La Cour criminelle près le Conseil judiciaire de M’sila, lors de sa session en cours, a condamné le dénommé H. R., policier exerçant à la sûreté de la wilaya d’Annaba, pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, crime qui a coûté la vie à quatre membres d’une même famille : son épouse, ses beaux-parents et son beau-frère cadet. La juridiction a prononcé la peine de mort à son encontre. Cette affaire est revenue sur le devant de la scène locale après le pourvoi en cassation introduit à la fois par le parquet et par l’accusé.
Les faits de ce crime particulièrement grave, déjà rapportés en leur temps par le journal El Khabar, remontent au 24 juillet 2020, lorsque les habitants de la ville se sont réveillés sur un drame survenu dans le quartier populaire de La Rocade.
L’affaire s’est rapidement éclaircie lorsqu’il a été établi que l’auteur des faits était un policier relevant de la sûreté d’Annaba, qui s’était rendu à M’sila et avait tué son épouse, ses parents et son frère cadet, avant de se rendre de lui-même au commissariat urbain du quatrième arrondissement, situé à proximité du lieu des faits.
Témoignage du grand-père
Lors de l’enquête, l’accusé a reconnu avoir utilisé son arme de service à la suite d’un différend avec la famille de son épouse, après le refus de celle-ci de retourner au domicile conjugal. Selon ses déclarations, il se trouvait dans un état de colère extrême au moment des faits.
La réunion familiale, qui s’était déroulée dans un climat apparemment calme autour d’un café matinal, a brusquement tourné au drame. L’accusé a affirmé qu’il avait agi sous l’emprise d’une forte tension émotionnelle et qu’il n’avait repris conscience qu’après avoir constaté l’ampleur de l’acte commis. Le fils aîné de la famille n’était heureusement pas présent au moment des faits, ce qui lui a sauvé la vie.
Revenu devant la cour après l’appel, à la suite d’une première condamnation à mort prononcée plusieurs mois auparavant, l’accusé a tenté de mettre en avant son état psychologique à l’époque, affirmant avoir perdu tout espoir de réconciliation avec son épouse. Il a également déclaré avoir envisagé de mettre fin à ses jours après les faits, avant d’y renoncer.
Cependant, ces déclarations ont été contredites par le témoignage du grand-père des victimes, qui a indiqué qu’en entrant dans la maison après avoir entendu des coups de feu, il avait assisté aux derniers instants de sa belle-fille, affirmant que l’accusé agissait en pleine conscience de ses actes.
Le témoin a précisé que tout s’était déroulé en très peu de temps et que l’accusé avait quitté les lieux après avoir appelé sa mère pour lui annoncer ce qu’il venait de faire, avant de se rendre aux services de sécurité pour se livrer.
Interrogé par la cour sur l’état émotionnel de l’accusé, le témoin a affirmé que celui-ci ne présentait aucun signe de remords ou de désorientation, mais semblait pleinement conscient de ses actes.
Le parquet : « Quelle est la faute de toute une famille ? »
Le second témoin, le fils aîné — unique survivant — a indiqué que des différends conjugaux existaient entre sa sœur et son mari, mais qu’il les considérait comme des conflits familiaux ordinaires susceptibles d’être résolus. Il a toutefois reconnu que sa sœur lui avait confié, à plusieurs reprises, avoir reçu des menaces de mort de la part de son époux.
La défense de la partie civile a de nouveau appelé à l’application effective de la peine capitale, estimant qu’elle constitue un moyen de dissuasion face à ce type de crimes, et rappelant que cette sanction est appliquée dans plusieurs pays. Elle a souligné que, selon elle, il s’agit d’un principe de justice conforme aux préceptes de la charia islamique.
De son côté, le représentant du ministère public a affirmé que l’affaire ne laissait place à aucun doute quant à la préméditation, s’interrogeant : « Quelle est la faute d’une famille entière ? Comment un différend pouvant être réglé par d’autres moyens peut-il conduire à ôter la vie à plusieurs personnes ? »
Il a requis la peine de mort, que la cour a finalement prononcée, décision accueillie avec un large soulagement par l’opinion publique locale.
Il convient de rappeler que cette affaire avait suscité une vaste mobilisation sur les réseaux sociaux, réclamant l’application du verdict initial rendu par le tribunal de première instance il y a plus de quatre ans.
Après cassation par la Cour suprême, la Cour criminelle du Conseil judiciaire de M’sila a rejugé l’accusé lors de sa session en cours et a confirmé la condamnation à mort, décision demeurée inchangée après l’épuisement de toutes les voies de recours.
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