Les groupes terroristes continuent de resserrer l’étau sur la capitale Bamako, entrée dans une phase d’asphyxie, affectant lourdement l’approvisionnement en carburant et en denrées alimentaires. Ces développements ont poussé plusieurs pays occidentaux à demander à leurs ressortissants de quitter temporairement le pays, dans un contexte de multiplication des enlèvements, le dernier ciblant cinq travailleurs indiens dans l’ouest du pays, ce qui reflète la gravité de la situation. Parallèlement, de nombreux appels ont été lancés à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour qu’elle intervienne avant qu’il ne soit trop tard.
Aux dernières nouvelles, des sources sécuritaires ont indiqué à l’AFP que cinq travailleurs indiens, employés dans un projet électrique, ont été enlevés jeudi près de la localité de Koubri, dans l’ouest du Mali. La société exploitante a précisé que les autres employés indiens ont été évacués vers Bamako pour leur sécurité. Aucune organisation n’a revendiqué l’enlèvement, tandis que les autorités poursuivent leur enquête, rappelant le problème des attaques ciblant les étrangers dans le pays.
Fin septembre, deux Émiratis et un Iranien avaient été enlevés près de Bamako par le groupe Ansar Dine, avant d’être libérés la semaine dernière contre une rançon estimée à 50 millions de dollars, selon des sources proches des négociations.
Dans le centre du pays, quatorze civils ont été tués ces derniers jours, et malgré les opérations militaires et le renforcement du contrôle sur les routes et les villages isolés, les groupes terroristes continuent d’imposer leur loi, confirmant que l’État a perdu le contrôle de vastes zones, concentrant désormais ses forces autour de Bamako.
Depuis plus d’un mois, des miliciens liés à Ansar Dine bloquent les routes d’approvisionnement venant du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, ciblant notamment les camions-citernes, provoquant une crise d’approvisionnement sévère.
Dans ce contexte, Bamako et les villes du sud du Mali souffrent d’une crise majeure des approvisionnements, les écoles et universités ont été fermées pendant deux semaines, les hôpitaux et les usines risquent la fermeture complète, les cultures agricoles sont menacées, et le secteur énergétique est paralysé, le pays dépendant principalement de ses centrales thermiques. Selon plusieurs analystes, le siège a pour objectif d’affaiblir le régime en ciblant le pouvoir d’achat et le quotidien des Maliens.
Lors d’une visite dans le sud du pays lundi dernier, le président Assimi Goïta a appelé les Maliens à réduire leurs déplacements, promettant de restaurer les chaînes d’approvisionnement, mais ses messages restent peu convaincants pour les citoyens, qui ont perdu confiance dans la capacité de l’État. Une large partie de la population accuse la junte militaire au pouvoir d’être responsable de la situation à cause de politiques et de choix de gouvernance erronés depuis l’arrivée de Goïta au pouvoir par un coup d’État.
Des observateurs estiment que l’effondrement de l’État malien aura de lourdes conséquences sur la région, avec le Burkina Faso et le Niger, également dirigés par des conseils militaires, prochaines victimes potentielles des attaques terroristes.
Dans ce contexte, l’ancien ministre de l’Intérieur sénégalais, Aly Ngouille Ndiaye, a tiré la sonnette d’alarme sur la situation au Mali dans une lettre ouverte adressée aux présidents de la CEDEAO et de la Mauritanie, avertissant que la chute de Bamako aux mains des groupes terroristes aura des conséquences graves sur toute l’Afrique de l’Ouest.
Et il a souligné dans sa lettre que « la prise de la capitale, Bamako, par les terroristes, déstabiliserait l’ensemble des pays frontaliers du Mali, à l’exception de l’Algérie, seul pays qui a réussi à éradiquer le djihadisme par la force et les moyens politiques ».
Pour l’ancien ministre, la crise dépasse les simples considérations diplomatiques et affirmé que « les déclarations des pays occidentaux appelant leurs ressortissants à quitter le Mali relèvent, pour eux, de la politique étrangère. Mais pour les pays voisins, il s’agit d’une question de sécurité nationale, car les djihadistes ne reconnaissent pas les frontières».
Ngouille Ndiaye a enfin souligné que la stabilité régionale dépend d’une réponse coordonnée et immédiate face à la pression croissante exercée par les groupes djihadistes sur Bamako
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