Nation

Quand Paris érige l’hypocrisie en étendard

De la défense d’un “journaliste” financé par le mouvement “MAK” à l’ignorance feinte de son terrorisme

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Le brouhaha provoqué par Paris après la confirmation par la cour d’appel de Tizi Ouzou de la peine de sept ans de prison à l’encontre du journaliste français Christophe Gleizes n’était qu’un nouvel épisode dans une série de positions françaises marquées par le deux poids, deux mesures, et par une tentative de retrouver une influence perdue en exerçant une pression politique et médiatique sur les institutions de l’État algérien.

Dès la publication du communiqué de la présidence française dans lequel le président Emmanuel Macron exprimait sa « profonde inquiétude » face à la décision judiciaire, la machine de désinformation s’est mise en marche dans les médias français alliés à l’extrême droite, cherchant à présenter l’Algérie comme un pays qui réprime la presse et contrôle la justice, dans une campagne qui semble avoir été préparée à l’avance et non pas une simple réaction spontanée.

Mais derrière les discours enjolivés sur les « droits de l’homme » et la « liberté de la presse », se cache une amère réalité, une réalité que les algériens connaissent bien (nul n’est plus familier avec la France que les algériens). Paris pratique l’inverse de ce qu’elle proclame, celui qui  interdit un acte répréhensible et le commet lui-même, pire encore, n’a pas le droit de donner des leçons aux autres. L’image de la France aujourd’hui ne ressemble en rien au mythe qu’elle prétend incarner ; elle est plutôt proche d’une version défigurée d’un État en décomposition morale et politique, sombrant dans une hypocrisie flagrante.

L’affaire Christophe Gleizes n’est pas une affaire journalistique au sens professionnel du terme, mais celle d’un individu entré en Algérie en tant que touriste alors qu’il était en mission pour le mouvement « MAK », classé organisation terroriste en Algérie et soutenu en secret par des services français conscients de ses motivations et de ses financements. L’homme ne relayait pas des informations journalistiques, mais un discours politique séparatiste. Lorsque la justice algérienne a agi dans le cadre de sa pleine souveraineté, Paris a crié au scandale et a ressorti son vieux lexique de la « liberté d’expression », comme si l’espionnage politique déguisé en journalisme était un droit sacré et intangible.

De leur côté, les médias français, comme on pouvait s’y attendre, sont entrés dans un état d’hystérie organisée. Journaux, chaînes et réseaux numériques alignés sur l’extrême droite ont rapidement présenté Gleizes comme un « prisonnier d’opinion », tout en ignorant les violations flagrantes commises en France même, où des Algériens sont arrêtés sur simple suspicion, et où toute expression de soutien à Gaza est réprimée. L’affaire du footballeur algérien Youcef Atal en est un exemple récent : il a été condamné à six mois de prison avec sursis pour une publication dénonçant le génocide perpétré par l’occupation israélienne à Gaza. Voilà la France qui parle de liberté d’expression… une liberté entourée de barbelés, variable selon l’identité, la religion ou l’opinion politique.

Parallèlement, Paris adopte une position silencieuse, voire complice, lorsqu’il s’agit de criminels qui ont pillé les richesses des Algériens et ont choisi la France comme refuge, à l’image de l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb. Les mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie sont traités à Paris comme des documents indésirables : ignorés ou rangés dans les tiroirs, car ces « amis » servent les intérêts de la France. C’est là une justice sélective dans toute sa splendeur : les voleurs sont protégés, les innocents punis, et les séparatistes circulent librement.

La situation la plus choquante reste le fait que la France permette au mouvement « MAK » d’agir publiquement en tant qu’« association loi 1901 », alors que tous les services de l’État français connaissent sa nature, ses liens et ses objectifs. Il ne s’agit pas d’ignorance, mais d’une complicité calculée, d’une instrumentalisation politique d’un mouvement séparatiste pour déstabiliser l’Algérie. C’est ce même mouvement qui finançait et orientait Christophe Gleizes avant son entrée en Algérie.

Et la contradiction est totale : Paris, qui continue — sans honte — de se présenter comme gardienne des « valeurs démocratiques », est la même qui, il y a quelques mois, a humilié un diplomate algérien publiquement pour une simple notification sur téléphone… puis vient aujourd’hui parler de « justice ». De quelle justice s’agit-il ? Celle qui remplace des peines de prison de cinq ans par un bracelet électronique ? Celle qui protège les corrompus et traque les faibles ? La réalité est que la justice française est devenue un instrument politique entre les mains d’une élite arrogante persuadée de contrôler encore le destin des autres.

Au milieu de ce désordre moral, l’Algérie adopte une position souveraine et claire. L’affaire de Boualem Sansal en est un autre exemple : l’Algérie a agi avec humanité face à une situation sensible, sans que cela ne signifie une quelconque soumission à la France, contrairement à ce que certaines plumes ont cherché à faire croire par mensonge et manipulation. C’était l’expression d’un État mature, sûr de lui. C’est la dignité de l’Algérie — et c’est précisément ce que Paris ne supporte pas.

La France, dans sa configuration actuelle, reste prisonnière d’une mentalité coloniale qui n’a toujours pas compris que l’Algérie est un État indépendant et souverain. Elle s’irrite du progrès de l’Algérie, elle n'accepte pas que l’Algérie ne se courbe plus, elle s’agite parce que le peuple a décidé de regarder vers l’avenir sans demander la permission de quiconque. Et cela, Paris ne l’a pas pardonné, et peut-être ne le pardonnera jamais.