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Maroc: de la normalisation à l'occupation

L’entité a conclu 20 accords de coopération avec le Makhzen et s’est infiltrée dans les rouages du pouvoir

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C’est ainsi que des universitaires et des associations syndicales décrivent et résument la situation actuelle au Maroc, avertissant du sort du pays, désormais devenu un outil entre les mains de l’occupation sioniste. Les lobbys sionistes se sont profondément infiltrés dans les rouages du pouvoir, alors que les accords de normalisation entre Rabat et Tel-Aviv se multiplient à un rythme soutenu. À ce jour, on compte une vingtaine d’accords dans divers domaines, dont une majorité touche aux secteurs militaire et sécuritaire. La situation a atteint un point tel que des citoyens marocains se voient expulsés de leurs logements, occupés ensuite par des sionistes sous prétexte de les « récupérer ».

Saïd Moulay Taj, membre du bureau central de l’Instance marocaine de soutien aux causes de la nation, a mis en lumière dans un article intitulé « Les dangers de la normalisation et les moyens d’y faire face » l’ampleur de l’infiltration sioniste au Maroc. Il affirme que le terme normalisation est aujourd’hui insuffisant pour décrire la situation marocaine. Il pose cette question : « Ne sommes-nous pas face à une nouvelle forme d’occupation, de colonisation, de domination, d’atteinte à la souveraineté nationale, à la décision et à l’indépendance du pays ? »

Selon le juriste marocain, les dangers de la normalisation se manifestent en six points essentiels, la violation de la souveraineté nationale, l’effacement de l’histoire du Maroc en tant que soutien aux droits légitimes du peuple palestinien, la participation du Maroc à la violation du droit international ainsi que des résolutions onusiennes et arabes, l’atteinte aux intérêts nationaux — économiques, militaires, sécuritaires et politiques, le préjudice causé à la solidarité régionale et panarabe, la menace pour le tissu social marocain.

Il s’est également arrêté sur la proposition législative relative à l’octroi de la nationalité aux enfants et petits-enfants des juifs marocains, attirant l’attention sur les risques que cela représente, notamment au sujet des revendications croissantes de restitution des biens et les vagues d’accaparement de terres, camouflées sous des achats fictifs, dans plusieurs villes et régions rurales marocaines comme Agadir, Rabat, Casablanca, ainsi que les régions du Souss et du Tafilalet. Il a souligné que la lutte contre la normalisation « est un combat de longue haleine qui exigera plusieurs générations, ainsi qu’un engagement profond et des sacrifices considérables ».

De son côté, l’association « Attac Maroc » a insisté sur l’importance de renforcer toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien et de lutter contre la normalisation sous toutes ses formes. Dans les recommandations issues de sa 19ᵉ session, l’association appelle à élargir les campagnes de boycott contre les entreprises, institutions et parties impliquées dans le soutien au projet sioniste génocidaire, tout en s’opposant à la normalisation dans les domaines de l’éducation, de la culture, de l’université et de l’art par le biais de campagnes et d’actions de terrain.

L’association a également souligné l’importance de généraliser l’éducation populaire pour dénoncer en continu la normalisation et les dangers de l’infiltration des intérêts sionistes au Maroc, tout en liant la cause palestinienne à la lutte pour la liberté, la démocratie et la justice au Maroc. Elle recommande aussi le lancement de campagnes médiatiques sur différents supports, et dénonce le rôle du makhzen dans la facilitation du passage d’armements destinés à l’armée d’occupation via les ports de Tanger et de Casablanca. Elle appelle à intensifier la mobilisation et à unifier les protestations contre la normalisation.

Le journal danois « Ekstra Bladet » a documenté, dans une enquête, l’implication du Maroc dans la réception de « navires de la mort » transportant des armes vers l’entité, armes utilisées dans l’extermination des Palestiniens à Gaza. L’enquête révèle que l’activiste marocain Ismaïl Ghazaoui a été emprisonné pendant deux mois après avoir appelé au boycott du travail dans le port de Tanger et organisé des manifestations contre l’exportation d’armes vers l’entité sioniste — une répression qui illustre le climat politique oppressif et la peur qui règne parmi les travailleurs portuaires.

Le chercheur marocain en études stratégiques, Mohamed Hassani, a confirmé l’infiltration du sionisme dans la structure du régime marocain, surtout depuis que la normalisation a franchi toutes les lignes rouges. Dans une déclaration à la presse, il a souligné que dire que la normalisation a atteint un niveau inédit au Maroc est « insuffisant », précisant que « la réalité dépasse de loin cette affirmation. Le plus dangereux n’est pas l’aspect économique, mais bien les volets sécuritaire et éducatif, à tous les niveaux — et cela est bel et bien en cours ».

L’universitaire marocain a déploré que le Maroc « ait franchi toutes les lignes rouges possibles. Le drame du régime marocain, c’est qu’il considère les sionistes comme des citoyens marocains à part entière, prétendant qu’ils sont originaires du pays et qu’ils peuvent donc faire ce qu’ils veulent dans leur seconde patrie, voire première, le Maroc ».

Enfin, l’analyste politique a insisté sur le fait que « la lutte contre la normalisation est assurément un combat de longue haleine, car en réalité, c’est un système international entier qui est chargé de protéger l’entité sioniste. C’est un combat de générations », ajoutant que l’essentiel est de maintenir le principe fondamental selon lequel la normalisation est « un crime du point de vue religieux, moral, humain et national ».