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La Ligue "échoue" à l’épreuve de géographie

L’"équité sportive" renvoyée à une date indéterminée...

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Une décision récemment prise par la Ligue Inter-Régions de football a suscité une vague d’indignation sans précédent au sein de nombreux clubs, à cause d’une répartition jugée injuste et même suspecte des équipes au sein des quatre groupes (Est, Ouest, Centre-Est et Centre-Ouest), à l’exclusion des groupes Sud-Est et Sud-Ouest.

En se référant au communiqué officiel publié par la Ligue sur son site, daté du 12 juin 2025 à 22h32, soit avant la réunion du 19 juin avec les clubs, on relève une flagrante contradiction entre les promesses affichées et les actes concrets. Le communiqué promettait en effet l’instauration du « principe d’équité sportive et un meilleur équilibre entre les groupes », dans le but de garantir une compétition plus équitable. Or, lors de la réunion, la Ligue a persisté à maintenir la répartition en vigueur depuis plusieurs saisons, sans préavis, faisant fi de ses propres engagements.

Ce qui a encore accentué la polémique, c’est le revirement soudain de la Ligue concernant son intention de revoir la composition des groupes, bien qu’elle ait affirmé que cette décision était le fruit d’une étude approfondie reposant sur des données objectives et techniques. Ce volte-face n’a fait qu’alimenter le soupçon selon lequel les décisions de la Ligue relevant plus de l’improvisation que d’une réelle volonté de réforme, laissant planer le doute sur l’intégrité de ses intentions. Désormais, la notion d’« équité sportive » semble pencher vers certains clubs jouissant d’un traitement de faveur au détriment d’autres.

Une injustice géographique flagrante

Après une étude dite "approfondie", et alors que le contenu du communiqué de la Ligue Inter-Régions avait été interprété verbalement par plusieurs présidents de clubs comme la volonté de ses responsables de transformer la compétition en un véritable "championnat national", à travers un "meilleur équilibre entre les différentes poules", la réalité à laquelle ont été confrontés les responsables des clubs lors de la réunion de jeudi dernier a été tout autre : ladite "étude approfondie" s’est littéralement effondrée en moins d’une minute.

Les participants ont en effet été informés, dès l'ouverture de la séance, de l’annulation pure et simple de l’objet même de la convocation, à savoir l’ajustement de la répartition des groupes. L’instauration d’une "justice sportive" est donc reportée à une date indéterminée, au prétexte du "refus" de certaines formations, sans que cela ne soit débattu publiquement, ni même acté officiellement au cours de cette réunion devant l’ensemble des clubs affiliés à la Ligue Inter-Régions.

Avec l’abandon du projet visant à donner une dimension nationale au championnat Inter-Régions, et l’absence de toute réforme garantissant une équité dans les distances de déplacement, la Ligue a pris une autre décision, encore plus déroutante, qui démontre que les fameuses "études approfondies" et les "données objectives et techniques" ne sont rien d’autre qu’un vernis de façade.

Le contraste entre le discours et les actes du président de la Ligue, Azzedine Ben Mohamed, révèle que l’instance a sciemment promu une réforme qu’elle n’avait ni l’intention ni la volonté de mettre en œuvre, comme l’atteste son échec flagrant à l’épreuve de la géographie, en procédant à une répartition inéquitable des clubs sur les quatre groupes… après une supposée étude "approfondie".

Et puisque, pour ceux qui l’ignoreraient, la superficie de l’Algérie est de 2 381 741 km², il est évident que les distances entre l’est et l’ouest représentent un fardeau logistique et financier immense pour les clubs de troisième division, aux moyens très limités.

Pourtant, le principe d’un rééquilibrage régional, s’il avait été sincèrement appliqué, aurait permis d’atteindre un minimum d’équité sportive, notamment entre les groupes Centre-Est et Centre-Ouest.

En effet, les clubs de la poule Centre-Est doivent effectuer des déplacements plus nombreux et plus lointains, contrairement à ceux de la poule Centre-Ouest, qui se retrouvent entre équipes provenant majoritairement des wilayas proches comme Blida, Alger, Médéa ou Tipaza, disputant ainsi un championnat au profil quasi-local.

Alger plus proche de l’Est que Blida

Ce qui s’est produit lors de la réunion de jeudi a non seulement choqué les représentants des clubs, mais a également soulevé de sérieuses interrogations, lorsque la Ligue Inter-Régions a décidé — sans la moindre justification et en l'absence des dirigeants du club concerné — de transférer l’US Blida vers le groupe Centre-Est, à l'issue d’un simple tirage au sort.

Dans le même temps, le nouveau promu, l’AS Ain Benian (club d’Alger), a été versé dans le groupe Centre-Ouest, alors même que, géographiquement, l’US Blida aurait été mieux placée dans cette poule. Et pour cause : l’AS Ain Benian a remplacé le club d’El Khadra, relégué de la poule Centre-Est vers le régional, ce qui rend la décision d’autant plus incompréhensible.

En l’absence de toute boussole géographique apparente dans la gestion de la Ligue, il convient de rappeler à ses responsables que ce qui est enseigné dans les programmes scolaires algériens — à tous les niveaux d’apprentissage — indique clairement que la wilaya d’Alger est plus à l’est que celle de Blida.

Par simple logique géographique, l’AS Ain Benian aurait dû être intégrée au groupe Centre-Est, et l’US Blida au groupe Centre-Ouest.

Toute autre lecture de la carte revient à forcer artificiellement une répartition incohérente, prouvant que la Ligue Inter-Régions ne maîtrise ni les distances ni les orientations, malgré ses déclarations sur une prétendue "étude approfondie".

Une "bombe à retardement" pour déstabiliser le championnat

La réunion de la Ligue Inter-Régions s’est soldée par un véritable scandale, allumant inutilement un feu de discorde entre les clubs. Le fiasco géographique dans lequel la Ligue s’est empêtrée a d’ores et déjà placé le championnat inter-régions sur une ligne de crête explosive, en ravivant les tensions et en semant le doute quant à l’équité du processus décisionnel.

Nombre de clubs estiment aujourd’hui que l’"étude approfondie" invoquée par la Ligue n’a finalement reposé que sur des bases non objectives, ni techniques, et que le copinage semble désormais primer sur les principes d'équité. En effet, l’appartenance au groupe Centre-Ouest, caractérisé par des déplacements courts, constitue un avantage logistique majeur, comparé au groupe Centre-Est, dont les longues distances confèrent au championnat un caractère quasi national. À ce titre, les groupes Est et Centre-Est s’avèrent bien plus exigeants en matière de déplacements que les groupes Ouest et Centre-Ouest, à la configuration nettement plus locale.

Dans l’attente d’une révision par la Fédération de cette "décision scandaleuse", et de l’annulation du calendrier élaboré à la hâte pour imposer un fait accompli, la démarche de la Ligue Inter-Régions est perçue comme une véritable bombe à retardement, synonyme d'une tentative préméditée de déstabilisation du prochain championnat, bien avant son coup d’envoi.