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Sahara occidental : La position du (PP) espagnol ébranle les fondements du Makhzen

Après avoir invité le Front Polisario à son 21ᵉ congrès.

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En invitant le Front Polisario à son congrès le week-end dernier, le Parti populaire espagnol (PP), principal parti d’opposition, a réhabilité la position initiale de l’Espagne fondée sur le respect du droit international et la revendication de l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.

Cette position a ébranlé les fondements du régime du Makhzen, dont la machine de propagande n’a pas tardé à qualifier le Parti populaire espagnol d’« ennemi du Maroc », au motif qu’il avait invité le Front Polisario à son 21e congrès et respecté la volonté de ses militants, opposés à l’alignement de Pedro Sánchez et de son Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) sur la position du régime occupant marocain.

Carmelo Barrio, porte-parole du Parti populaire au Parlement basque, a déclaré sur le réseau social X (anciennement Twitter) : « Nous avons tendu la main à ce peuple sahraoui frère ».

La résolution adoptée lors du congrès prévoit, si le Parti populaire accède au pouvoir, de placer les relations de Madrid avec Alger et Rabat sur un pied d’égalité, tout en réaffirmant le caractère espagnol de Ceuta et Melilla.

Un média de propagande du Makhzen a réagi en ces termes : « Le Parti populaire a adopté une position hostile au Maroc dans le but de marquer son opposition au soutien du gouvernement espagnol à la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara, et de mettre dans l’embarras les socialistes et leur chef, Pedro Sánchez ».

Le Parti populaire, dirigé par Alberto Núñez Feijóo, est aujourd’hui plus proche que jamais d’un retour au pouvoir, profitant des scandales de corruption ayant terni l’image du Parti socialiste espagnol. Depuis le revirement de Pedro Sánchez en mars 2022 — illustré par sa célèbre lettre — ce dernier est devenu un pion au service des desseins expansionnistes du Makhzen, sous l’effet du scandale d’espionnage dont ont été victimes Sánchez lui-même, son épouse, ainsi que ses ministres de l’Intérieur, de la Défense, et même le chef des services de renseignement espagnols (CNI).

Le Parti socialiste espagnol agit désormais comme avocat du Makhzen au sein des institutions européennes, privant ainsi le Front Polisario de tribunes lui permettant de réclamer l’application de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 4 octobre 2024.

Il convient également de mentionner que le régime du Makhzen a mobilisé ses pions médiatiques, comme Pedro Altamirano, ancien rédacteur en chef du journal La Hora de África, actif sur la plateforme X. Ce dernier collabore depuis des années avec les services de renseignement marocains, poussé par des intérêts économiques et une quête de notoriété, selon le rapport C/6387 du Centre national du renseignement espagnol (CNI), daté du 24 juin 2021, et publié par le journal El País.

Par ailleurs, la diffusion prochaine de la mini-série documentaire intitulée « L’île de Perejil, la guerre qui n’a pas eu lieu », qui retrace l’affrontement survenu en juillet 2002 entre l’Espagne et le Maroc au sujet de ce petit îlot, occupé par les Marocains pendant une semaine avant d’en être délogés par les forces espagnoles, pourrait mettre dans l’embarras les autorités marocaines.

Bien que la série n’ait pas encore été diffusée, elle est programmée pour jeudi 10 juillet et fait déjà les gros titres de la presse marocaine.

Produite par la société El Terrat, la série adopte essentiellement une lecture espagnole de ce conflit, à travers les témoignages de certains de ses protagonistes. Aucun responsable marocain de l’époque n’a accepté d’être interviewé, probablement parce que la décision d’occuper l’île de Perejil avait été prise au palais royal — un sujet toujours tabou et interdit de débat à ce jour.