Monde

ONU: l'état de famine officiellement déclaré à Gaza

Plus de la moitié de la population de Gaza est en situation "d'urgence alimentaire" et 1 857 personnes ont été tuées en tentant d'accéder à de la nourriture

  • 12
  • 3:39 Min

L’organisme international chargé de surveiller la faim dans le monde — soutenu par les Nations unies — a annoncé, ce vendredi 22 aout 2025, devant le Conseil de sécurité qu’une famine officielle s’était déclarée dans la bande de Gaza. Il s’agit d’un fait inédit depuis le début de la guerre d’extermination il y a environ 22 mois.

De son côté, l’ambassadeur de l'entité sioniste auprès des Nations unies, Danny Danon, a rapidement critiqué cette décision, accusant l'organisme onusien de « modifier les critères pour servir le récit du Hamas », selon ses propos.


Trois critères stricts : la famine est devenue une réalité
La déclaration de famine repose sur trois critères rigoureux définis par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), tous remplis dans la bande de Gaza :

Plus de 20 % des foyers souffrent d’une insécurité alimentaire extrême.
Au moins 30 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë.
Au moins deux personnes meurent chaque jour de faim pour 10 000 habitants.
Il convient de noter que ce système n’a été utilisé que quatre fois depuis sa création en 2004 pour déclarer officiellement une famine, la dernière en date étant au Soudan en 2024.


Une famine qui frappe fort et menace de s’étendre au sud
La déclaration de famine concerne la ville de Gaza, incluant trois localités voisines et plusieurs camps de réfugiés, avec environ 500 000 habitants.

Selon une note consultée par le Telegraph britannique, « plus de 500 000 personnes à Gaza vivent actuellement dans des conditions catastrophiques, caractérisées par une faim extrême, un besoin urgent et un risque de mort ».

La note avertit que la famine pourrait s'étendre aux gouvernorats de Deir al-Balah et de Khan Younès d’ici la fin septembre, si la crise humanitaire continue de s'aggraver.


Plus de la moitié des Gazaouis en "urgence alimentaire"
Selon les données de l’ONU, 1,07 million de personnes — soit plus de la moitié de la population de Gaza — vivent dans une situation d’insécurité alimentaire d’urgence, tandis que 1,35 million ont désespérément besoin d’abris, en raison de la dégradation des camps surpeuplés et exposés à des conditions climatiques extrêmes.


Des morts causées par la famine et des risques liés à l’aide humanitaire
À Genève, Thameen al-Khaytan, porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU, a déclaré mercredi :
« Ce drame est la conséquence directe de la politique du gouvernement israélien visant à entraver l’accès à l’aide humanitaire. »

Il a ajouté que la quantité d’aide entrée dans la bande ces dernières semaines est « bien inférieure au minimum nécessaire pour éviter la propagation de la famine », soulignant que des victimes, y compris des enfants, continuent de mourir de faim.

Al-Khaytan a également décrit la situation à al-Mawasi — où des centaines de milliers de Palestiniens ont trouvé refuge après des ordres d’évacuation répétés de l’armée d'occupation — comme catastrophique : « pas de nourriture, pas d’eau, pas d’électricité, pas d’abri adéquat ».


« Accéder à la nourriture est devenu mortel »
Il a également révélé que 1 857 Palestiniens ont été tués depuis le 27 mai dernier alors qu’ils tentaient d’obtenir de la nourriture, la plupart étant abattus par l’armée d'occupation près des centres de distribution de l’ONG "Gaza Humanitaire" ou sur les routes empruntées par les convois humanitaires.


Une crise qui expose l’occupant à la communauté internationale
La déclaration de famine révèle l’ampleur de la crise humanitaire à Gaza, alors que les accusations contre l'entité sioniste de violations graves du droit international se multiplient, notamment en raison de son blocus systématique de l’enclave et de son refus d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahou — recherché par la justice internationale pour crimes de guerre — fait face à une pression internationale croissante, surtout après la diffusion d’images d’enfants affamés. Et ce, malgré les démentis officiels affirmant qu’il n’y a pas de famine, comme l’a répété Netanyahou pour se dégager de toute responsabilité.


Une famine reconnue pour la première fois dans l’histoire de Gaza
Pour la première fois de son histoire, la bande de Gaza est confrontée à une famine reconnue au niveau international, avec des souffrances sans précédent pour la population et des signes de catastrophe encore plus grave à venir dans les semaines à venir.

Cette situation place la communauté internationale face à une épreuve cruciale : celle de sa capacité à agir pour mettre fin à l’une des pires catastrophes humanitaires du XXIe siècle.