Nation

Retraites: l’extrême droite française entre en scène

Le courant hostile à l’Algérie en France saisit chaque occasion pour attiser le discours haineux

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L’extrême droite française n’a pas manqué d’exploiter les informations contenues dans le rapport de la Cour des comptes publié fin mai dernier sur la situation financière du système de retraite français, évoquant des fraudes présumées en Algérie qui coûteraient au régime des retraites français jusqu’à 80 millions d’euros par an.

Le député Aurélien Dutremble, membre du groupe du Rassemblement national, a interpellé le ministre de l’Économie sur les mesures envisagées pour mettre fin aux fraudes signalées dans ce rapport, qui reprend les stéréotypes habituels à l’égard de l’Algérie. Il a notamment demandé ce qui est en cours pour vérifier l’identité des bénéficiaires, et a plaidé pour l’utilisation de technologies biométriques de reconnaissance faciale. Le député a également proposé de suspendre les pensions suspectes jusqu’à leur vérification complète, ainsi que le recouvrement des sommes versées indûment.

Dans son intervention, le député a repris les positions classiques de son parti et la rhétorique officielle française visant une partie des retraités algériens percevant une pension française, en se basant sur le rapport estimant les pertes en Algérie entre 40 et 80 millions d’euros par an. Il a affirmé que les données disponibles témoignent d’une fraude "étendue et organisée" touchant le système de retraite français à un niveau bien supérieur à celui constaté dans d’autres pays étrangers. Selon lui, les mécanismes actuels de contrôle, reposant essentiellement sur les certificats de vie fournis par les bénéficiaires eux-mêmes, sont largement insuffisants et facilement manipulables.

Ce discours occulte délibérément, d’un autre côté, les injustices subies par les retraités algériens au fil des décennies, notamment la fraude systémique pratiquée par l’État français dans le but de stabiliser son système de retraite, en réduisant les allocations versées aux veuves de retraités décédés par rapport à celles perçues par les résidents en France. Il ignore également le dénuement de dizaines de milliers d’Algériens ayant contribué à la libération de la France du nazisme, et qui ont été privés de leurs droits financiers.