La création de contenu numérique n’est plus une simple activité individuelle ou un loisir lié aux réseaux sociaux, mais elle s’est transformée en un secteur vital qui façonne l’image des pays et reflète leur dynamisme culturel et économique.
De son côté, l’Algérie a commencé à prendre conscience de cette importance et a rapidement exprimé son intention de tracer les contours de cette industrie et d’ouvrir le débat sur son avenir dans le pays, à travers l’organisation d’une rencontre nationale avec les créateurs de contenu, hier mardi, sous la supervision des ministères de la Poste et de la Communication, et en présence du représentant du président de la République chargé de la direction générale de la communication à la présidence.
Un paysage numérique en gestation
On peut qualifier le contenu numérique algérien de secteur en phase de transition. D’un côté, une forte présence de jeunes sur les plateformes virtuelles témoigne de leur capacité à s’imposer dans les domaines du divertissement, de l’éducation et même du débat social. De l’autre, ce paysage souffre de l’absence d’un cadre juridique clair, de dérives éthiques fréquentes, que d’une domination de formats superficiels qui ne reflètent pas nécessairement le potentiel culturel et scientifique des Algériens.
Lors de cette rencontre, les participants ont été confrontés à cette contradiction : entre l’ambition de bâtir une véritable industrie numérique et une réalité marquée par le manque de régulation et de soutiens économiques. Les créateurs de contenu se trouvent aujourd’hui face à une lourde responsabilité, d’autant plus que l’État algérien a braqué les projecteurs sur cette industrie en raison de son impact croissant sur la société à tous les niveaux.
Créativité entre liberté et responsabilité
D’après les ministères organisateurs, les discussions matinales ont insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre liberté de création et responsabilité éthique. À l’heure où les plateformes s’ouvrent à tous, une question essentielle se pose : comment protéger la liberté d’expression sans sombrer dans les discours de haine ou la médiocrité ? Comment préserver la cohésion sociale face à des propos clivants ou des écarts qui creusent jour après jour les divisions entre citoyens et fragilisent l’image d’unité nationale ?
Ce défi impose aux autorités de mettre en place un cadre juridique souple, reconnaissant la création de contenu comme un secteur à part entière, au même titre que la presse ou l’industrie cinématographique.
La dimension économique
Il est évident que l’industrie du contenu ne peut reposer uniquement sur le bénévolat ou la passion personnelle. L’idée du contenu comme ressource économique a donc été avancée lors des ateliers : une ressource capable de créer des emplois et de dynamiser l’entrepreneuriat, notamment à travers le statut d’autoentrepreneur.
Mais transformer cette ambition en réalité nécessite un environnement d’investissement favorable et des plateformes algériennes capables d’accueillir et de canaliser les talents, afin d’éviter l’exode de la créativité vers les plateformes étrangères, ou la domination de contenus médiocres qui contribuent aujourd’hui à fragiliser des valeurs et des repères autrefois solides au sein de la société.
Formation et professionnalisation
L’un des points essentiels de la rencontre a été l’importance de la formation juridique et technique des créateurs de contenu. La pratique professionnelle ne peut reposer uniquement sur l’inspiration, mais exige une connaissance des lois, des droits de propriété intellectuelle, ainsi que des outils de production et de diffusion. Universités, centres de formation et institutions privées ont donc un rôle clé à jouer en mettant en place des programmes spécialisés.
Une industrie numérique à identité algérienne
Le plus grand défi pour développer et « sécuriser » l’industrie du contenu reste celui de l’ancrage d’une identité algérienne dans l’espace numérique mondial. Le contenu algérien doit refléter la diversité culturelle et linguistique du pays et offrir une image différente de l’Algérie, loin des stéréotypes. Mettre en avant la dimension scientifique, culturelle et artistique peut permettre au contenu algérien de devenir un acteur influent à l’échelle régionale et internationale.
Vers une démarche consultative continue
La rencontre d’hier n’est qu’un point de départ. Elle s’est conclue par assurer la continuité de cette initiative à travers d’autres rendez-vous, qui auront lieu avant la fin de l’année, dans le but d’élargir la participation et d’ouvrir le champ à tous les acteurs. L’objectif est de bâtir une vision nationale intégrée pour l’industrie du contenu. Mais la prochaine étape exigera une volonté politique, un soutien institutionnel et une implication plus large des créateurs eux-mêmes, afin que l’industrie numérique ne reste pas un simple slogan, mais devienne une force douce reflétant l’image de l’Algérie nouvelle.
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