Sifi Ghrieb demain à M’sila

La visite de travail que doit effectuer demain, mardi, le Premier ministre Sifi Ghrieb dans la wilaya n°28 (M’sila) pourrait se limiter à l’inauguration de l’usine de sidérurgie relevant de l’entreprise publique “Fondal”, située dans la zone industrielle de Drâa El Hadja, selon des informations émanant de la cellule de communication de la wilaya.

Cette usine, désormais rattachée à la Société publique algérienne de fonderies “Fondal”, filiale du groupe industriel métallurgique et sidérurgique “Imetal”, fait partie des actifs confisqués et transférés conformément aux conclusions de la dernière session du Conseil des participations de l’État. L’unité, remise il y a quelques mois, a été réhabilitée techniquement et opérationnellement en application des instructions du président de la République relatives aux biens et avoirs saisis par décision judiciaire définitive, ainsi que des orientations du ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique.

Dans le même cadre, le Premier ministre devrait également visiter et inaugurer un complexe industriel privé spécialisé dans la fabrication de remorques, grues, structures métalliques, laminage et fonderie, ainsi que dans la construction et l’assemblage de véhicules, équipements et accessoires automobiles. Ce projet, implanté sur le territoire de la commune de Magra, s’étend sur une superficie totale de 8.000 m² pour un investissement estimé à 172 milliards de centimes. Selon sa fiche technique, il devrait créer 115 emplois directs.

Bien qu’à première vue cette visite revête un caractère purement économique, elle suscite un vif intérêt parmi les acteurs du mouvement associatif et de la société civile, qui y voient une occasion de revendiquer un programme spécial et complémentaire susceptible de réduire les inégalités régionales et de placer M’sila au même niveau que les autres wilayas ayant bénéficié de grands projets structurants. Ces acteurs appellent à des décisions courageuses permettant de rétablir le rang économique et stratégique de la wilaya n°28 et d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement.

Parmi les revendications prioritaires, figure la connexion de M’sila au projet de dessalement de l’eau de mer afin de garantir la sécurité hydrique à long terme, un projet annoncé par le passé mais resté lettre morte. S’ajoute à cela la demande d’accélérer l’ouverture des quatre hôpitaux de M’sila, Boussaâda, Sidi Aïssa et Hammam Dalaa, dont la livraison est en attente depuis près de dix ans.

Des représentants de la société civile ont également insisté sur la nécessité de reclasser le nouvel hôpital de 240 lits, dont l’ouverture est prévue avant la fin de l’année, en centre hospitalo-universitaire, afin d’améliorer la prise en charge médicale et la qualité des services de santé. Ils évoquent aussi des demandes urgentes, comme la création d’un centre de traitement à l’iode, la prise en charge locale des patients atteints de cancer, le raccordement de la wilaya à l’autoroute Est-Ouest, et la réalisation d’une voie express double entre M’sila et Bordj Bou Arreridj sur 60 kilomètres, afin de réduire les accidents mortels fréquents.

Les associations plaident également pour le soutien aux petites et moyennes entreprises afin de stimuler la relance économique et lutter contre le chômage, ainsi que pour la résorption du déficit en spécialistes médicaux dans les hôpitaux, notamment en anesthésie-réanimation, radiologie, gynécologie-obstétrique, ophtalmologie et cardiologie. Malgré l’envoi récent d’une mission médicale cubaine, la situation reste jugée insuffisante, ce qui nécessite l’intégration de médecins algériens pour renforcer la capacité locale du système de santé.

Les habitants espèrent que les nouveaux hôpitaux, dont l’ouverture est prévue pour la fin de l’année, deviendront de véritables espaces de soins modernes et non de simples structures administratives, à condition qu’ils soient dotés d’équipements médicaux de pointe, notamment d’appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM), essentiels pour un diagnostic rapide et précis et afin d’éviter les déplacements coûteux vers d’autres wilayas.

Ces revendications, portées depuis des années par la population et ses représentants, traduisent une volonté collective de sortir du retard structurel dont souffre M’sila depuis des décennies, malgré les fonds publics considérables investis. L’inscription de la wilaya dans les programmes nationaux de grands travaux apparaît désormais comme une urgence incontournable pour lui permettre d’accéder à un développement équilibré et durable.

La question reste posée : la visite du Premier ministre constituera-t-elle un signal fort en faveur d’un nouveau départ pour M’sila, ou se limitera-t-elle à une tournée à caractère économique, marquée par l’inauguration de projets anciens remis à neuf, sans vision globale pour le redressement d’une wilaya qui, selon beaucoup, reste à des années-lumière du développement national ?