Qui succédera à Goudjil à la présidence du Conseil de la Nation ?

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Les élections du renouvellement partiel des membres du Conseil de la Nation ont eu lieu hier pour élire 58 nouveaux membres parmi 426 candidats, dans des conditions organisationnelles rigoureuses et avec une grande affluence des électeurs.
L'Autorité nationale indépendante des élections a indiqué que le scrutin s’est déroulé dans de bonnes conditions, bien que des sources partisanes aient signalé certaines irrégularités à la veille des élections. L'Autorité a précisé que "toutes les conditions matérielles et humaines nécessaires, telles que le matériel et les documents électoraux, ont été fournies, avec la présence d'observateurs des partis et des indépendants, ainsi que des encadreurs issus du corps judiciaire et des greffiers, en plus des coordinateurs au niveau des bureaux de vote."
Après les élections de renouvellement partiel du Conseil de la Nation, l'attention se tournera vers la liste du tiers présidentiel, qui sera annoncée avant l'installation du nouveau Conseil, prévue pour la fin du mois. Cette liste suscite un intérêt particulier en raison de l’inclusion de potentiels candidats à la présidence du Conseil, succédant à Salah Goudjil, qui a occupé ce poste entre avril 2019 et mars 2025, dont deux années par intérim.
Les élections de renouvellement partiel dissimulent également un autre enjeu important, à savoir, le choix du futur président du Conseil de la Nation, dont on se demande s’il s’agira d’une personnalité de la "génération de la révolution" ou de celle de l'indépendance.
Certains estiment que l'Algérie a besoin d'une figure politique influente, dotée de souplesse, d’expérience diplomatique, législative et gouvernementale, capable d'insuffler une nouvelle dynamique au travail parlementaire et de soutenir le président de la République en cas de besoin, notamment dans le cadre de missions diplomatiques telles que la participation à des conférences internationales et la représentation des positions de l'Algérie lorsque les plus hautes autorités politiques ne souhaitent pas prendre la parole. Un rôle que les présidents du Conseil de la Nation précédents ont su bien assumer.
Pour être élu président du Conseil de la Nation, le candidat doit satisfaire aux conditions énoncées à l’article 87 de la Constitution (qui concerne les conditions d'élection du président de la République), un cadre naturel et logique, car le président du Conseil de la Nation peut remplacer le président de la République dans certaines circonstances (vacance du poste en raison de la mort, démission ou incapacité), comme l’indique l’article 94 de la Constitution.
Les principales conditions pour se présenter à la présidence du Conseil de la Nation sont la présentation d'une preuve de nationalité d'origine, la jouissance exclusive de la nationalité algérienne sans double nationalité, la pratique de la religion musulmane, un certificat médical établi par des médecins assermentés, une attestation de résidence continue en Algérie durant les dix dernières années et la déclaration des biens.
Selon les estimations du Conseil, il existe au moins 15 sièges vacants dans la liste de la majorité présidentielle, mais ces sièges ne sont pas nécessairement choisis dans une même liste. Il est d'usage de laisser certains sièges vacants en attendant que des noms soient ajoutés ultérieurement.
Cette majorité présidentielle a un large impact politique en raison de ses composants et de son rôle. Depuis la création de la chambre haute en 1998, elle a inclus des figures politiques, des anciens ministres, des compétences spécialisées et des représentants d'organisations, en application de la dernière partie de l'article 121 de la Constitution, qui stipule que "le président de la République nomme le tiers des membres du Conseil de la Nation parmi des personnalités nationales et des compétences nationales dans les domaines scientifiques, professionnels, économiques et sociaux." En termes de rôle, elle agit souvent comme un contrepoids, anticipant la prise de pouvoir par une opposition dans la chambre basse.
Les membres actuels et futurs de cette majorité présidentielle auront des responsabilités législatives et politiques importantes pour le nouveau mandat, notamment en raison du renouvellement des membres élus localement ces dernières années, en raison des restrictions constitutionnelles limitant la présence des hommes politiques expérimentés soumis aux règles de limitation des mandats parlementaires et des lois anti-corruption visant à éliminer les figures de l’ancien régime.
Avec la prévision d’un déclin de l'influence des partis traditionnels, notamment le Front de libération nationale, le tiers présidentiel devra réguler le travail législatif et de contrôle, particulièrement avec la richesse de la prochaine législature qui comprendra l'examen des lois sur les collectivités locales en préparation et les projets législatifs approuvés par l’Assemblée populaire nationale, y compris les lois sur les partis et les associations et les missions diplomatiques spécifiques au parlement.
Un amendement constitutionnel limité pourrait également être à l’ordre du jour, visant à lever certaines restrictions imposées par les révisions successives de la Constitution algérienne concernant le choix des membres du parlement et certaines institutions consultatives, notamment la limitation des mandats, qui a privé l'Algérie de nombreuses compétences politiques et parlementaires, et à corriger les lacunes apparues dans l'application de certaines lois, y compris le mode d'élection des membres du Conseil de la Nation.