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Les joueurs étrangers en Ligue 1 professionnelle : la vérité occultée

Un écart important entre l’investissement financier et la réalité sur le terrain

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La faible représentation des joueurs étrangers dans le championnat de Ligue 1 professionnelle, à l’occasion des prochaines phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc, relance le débat sur l’impact réel de ces joueurs par rapport aux dépenses considérables supportées par les finances publiques chaque saison, et souligne la nécessité d’une intervention urgente pour réévaluer la situation afin d’éviter la poursuite de ce « saignement » financier.

Tout d’abord, il convient de s’attarder sur les chiffres concernant les joueurs étrangers dans le championnat de Ligue 1 professionnelle pour la saison 2025-2026, qui comptaient 42 joueurs, dont 40 d’origines africaines, répartis sur la majorité des équipes de Ligue 1 professionnelle, avec un nombre variable d’un club à l’autre. Deux équipes seulement n’ont pas fait appel à cette catégorie de joueurs : l’ES Mostaganem et la Mouloudia de Saïda. Les 14 autres équipes ont utilisé cette option, avec des variations : certaines n’ont recruté qu’un ou deux joueurs, tandis que d’autres sont allées jusqu’à faire venir quatre ou cinq joueurs étrangers d’un coup, comme c’est le cas pour la Mouloudia d’Alger, la JS Kabylie, le MC Rouissat, le CS Sétif et la JS Saoura.

Cette répartition quantitative s’accompagne d’une grande diversité de nationalités : le championnat compte 20 nationalités différentes, réparties comme suit : Côte d’Ivoire : 7 joueurs, Sénégal : 4 joueurs, Ghana : 3 joueurs, Nigeria : 2 joueurs, Congo-Brazzaville : 2 joueurs, République démocratique du Congo : 2 joueurs, Mali : 2 joueurs, Guinée : 2 joueurs, Burkina Faso : 2 joueurs, Gambie : 2 joueurs, Liberia : 2 joueurs, Albanie : 2 joueurs, Togo : 1 joueur, Niger : 1 joueur, Tunisie : 1 joueur, Rwanda : 1 joueur, Botswana : 1 joueur, Madagascar : 1 joueur, Gabon : 1 joueur.

Seuls deux joueurs dépassent les 1000 minutes

Cependant, cette diversité ne s’est pas traduite positivement sur le plan de la participation effective. Après 12 journées (hors matchs retardés), un joueur titulaire devrait approcher les 1000 minutes de jeu, mais la réalité montre que ce seuil reste un cas exceptionnel. Seuls deux joueurs sur les 42 ont dépassé la barre des 1000 minutes : Chi Malone, défenseur camerounais de l’USM Alger, et l’attaquant gambien du CS Sétif, Silla Djibril. La grande majorité des joueurs reste loin de ce seuil, oscillant entre joueurs remplaçants et joueurs incapables de s’imposer dans leurs équipes.

Il convient de noter que quatre joueurs étrangers ont participé à moins de 100 minutes de jeu, et neuf joueurs n’ont joué qu’environ 200 minutes (en comptant l’attaquant gambien de la Mouloudia d’Oran, Juba Omar, avec 201 minutes), dont certains n’ont pas disputé une seule minute complète, comme le joueur du CS Constantine, Tapsouba, malgré le fait que plus d’un tiers de la saison soit écoulé, illustrant un écart important entre l’investissement financier et la présence réelle sur le terrain.

En termes de statistiques, la contribution offensive des 42 joueurs professionnels est très limitée : le total des buts marqués par les joueurs étrangers n’atteint pas 20 buts, avec la meilleure performance réalisée par le défenseur ghanéen Hamidou Fataoui du MC Rouissat, avec 4 buts. Certains joueurs, dont des attaquants, n’ont encore inscrit aucun but, tels que Watara (Olympique Akbou), Silla (RC Ben Aknoun), Youssef Dao (Paradou AC) et l’attaquant de l’USM Alger, Ernest, récemment libéré avec une indemnité financière conséquente, sans aucune contribution ou impact réel pour son équipe.

Seuls quatre joueurs participeront à la CAN

La faiblesse de l’impact technique des joueurs étrangers se révèle encore plus lorsqu’on la met en relation avec la compétition continentale majeure, la prochaine Coupe d’Afrique des Nations au Maroc. Malgré le grand nombre de joueurs étrangers en championnat algérien, la Ligue 1 ne fournira que quatre joueurs aux équipes participant au tournoi continental : Mohamed Zougrana de la Mouloudia d’Alger avec l’équipe nationale du Burkina Faso, Matouti de l’USM Khenchela avec l’équipe du Gabon, Edwin Mohatsewa de la Mouloudia d’Oran avec l’équipe du Botswana, et Chi Malone de l’USM Alger, convoqué à la dernière minute pour remplacer le défenseur camerounais Charles Castelito, blessé.

En revanche, la sélection du sélectionneur Vladimir Petkovic pour l’équipe nationale algérienne ne comprend que des joueurs locaux issus de la Ligue 1 : Zinedine Belaïd, défenseur de la JS Kabylie, et Osama Ben Bout, gardien de l’USM Alger, ce qui reflète également la faible influence du championnat au niveau national et continental, tant pour les joueurs étrangers que pour les talents locaux.

Face à ces données, la Ligue 1 professionnelle semble plus que jamais appelée à une véritable évaluation de sa politique de recrutement des joueurs étrangers, surtout au regard des sommes colossales dépensées chaque année et des dizaines de dossiers portés devant la FIFA, sans retour tangible sur le terrain.