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Rahabi interprète le vote de l’Algérie en faveur de la résolution américaine

Dans une analyse publiée aujourd’hui sur sa page Facebook.

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Le diplomate Abdelaziz Rahabi a fourni des explications et des analyses concernant le récent vote de l’Algérie en faveur de la résolution américaine, en lien avec plusieurs variables et considérations internationales ayant influencé ce vote. Il a estimé que cette opération de désinformation cherche à l’évidence à faire de l’Algérie un bouc émissaire et à altérer le consensus national en matière de politique étrangère.

Selon Rahabi, dans une analyse publiée aujourd’hui sur sa page Facebook, plus d’une semaine après un vote qui a suscité débats et divisions et conduit le ministère des Affaires étrangères à fournir des explications, le vote algérien au Conseil de sécurité a été injustement interprété comme un « revirement dans sa politique étrangère au Moyen-Orient ».

Pour l’ancien ministre de l’Information, cette lecture a été dominée par ce qu’il appelle le «populisme diplomatique», au détriment d’une lecture objective. Rahabi a fondé son analyse, qui aboutit à la conclusion selon laquelle le vote de l’Algérie était justifié, sur les rôles, marges et équilibres des États-Unis, de la Russie et de la Chine en relation avec le Moyen-Orient et les dynamiques internationales.

Dans cette perspective, il estime que le Conseil de sécurité a été le théâtre d’« une consolidation supplémentaire de l’hégémonie américaine dans la gestion de la crise au Moyen-Orient », rappelant que tout le monde sait que les USA, premier soutien inconditionnel d’Israël, sont seuls en mesure d’infléchir un tant soit peu son intransigeance pour l’amener à respecter le cessez-feu accepté par Hamas et salué par l’ensemble de la communauté arabo- musulmane.

D’après l’analyse de Rahabi, le vote de l’Algérie en faveur de la résolution américaine visait à obtenir le soutien des États-Unis, considérés comme la seule puissance capable de freiner les excès de l’entité sioniste.

Concernant la Russie, Rahabi estime qu’elle a proposé un texte soutenu par l’Algérie, répondant sans doute au mieux aux demandes des Palestiniens, en accord avec les dernières résolutions de la Ligue arabe, et offrant une vision réaliste et durable de la paix dans la région. Cependant, la Russie dispose actuellement d’une influence limitée sur les principaux acteurs de la crise et n’est plus aussi active au Moyen-Orient qu’auparavant, notamment en raison de la guerre en Ukraine qui impose d’autres priorités.

Quant à la Chine, qui s’est abstenue plutôt que d’utiliser son droit de veto, Rahabi estime que cela reflète son agenda régional propre en tant que grande puissance, le Moyen-Orient ne représentant pas une priorité au regard des défis auxquels elle fait face en Asie. Il explique également que le vote a été guidé par le souci d’éviter un conflit entre grandes puissances, en respectant les zones d’influence historiques de chacune.

Pour ce qui est de l’Algérie, elle a introduit et fait accepter la référence à l’Etat palestinien. Cette question n’est pas technique, elle est au centre du problème palestinien entre l’intransigeance d’Israël, les hésitations américaines et le gel du processus de normalisation à la suite de la guerre contre Gaza. L’Algérie a aussi tenu compte du drame humanitaire que vit le peuple palestinien et de l’incapacité historique de ses représentants à parler d’une même voix.

Cette situation laisse toute la latitude aux Usa qui comptent naturellement avec la solidarité subalterne et active de la France et de la Grande Bretagne. Cette domination sans partage du Conseil de sécurité a eu pour conséquence une évolution inquiétante dans la nature même de ses missions.

Enfin, face aux lectures qui ont interprété ce vote comme un abandon des principes de l’Algérie, le diplomate réfute cette interprétation et explique que mettre les principes aux services des intérêts de son pays est un exercice d’équilibre fait d’adaptation aux circonstances, aux rapports de force et à la capacité de chaque pays à assumer ses positions auprès de son opinion publique.

Il ajoute que « notre dernier vote au Conseil est fidèle à notre doctrine qui est loin d’être un dogme mais une cohérence entre nos valeurs et nos positions ».