L’ancien diplomate français Xavier Driencourt tente de nier tout lien organique avec le Rassemblement national, affirmant que les accusations de plusieurs médias français le qualifiant de « conseiller de l’extrême droite » relèvent de la diffamation. Pourtant, ce démenti se heurte à des faits qui révèlent une forte convergence idéologique entre lui et l’agenda de l’extrême droite.
Dans une déclaration publiée avant-hier sur son compte X (ex-Twitter), Driencourt exprime son mécontentement face à ce qu’il qualifie de « campagne délibérée de dénigrement » menée par certains médias français. Il accuse notamment deux journalistes influentes des quotidiens La Croix et Libération d’avoir diffusé de fausses informations le liant de manière organique au parti de Marine Le Pen.
Driencourt affirme n’avoir occupé aucun poste officiel ou officieux dans un quelconque parti politique, tout en reconnaissant avoir rencontré des figures de l’extrême droite telles que Marine Le Pen et Jordan Bardella, qu’il présente comme de simples consultations techniques sur les affaires algériennes, au même titre que celles qu’il aurait eues avec d’autres responsables politiques.
Il rejette également les accusations du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noel Barrot, qui l’a accusé de « parler au nom de l’extrême droite », et met en garde contre les conséquences de la désinformation sur la confiance du public envers les médias, menaçant de poursuites judiciaires si les « erreurs » à son sujet ne sont pas corrigées.
Mais derrière ce discours de victime se cache une tentative maladroite de se faire passer pour un expert neutre, alors que la réalité démontre que son discours et ses écrits sont en résonance directe avec les idées de l’extrême droite. Driencourt ne veut pas admettre l’évidente proximité idéologique entre sa pensée et celle du RN, proximité qui dépasse largement le cadre de simples rencontres ponctuelles.
Ses écrits sur l’Algérie, notamment dans son livre « France–Algérie : le double aveuglement », reprennent les récits coloniaux classiques, présentant la France comme bienfaitrice et accusant l’Algérie d’ingratitude et d’aveuglement. Ces mêmes termes sont utilisés quotidiennement dans les discours de Marine Le Pen et Jordan Bardella, ce qui rend toute prétention à la neutralité parfaitement illusoire.
Mais le problème ne se limite pas au contenu de ses textes. Le parcours médiatique de Driencourt révèle une forme de duplicité : alors qu’il dénonce aujourd’hui des médias comme La Croix ou Libération, il a pendant des années accordé de longs entretiens à des plateformes d’extrême droite, connues pour leur hostilité envers les migrants et les Arabes. Dans ces échanges, il reprenait sans réserve les arguments sur le « danger migratoire » ou les « privilèges de l’Algérie ». Il est donc difficile aujourd’hui de le dissocier de ce milieu idéologique qu’il a contribué à nourrir.
Même ses rencontres avec les leaders du RN, qu’il tente de réduire à de simples consultations techniques, sont contredites par l’usage explicite que ces derniers font de ses analyses comme références pour élaborer leurs positions sur l’Algérie. Ce n’est pas un hasard si son nom circule fréquemment dans les cercles d’extrême droite en tant qu’« expert » des affaires algériennes, alors qu’il est absent des débats dans les autres sensibilités politiques.
La pire des ironies, c’est que Driencourt reproduit lui-même un mécanisme de censure à travers son discours néo-colonial. En représentant l’Algérie comme un État ingrat et hostile, il occulte délibérément le passé sanglant de la colonisation française, et nie à l’Algérie son droit à défendre sa souveraineté. C’est exactement le même raisonnement que celui utilisé par l’extrême droite pour justifier ses politiques racistes.
Ainsi, le déni de Driencourt quant à son appartenance à l’extrême droite n’a aucune valeur, tant que ses idées et son parcours témoignent en sa défaveur. Il a consciemment choisi d’être un pont entre un passé colonial refoulé et un présent dominé par la xénophobie, et sa dernière déclaration n’est qu’une tentative désespérée de masquer cette réalité.
Driencourt n’est pas seulement proche de l’extrême droite, il est un soutien actif et un partenaire d’organisations nostalgiques de l’Algérie française, sans le moindre scrupule à participer aux activités du « Cercle Algérianiste », regroupant des ultras des pieds-noirs, nostalgiques de la « terre perdue » et chantres de la colonisation.
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