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Une enquête danoise révèle l’implication du Maroc dans le génocide à Gaza

Plusieurs pays européens, tels que la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, ont récemment adopté des restrictions à l’exportation d’armes vers l'entité sioniste

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Une enquête menée par le journal danois "Ekstra Bladet" a révélé que le Maroc aurait accueilli des navires transportant des armes vers l’entité sioniste, utilisées dans la guerre contre Gaza, alors que l’Espagne avait refusé d’en autoriser l’accostage. Cette révélation a déclenché une forte indignation au sein de la société civile marocaine, qui rejette ce qu’elle considère comme une trahison de la cause palestinienne par le régime marocain.

Selon le journal danois, citant des entretiens exclusifs avec des ouvriers du port de Tanger Med, Vincent Clerc, PDG de l’entreprise maritime danoise A.P. Møller-Mærsk, s’est rendu au Maroc en décembre 2024 pour calmer la colère croissante des employés. Ces derniers avaient découvert que des navires de la compagnie transportaient du matériel militaire à destination de l’entité sioniste, après que les autorités espagnoles eurent refusé leur entrée au port d’Algésiras, en raison de suspicions de violation de l’embargo espagnol sur l’exportation d’armes vers l’entité.

L’article, publié le 18 mars dernier et repris par le site marocain "Lakome", décrit un climat tendu dans le port, marqué par des protestations de la part de travailleurs refusant de charger les cargaisons. 

Un ouvrier, sous le pseudonyme de "Mohamed", confie s’être senti "trompé" lorsqu’il a découvert la nature de la cargaison : véhicules blindés, pièces d’hélicoptères, fourgons de transport de détenus et équipements lourds, tous destinés au port de Haïfa.

Les travailleurs interrogés affirment avoir été fortement pressurés par la direction locale de Maersk à Tanger. Selon un autre employé, Ahmed, la majorité des ouvriers s’opposaient au chargement de ces armes, mais craignaient de perdre leur emploi, compte tenu de la précarité économique. 

Un troisième ouvrier, Saïd, confie "Je me sentais comme un criminel en participant au chargement. Ce qui se passe à Gaza est un génocide, et je contribue à tuer des innocents… Je suis certain que 99 % des Marocains pensent comme moi."

Les protestations ont rapidement dégénéré en manifestations dans le port et dans la ville de Tanger, rassemblant des citoyens venus de plusieurs villes marocaines.

Le journal souligne le double discours des autorités marocaines, qui déclarent soutenir un moratoire international sur l’exportation d’armes vers l’entité, tout en entretenant des relations militaires étroites avec Tel-Aviv, plaçant les ouvriers dans une position moralement intenable.

De son côté, Maersk a nié toute pression sur les ouvriers ou implication dans le transport d’armes, affirmant dans un communiqué que la visite de son PDG à Tanger était prévue depuis le printemps 2024 et n’avait aucun lien avec les cargaisons. Le porte-parole, Mikkel Elbek Linnet, a ajouté que les envois en question ne contenaient "aucune arme ni munition", mais seulement du "matériel lié à la défense", conforme à la législation internationale.

Cependant, les ouvriers ont assuré à Ekstra Bladet que les cargaisons étaient bel et bien **chargées sur les navires "Maersk Denver" et "Maersk Celestiar", et que les documents et l’inspection visuelle confirmaient leur nature militaire. Les autorités espagnoles ont d’ailleurs interdit l’entrée de ces deux navires les 9 et 14 novembre 2024.

Plusieurs pays européens, dont la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, ont récemment adopté des restrictions à l’exportation d’armes vers l’entité, en réponse aux appels des ONG internationales à suspendre tout soutien militaire à la guerre à Gaza.

Sur le plan local, le journal danois rapporte que le militant marocain Ismaïl Ghazaoui a été emprisonné deux mois après avoir appelé au boycott du travail dans le port de Tanger et organisé des manifestations contre le transfert d’armes vers l’entité, révélant une atmosphère de répression politique qui inquiète également les travailleurs.

Parallèlement, pour endiguer la colère interne, Maersk aurait organisé des activités sociales comme des parties de paintball ou de karting, ce que certains employés ont qualifié de manœuvres pour masquer la réalité des opérations.