Nation

« L’environnement numérique a rendu les Algériens exposés à plusieurs parties »

La protection des données personnelles au centre d’une journée d’étude à l’Assemblée populaire nationale

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Le président de l’Autorité nationale de protection des données à caractère personnel, Samir Bourahil, a indiqué que la protection des données personnelles ne concerne pas seulement une catégorie de citoyens, mais touche chacun, puisqu’elle est intimement liée à l’identité personnelle et numérique de tout individu, constituant ainsi un domaine où se croisent droits, libertés, technologies et économie.

Dans son intervention lors d’une journée d’étude organisée ce lundi à l’Assemblée populaire nationale, sous le thème : « Protection des données à caractère personnel à l’ère de la transformation numérique, de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle », il a affirmé que l’Algérie doit renforcer ses capacités face aux nouveaux défis et instaurer un environnement numérique sûr, garantissant la protection de la vie privée du citoyen et préservant sa dignité. Il a fait référence aux risques du cyberespace tels que la piraterie, la fraude, l’accès illégitime aux données personnelles et le vol d’informations utilisées ensuite dans diverses transactions.

Selon lui, la protection des données personnelles est devenue une nécessité absolue, relevant d’abord de la responsabilité de l’État avant celle des individus. Il a souligné l’émergence d’une « conscience collective » en constante progression quant à l’importance de protéger la vie privée dans un contexte de numérisation accélérée, ainsi qu’une « volonté partagée d’ouvrir un dialogue profond et responsable » sur la manière de concilier l’exigence de modernisation numérique et la préservation des droits fondamentaux du citoyen.

Pour le président de l’Autorité, cette question n’est pas simplement une démarche technique ou un choix administratif destiné à améliorer les services publics, mais constitue une mutation structurelle touchant le cœur de la relation entre l’État et le citoyen. La numérisation crée, selon lui, de nouveaux environnements pour vivre, interagir, s’exprimer et produire, tout en générant des risques croissants liés à l’atteinte à la vie privée, à la violation des données et à l’atteinte au droit à la protection de l’identité numérique.

Ces données représentent, explique-t-il, une ressource stratégique servant à la prise de décision économique, administrative et sécuritaire, ce qui rend leur protection une obligation « juridique, éthique et sociétale », reflétant le degré de respect des institutions pour le droit du citoyen à la confidentialité et à la sécurité de ses informations.

Il a ajouté que cette « richesse numérique » constitue la ressource la plus précieuse de l’économie numérique mondiale : la majorité des transactions et services reposent désormais sur la collecte, l’analyse et le traitement des données à des fins commerciales, sanitaires, sécuritaires, électorales ou administratives. Cela expose l’individu comme jamais auparavant, face à des acteurs multiples pouvant manipuler ses données sans son consentement, sans qu’il en soit informé, ou en violation de ses droits fondamentaux.

Sur le plan juridique, le responsable a rappelé que la loi n°18-07, modifiée et complétée par la loi n°25-11, n’interdit pas le traitement des données personnelles, mais l’encadre en l’assujettissant à une série de conditions et d’obligations. Parmi les plus importantes : l’obtention du consentement explicite de la personne concernée, la définition précise de l’objectif du traitement, le respect du principe de proportionnalité entre les données collectées et la finalité recherchée, ainsi que la garantie de la sécurité et de la confidentialité des données durant toute la période de traitement.