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Changement à la tête du RND… Est-ce la fin de l'ère de la légitimité historique ?

La direction du Rassemblement passe d’un des fondateurs du parti à un membre d’une génération ultérieure, engagé dix ans après la création du RND

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Jeudi, une cérémonie officielle a eu lieu pour marquer le transfert des fonctions de gestion du Rassemblement National Démocratique (RND) et de la présidence du comité de préparation du 7e congrès, entre le secrétaire général par intérim, Mustapha Yahi, et Mondher Bouden. Ce changement annonce une nouvelle phase dans l’histoire du parti, avec le passage de témoin d’un des fondateurs du RND à un membre d’une génération plus jeune, engagé dix ans après la création du parti.

Bien que temporaire, cette transition pourrait signaler la fin d’une ère fondée sur la légitimité historique et le passage vers une nouvelle génération de dirigeants politiques en Algérie. Des changements profonds sont attendus avant le congrès : renouvellement du discours politique, révision des modes de gestion du parti, promotion de jeunes cadres, et réexamen des relations avec les autres partenaires politiques.

Un courant interne appelle à une plus grande autonomie du parti, à reprendre l’initiative politique, à rompre avec la dépendance passée, et à récupérer l’influence perdue au fil des années.

Des observateurs relient cette évolution à une stratégie nationale de renouvellement de la classe politique axée sur les partis traditionnels. Un exemple : la refonte de la direction du parti El-Moustakbal il y a un an.

L'utilisation persistante de méthodes anciennes dans la gestion des partis de la majorité est perçue comme un facteur de frustration et de désengagement, en particulier chez les jeunes souhaitant s’investir politiquement.

Changer les visages au sommet n’est plus suffisant ni convaincant pour une jeunesse ambitieuse et instruite. Ces partis sont souvent marqués par des luttes internes pour les postes, au détriment des idées, négligeant la formation, l’ouverture aux populations marginalisées, et réduisant l’activité politique à des événements électoraux.

Les directions des partis pro-pouvoir sont critiquées pour leur monopole sur la visibilité médiatique, leur incapacité d’adaptation aux défis actuels, et leur manque de rôle réel dans la mobilisation politique. Elles se contentent de recycler le discours officiel ou de flatter les autorités, ce qui entretient la défiance envers cette classe politique.

À quelques exceptions près, ces partis sont restés silencieux alors que le pays avait besoin de leur voix, notamment durant la récente offensive diplomatique et médiatique française contre l’Algérie, face à laquelle le Front de Libération Nationale (FLN) a, selon certains de ses cadres, manqué de courage.

Après le changement rapide mais discret opéré au RND, des questions se posent sur l’avenir d'autres partis secoués par des mouvements internes, notamment le FLN, dont la direction commence à percevoir la menace d’un soulèvement interne venu de la base.

Ces forces marginales, actives surtout sur les réseaux sociaux, cherchent à relancer des mouvements de redressement, que les directions en place considèrent comme des phénomènes malsains et nuisibles aux partis et à la scène politique.

Comparé au RND, un changement de direction au FLN serait institutionnellement plus facile, car le comité central a le pouvoir de retirer ou attribuer la fonction de secrétaire général, alors qu’au RND, un tel changement nécessite la convocation du congrès.