Nation

Redéfinition de la carte politique et représentative des wilayas

Le nouveau découpage devrait renforcer la représentation des habitants de ces régions au sein de l’Assemblée populaire nationale

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Le nouveau découpage régional ne constitue pas un simple ajustement géographique ou administratif. Il aura des répercussions politiques, économiques et sociales profondes, et influencera inévitablement la carte politique et économique du pays dans les années à venir, notamment dans les régions des Hauts-Plateaux qui ont historiquement souffert de marginalisation et d’un relatif éloignement des centres de décision.

Ce nouveau découpage devrait renforcer la représentation des habitants de ces régions à l’Assemblée populaire nationale, à raison d’au moins trois députés par wilaya, indépendamment du nombre d’habitants. En outre, vingt-deux nouveaux sièges seront attribués aux nouvelles wilayas au Conseil de la nation pour la législature 2028–2031, leur permettant de faire entendre leur voix et de défendre les revendications des citoyens dans le cadre des prérogatives parlementaires.

Selon un document transmis à la commission juridique du Conseil de la nation concernant la répartition des sièges du Parlement après le nouveau découpage administratif, un siège est attribué pour chaque tranche de 120 000 habitants, avec l’ajout d’un siège supplémentaire lorsque le reliquat dépasse 60 000 habitants. Toutefois, la représentation des wilayas dont la population est inférieure à 200 000 habitants ne pourra être inférieure à trois sièges à l’Assemblée populaire nationale.

Au niveau local, cette orientation permettra de démanteler l’hégémonie politique des élites des wilayas mères, à travers la création de plus de 400 nouveaux sièges au sein des assemblées populaires de wilaya des entités nouvellement créées. La répartition des sièges tiendra compte de la population : 35 membres pour les wilayas de moins de 250 000 habitants, 39 sièges pour celles comptant entre 250 000 et 650 000 habitants, 43 sièges pour celles comprises entre 650 000 et 950 000 habitants, et jusqu’à 55 membres pour les wilayas dépassant 1 250 000 habitants.

Dans ce cadre, les wilayas d’Aflou et de Barika disposeront chacune d’au moins 35 sièges, tandis que le nombre de sièges de la wilaya de Batna passera de 47 à 43, et celui de Djelfa de 47 à 39.

Selon ce système, des wilayas comme Barika pourront disposer de leur propre assemblée de wilaya, au lieu de rivaliser auparavant au sein de wilayas mères à forte densité démographique, comme Batna. Le même schéma s’applique à Bou Saâda (issue de M’sila), Aflou (détachée de Laghouat), ainsi qu’à El Aricha et El Kantara, issues respectivement de Tlemcen et de Biskra. À l’inverse, ce découpage permettra également aux élites des wilayas mères de se libérer de la pression exercée par ces zones nouvellement érigées, qui constituaient auparavant de véritables pôles d’influence politique, comme c’était le cas d’Aflou dans la wilaya de Laghouat.

Sur le plan économique et administratif, le projet garantit une répartition plus équitable des ressources et du partage de la rente. Le nouveau découpage entraînera la création d’au moins 17 directions et administrations spécialisées dans chaque nouvelle wilaya, ouvrant ainsi des centaines de postes au profit des cadres locaux.

Selon le gouvernement, cette loi s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’action visant à renforcer la gouvernance territoriale, à réaliser le développement économique et social et à assurer l’équité régionale, conformément au programme du président de la République. Elle traduit la volonté de l’État de donner aux collectivités locales les moyens d’exercer pleinement leurs missions et prérogatives afin de stimuler un développement réel et d’améliorer le cadre de vie des citoyens.

Ce projet vise également à moderniser l’organisation administrative en adéquation avec les évolutions économiques, sociales et culturelles de la dernière décennie. Il permettra d’adopter une nouvelle approche de développement de ces régions et de les intégrer à moyen et long termes, en poursuivant des objectifs nationaux majeurs, notamment l’amélioration du service public, le rapprochement de l’administration du citoyen, la création d’un climat attractif pour l’investissement, la promotion du développement économique local, la valorisation de l’attractivité territoriale et la création de richesse durable.