Les sionistes croient aux signes de mauvais augure en politique. Ils considèrent que l’arrivée de leur délégation au Caire pour négocier les modalités d’application du plan Trump visant un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, un 6 octobre – date anniversaire de la traversée du canal de Suez par l’armée égyptienne en 1973 – est un mauvais présage. Pour eux, c’est une forme de moquerie et un rappel cuisant de la défaite militaire qui avait ébranlé l’entité sioniste et démoli le mythe de « l’armée invincible ».
Si l’on place ces nouvelles négociations décisives dans un contexte chronologique, on remarque qu’elles interviennent à la veille du deuxième anniversaire de l’attaque de la résistance palestinienne du 7 octobre 2023. Depuis cette date, l’entité sioniste a fixé une série d’objectifs : récupérer les prisonniers par la force, démanteler la résistance et ses armes, exclure le Hamas de la gouvernance de Gaza, et expulser les Palestiniens hors de l’enclave. Le gouvernement Netanyahou a continué à fonder toutes ses positions sur ces objectifs, malgré les évaluations militaires, sécuritaires et politiques internes qui démontraient clairement leur irréalisme, au vu de la situation sur le terrain et de l’évolution de la résistance, qui s’est révélée non seulement résiliente, mais impossible à écraser ou faire s’effondrer rapidement, contrairement aux espérances sionistes.
Deux ans après le déclenchement de cette guerre insensée, il est possible de dresser un bilan précis des objectifs affichés par l’entité sioniste, afin de déterminer si l’un d’entre eux a pu être atteint. Il faut aussi interroger le lien entre cet échec patent et le prix exorbitant payé par le peuple palestinien : près de 80 000 martyrs, des milliers de blessés, et une destruction massive touchant villes et quartiers entiers de la bande de Gaza. Les chiffres révèlent que, pendant 730 jours de guerre d’extermination, de famine et de nettoyage ethnique, l’armée d’occupation a provoqué une destruction estimée à 90 % de la bande de Gaza, larguant 200 000 tonnes d’explosifs. Le bilan humain est effroyable : 80 000 morts, dont 20 000 enfants (parmi eux, 1 000 nourrissons de moins d’un an), 12 000 femmes, et 9 000 disparus, dont certains encore sous les décombres ou dont le sort reste inconnu. Plus de 6 000 familles ont été entièrement anéanties, rayées du registre civil. On compte aussi 2 000 membres des équipes médicales et de la protection civile tombés, 245 journalistes tués, plus de 6 000 détenus, la destruction de 38 hôpitaux, des dégâts touchant 95 % des écoles, et des pertes matérielles estimées à environ 70 milliards de dollars.
Ce niveau de destruction est étroitement lié à l’incapacité d’atteindre les objectifs politiques et militaires que l’entité sioniste avait fixés au début de la guerre. Sur la question des prisonniers, l’armée d’occupation n’a réussi à en libérer aucun par la force ; seuls les échanges négociés par des médiateurs ont permis des libérations conditionnées. Ce dossier a constitué une pression constante sur l’entité sioniste tout au long du conflit, provoquant une division interne majeure et mettant le gouvernement Netanyahou en confrontation directe avec les familles des prisonniers et la société sioniste en général. Il a perdu, de fait, toutes ses cartes politiques.
Le gouvernement sioniste, à travers le plan des généraux et avec l’appui de l’administration américaine, a parié sur une expulsion systématique des Palestiniens hors de Gaza. Il a tenté de sonder la position de l’Égypte pour les transférer dans le Sinaï, puis en Jordanie et dans d’autres pays, sans succès. Les Palestiniens, malgré les déplacements internes, ont catégoriquement refusé de quitter leur terre. Ils ont démontré un attachement profond à Gaza, malgré les pressions et les tentatives de corruption via des offres américaines. Les États voisins ont également été sollicités, des informations manipulées ont circulé, suggérant que des pays comme la Libye ou l’Indonésie accepteraient d’accueillir des réfugiés. Mais le refus massif et populaire des Palestiniens de quitter leur territoire a renforcé la cause palestinienne, suscitant un large respect international.
Quant au démantèlement de l’armement de la résistance et l’exclusion du Hamas et des factions armées de Gaza, il est clair que ce sujet reste non négociable pour les Palestiniens. Cela s’est manifesté dans la réponse du Hamas au plan Trump, mais aussi dans la poursuite des opérations contre les forces d’occupation, y compris le tir d’une salve de roquettes il y a moins d’une semaine. L’entité sioniste a également tenté de propager une narration négative sur la résistance depuis le 7 octobre, en recyclant les mythes fondateurs du projet sioniste. Mais la réalité de la guerre d’extermination a retourné l’opinion publique mondiale contre l’entité sioniste, provoquant des changements profonds au sein des élites et des sociétés occidentales vis-à-vis de la cause palestinienne.
Les campagnes de boycott économique se sont intensifiées, plusieurs universités ont rompu leurs partenariats académiques avec les institutions de l’entité sioniste, et de nombreuses figures intellectuelles, politiques et médiatiques – y compris celles historiquement favorables à l’entité sioniste – ont adopté des positions critiques à son égard. L’entité sioniste n’a pas seulement échoué à atteindre ses objectifs militaires et politiques : elle a aussi perdu la bataille médiatique et de l’opinion publique, voyant la table se retourner contre elle à cause d’un rejet international croissant.
Dans ce même contexte, l’entité sioniste a échoué dans sa tentative de liquider la cause palestinienne ou de relancer la normalisation avec le monde arabe, un processus que la résistance a considérablement entravé. Les Palestiniens ont su provoquer un isolement politique de l’entité sioniste. Plusieurs pays ont adopté des positions fermes : la Colombie, la Finlande, l’Irlande, l’Espagne, entre autres. La revendication d’un État palestinien est revenue en tête de l’agenda international, avec une série de reconnaissances officielles inédites, notamment par la France et le Royaume-Uni.
Ces évolutions placent l’entité sioniste dans une posture de grand perdant, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan diplomatique et politique. L’entité sioniste ne fait pas face seulement à un échec dans la réalisation de ses objectifs de guerre, mais à des pertes politiques d’une ampleur inédite, deux niveaux distincts dans l’échelle d’évaluation des affrontements historiques entre l’occupation et la résistance.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.