L’arthrose, un problème de santé publique : Les personnes les plus exposées

Avec la baisse sensible des températures observée ces derniers jours dans différentes régions du pays, la souffrance des personnes atteintes de maladies osseuses et articulaires s’intensifie, notamment celles souffrant de rhumatismes, dont les douleurs s’aggravent en hiver. Bien que le froid ne soit pas une cause directe de ces maladies, il contribue largement à l’aggravation des symptômes et à l’augmentation des sensations de douleur et chez les patients.

Le spécialiste en maladies osseuses et articulaires, le docteur Belhadj Mustapha Samir, a expliqué dans une déclaration au journal El Khabar que l’effet du froid est principalement lié à la contraction des vaisseaux sanguins, ce qui entraîne une diminution de l’afflux sanguin vers les articulations et les muscles. Cette baisse provoque un déficit en oxygène et en nutriments au niveau des articulations atteintes d’inflammation ou d’arthrose, entraînant leur raideur et une augmentation de la douleur.

Il a ajouté que la dépression atmosphérique durant les périodes de froid provoque une dilatation relative du liquide articulaire, exerçant ainsi une pression sur les nerfs et accentuant la douleur, notamment chez les personnes souffrant d’inflammations articulaires ou d’usure du cartilage. La souplesse des tissus entourant l’articulation diminue également, tandis que les muscles qui la soutiennent s’affaiblissent, ce qui accroît la pression sur l’articulation touchée et rend les mouvements plus difficiles.

L’arthrose, maladie du siècle

L’arthrose, ou « arthrose dégénérative » selon la terminologie médicale, figure parmi les maladies articulaires les plus répandues. Elle est désormais considérée comme une maladie du siècle et constitue un véritable problème de santé publique. Les données sanitaires indiquent qu’elle représente une part importante des consultations quotidiennes dans les services de rhumatologie et d’orthopédie.

Dans ce contexte, la cheffe du service des maladies osseuses et articulaires à l’établissement hospitalier spécialisé de Douéra, la professeure Chafika Houichat, a affirmé que l’arthrose est devenue la première cause de consultations médicales chez les patients algériens, en raison de sa large propagation parmi toutes les tranches d’âge, y compris les jeunes.

Elle a précisé que toutes les articulations du corps peuvent être touchées, en particulier celles des mains et des genoux, notant également une augmentation des cas d’arthrose cervicale chez les jeunes. Elle a attribué cette évolution à la nature de certaines professions imposant de mauvaises postures ou des efforts prolongés, comme celles de tailleur, coiffeur ou encore les métiers liés à l’informatique.

Les femmes plus exposées

Concernant les catégories les plus touchées, la professeure Houichat a indiqué, dans une déclaration à El Khabar, que la maladie concerne les deux sexes, mais que les femmes y sont plus exposées. L’arthrose apparaît généralement après l’âge de 50 ans, correspondant à la période de la ménopause. Elle explique ce phénomène par les changements hormonaux, notamment la diminution de l’hormone œstrogène, qui joue un rôle essentiel dans la protection des articulations et du cartilage. Sa carence favorise l’inflammation et accélère la dégradation cartilagineuse.

Facteurs maîtrisables et non maîtrisables

La spécialiste a souligné l’existence de facteurs incontrôlables, tels que la prédisposition génétique et l’hérédité, certaines personnes étant biologiquement plus vulnérables en raison de la qualité de leur cartilage, ainsi que l’âge, dont l’impact s’est accentué avec l’augmentation de l’espérance de vie des Algériens.

En revanche, elle a insisté sur l’existence de facteurs sur lesquels il est possible d’agir, à commencer par l’obésité, considérée comme l’une des principales causes de l’arthrose en raison de la pression mécanique excessive exercée sur les articulations, mais aussi de son effet enzymatique, les cellules graisseuses sécrétant des substances favorisant l’inflammation et l’usure du cartilage. Elle a également mis l’accent sur l’importance d’une alimentation saine, en évitant les graisses saturées et en privilégiant les aliments riches en oméga-3 et en antioxydants, bénéfiques pour la santé articulaire.

Les maladies chroniques augmentent le risque

Dans le même sillage, des recherches médicales indiquent que les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques, telles que le diabète, l’hypertension artérielle ou l’hypercholestérolémie, sont davantage exposées au risque de développer l’arthrose. Des statistiques scientifiques révèlent que les personnes souffrant de trois à quatre maladies chroniques présentent un risque de dégradation cartilagineuse pouvant atteindre le double par rapport aux autres.