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Europe–Gaza : Condamnations de façade ou tournant réel ?

Plusieurs pays européens ont dénoncé les violations commises par les forces d’occupation sionistes contre les civils sans défense à Gaza…, Toutefois, ces démarches sont-elles vraiment réelles et efficaces?

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Plusieurs pays du Vieux Continent ont récemment adopté un discours d’"escaladé" contre l'entité sioniste, à la fois sur le plan politique et médiatique, allant de la condamnation et la dénonciation à la menace de sanctions et de la révision du partenariat euro-israélien, en passant par la dénonciation des violations perpétrées par les forces d’occupation sionistes contre les civils sans défense à Gaza, en Palestine. Mais quelle est la sincérité et l'efficacité de ces démarches ? S'agit-il d’un jeu d’hypocrisie que l’Occident maîtrise à la perfection, ou d’un réveil tardif après que le masque est tombé ?

Après un an et demi de massacres d’enfants, de femmes et de personnes âgées à Gaza, certains pays européens se réveillent pour menacer Israël de sanctions, dans une démarche qui paraît d’abord absurde, se présentant comme un sursaut de conscience ou un acte de repentance face à l’atrocité de crimes sionistes sans précédent dans l’histoire contemporaine. Pourtant, cela ne serait, selon des observateurs, qu’un simple processus de reconfiguration et d’adaptation aux contextes et séquelles laissés par la guerre de Gaza sur les gouvernements occidentaux.

Ces positions trouvent leurs origines dans des calculs politiques internes, liés à la crainte des réactions populaires mondiales, ou dans des voix libres et isolées au sein de gouvernements dominés par les lobbys sionistes. Plus vraisemblablement encore, l’horreur des crimes commis a rendu le silence officiel une prise de risque qui pourrait exposer les pays européens à des tensions internes et révéler leur hypocrisie et leur double discours.

Sous la pression populaire, médiatique et politique, les capitales européennes n’ont trouvé d’autre choix que de céder, du moins en apparence, en s’éloignant de leur soutien inconditionnel à l'entité d’occupation, laquelle méprise les institutions et résolutions de la communauté internationale, même celles du Conseil de sécurité – la plus haute instance sécuritaire onusienne et mondiale.

Des observateurs excluent que ce "changement" ait un impact réel sur le terrain, étant donné que toute décision au niveau de l’Union européenne nécessite l’unanimité de ses membres, et qu’elle est en outre soumise à de nombreuses variables et considérations externes au siège de Bruxelles.

Certains pays sont allés récemment plus loin dans leur discours offensif, agitant la menace de sanctions, comme en témoignent les annonces officielles de la Norvège (non membre de l’UE), de l’Espagne, de l’Irlande et de la Slovénie, qui ont exprimé leur rejet absolu de la guerre d’extermination à Gaza, et leur intention de reconnaître l’État de Palestine. Par ailleurs, 17 pays sur les 27 de l’Union européenne ont soutenu la démarche de révision de la clause 2 (concernant le respect des droits de l’homme) de l’accord de partenariat avec l’entité sioniste.

Le 7 du mois en cours, six pays européens – l’Irlande, l’Espagne, la Slovénie, le Luxembourg, la Norvège et l’Islande – ont rejeté tout changement démographique à Gaza ou déplacement de sa population, le qualifiant de "transfert forcé et de crime au regard du droit international", soulignant que Gaza "fait partie intégrante de l’État de Palestine".

Autre illustration de cette évolution, le refus de 22 pays, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, du nouveau mécanisme proposé par Israël, en collaboration avec les États-Unis, pour la distribution de l’aide humanitaire à Gaza. Dans un communiqué conjoint daté du 19 mai, ces pays ont estimé que ce nouveau modèle "manque d’efficacité, conditionne l’aide à des objectifs militaires et politiques, et sape la neutralité des Nations unies".

Le changement de ton s’est également manifesté dans les propos de plusieurs États (la France, l’Angleterre, le Luxembourg) qui ont brandi la reconnaissance de l’État palestinien comme une nécessité politique pour "sauvegarder la solution à deux États", à la suite de la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par l’Irlande, l’Espagne, la Norvège et la Slovénie.

Ce qui est remarquable dans ce "tournant" c’est l’annonce par le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, lors d’une séance parlementaire le 20 mai dernier, de la suspension des négociations concernant l’accord de libre-échange avec Israël, ainsi que l’imposition de sanctions contre trois colons et deux organisations israéliennes impliquées dans des violences en Cisjordanie, qualifiant le blocus imposé à Gaza d’"immoral et injustifiable".

Toutefois, en réalité, cette "escalade" n’a eu aucun effet tangible sur le terrain. Au contraire, le gouvernement d’occupation a intensifié ses crimes et intensifié ses bombardements contre les civils, confirmant que Tel-Aviv ne prête aucune attention aux capitales européennes.