Les services de sécurité ont entamé une enquête sur les circonstances du drame survenu au stade du 5-Juillet à Alger, ce samedi, lors du match opposant le Mouloudia d’Alger à l’ES Magra, qui a fait, selon un premier bilan, trois morts parmi les jeunes supporters.
Immédiatement après l’incident, des unités de la police, accompagnées de la police scientifique, se sont rendues sur les lieux afin de collecter des données et des preuves matérielles pour faire toute la lumière sur les faits et établir les responsabilités.
Des images et vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont révélé qu’un mouvement de foule avait débuté depuis les gradins supérieurs, déclenché apparemment par une rixe générale ou une forme de célébration, provoquant des chutes en chaîne semblables à des dominos. Certains supporters ont été projetés vers le bas après l’effondrement de la barrière de séparation, aboutissant à l’un des pires drames dans l’histoire du football algérien, depuis l’effondrement du toit du stade du 20-Août-1955 à Alger lors du match entre le Nasr Hussein Dey et le Mouloudia d’Alger en 1982.
D’autres images partagées montrent l’état déplorable de cette barrière, rongée par la rouille et fortement dégradée, ce qui explique son effondrement. Une barrière qui n’a fait l’objet d’aucune inspection ni rénovation depuis l’inauguration du stade olympique du 5-Juillet.
Le bilan aurait pu être bien plus lourd si des jeunes de l’équipe U17 du Mouloudia d’Alger ainsi que des agents de la direction de la jeunesse et des sports, présents sous les tribunes en préparation de la cérémonie de remise du trophée, n’avaient pas quitté les lieux quelques secondes avant l’effondrement, après que plusieurs fumigènes allumés en célébration soient tombés devant eux.
Ce n’est pas la première fois que le stade du 5-Juillet est le théâtre d’un tel drame. En septembre 2013, lors du derby algérois entre l’USM Alger et le Mouloudia d’Alger, deux supporters de l’USMA avaient trouvé la mort après la chute d’une partie des gradins (tribune 13). Le stade avait alors été fermé et les gradins reconstruits, mais la barrière de séparation, quant à elle, n’avait subi qu’un simple coup de peinture.
Malheureusement, les leçons n’ont pas été tirées, et aucune mesure préventive n’a été prise pour éviter la répétition de telles tragédies. Plusieurs facteurs ont contribué directement ou indirectement à cette nouvelle catastrophe, notamment la mise à l’écart du rôle de la Commission nationale de qualification des stades, rattachée au ministère des Sports et instituée par décret n°180-09 de l’année 2009. Cette commission était censée suivre les aspects techniques et sécuritaires des stades algériens et délivrer des autorisations renouvelables annuellement.
De même, plusieurs lois et décrets exécutifs adoptés en 2015, définissant les modalités d’organisation des manifestations sportives, ont été ignorés. Ces textes prévoient notamment la réduction du nombre de spectateurs lors de matchs importants et décisifs.
À ce propos, le nombre de personnes présentes au stade du 5-Juillet pour le match d’hier dépassait largement le quota des 50 000 billets mis en vente, auxquels s’ajoutaient 8 000 cartes d’invitation. Cela s’explique par certaines pratiques déviantes devenues habituelles lors de ce type de rencontres, avec l’entrée illégale de nombreux individus sans billets, souvent facilitée par diverses parties impliquées.
Par ailleurs, parmi les mesures négligées figure aussi l’obligation de la présence d’agents de stade autour des gradins, recommandée lors des compétitions CHAN et CAN suivant les consignes de la CAF. Ces zones sensibles ont été abandonnées sous la pression des groupes ultras, ce qui a poussé agents et policiers à se retirer, laissant ainsi ces espaces vulnérables, comme celui d’où les supporters ont chuté hier.
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