenaires et des médias de droite pour adopter une posture plus ferme.

Villepin, considéré comme l’une des voix politiques modérées en France, a déclaré « Croire qu’un bras de fer avec l’Algérie pourrait accélérer le retour de Boualem Sansal traduit une méconnaissance de l’histoire de ce pays. Cela produira l’effet inverse. »
Il estime donc que « Plusieurs démarches doivent être entreprises pour rétablir la relation avec l’Algérie. »
Et de préciser qu' « Il ne s’agit pas de capituler, mais de prendre les mesures nécessaires pour reconstruire les liens. »
L’ancien chef du gouvernement a appelé Emmanuel Macron à reprendre personnellement la gestion du dossier et à sortir de sa zone de confort. Interrogé lors d’une émission politique, il a affirmé « Qui peut mieux et plus rapidement s’en charger ? Le président de la République et le gouvernement. Mais un gouvernement uni, qui ne parle pas avec deux voix. Nous avons besoin d’unité, car le prix du désordre est très élevé. »

Macron sous pression

Dans le même contexte, la députée française et présidente du groupe parlementaire de La France insoumise a renouvelé ses critiques envers le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, l’accusant d’être à l’origine de l’escalade des tensions avec Alger « Nous avons un ministre de l’Intérieur atteint d’une sévère algérophobie, qui ne cesse d’attiser les tensions avec l’Algérie. Nous ne pourrons jamais adhérer à cette logique. »
Le président Macron est de nouveau confronté à de fortes pressions, notamment de la part du parti Les Républicains, dirigé par Retailleau, pour qu’il adopte une ligne dure envers l’Algérie et qu’il suive une feuille de route offensive. Xavier Bellamy, vice-président des Républicains et député européen, a critiqué publiquement la gestion de Macron sur le dossier algérien, en lien avec la libération de Boualem Sansal et du journaliste du site So Foot, Christophe Gleizes.

Ces attaques ont coïncidé avec des révélations du journal Le Figaro, qui évoque l’impatience croissante du chef des Républicains et du ministre de l’Intérieur, convaincus que « la voie la plus efficace pour traiter avec l’Algérie passe par la logique de la force ».

Dans son éditorial d’hier, Le Figaro a exprimé le mécontentement de la droite à l’égard d’Emmanuel Macron, critiquant le silence officiel face à ce qu’elle qualifie de « calvaire de Sansal », et qualifiant cette attitude de lâcheté politique ou de « diplomatie défaillante ».

Le journal a souligné que la France, qui n’a pas hésité à entrer en confrontation avec Moscou, Washington ou Tel-Aviv, recule quand il s’agit d’Alger, ce qui soulève, selon lui, des questions sur un possible deux poids, deux mesures. Il avance l’hypothèse d’un silence motivé par un complexe postcolonial ou par la crainte de provoquer certaines franges de la société française, en référence notamment aux descendants de l’immigration algérienne.