Un certain nombre de citoyens français, de chercheurs et d’acteurs associatifs ont signé une lettre ouverte appelant à l’ouverture d’une enquête urgente sur les propos racistes tenus par l’ancienne ministre française Noëlle Lenoir, visant les ressortissants algériens vivant en France. Ces déclarations ont été faites lors de son apparition dans une émission diffusée par la chaîne CNews.
Cette lettre, signée par plusieurs personnalités et publiée dans le journal L’Humanité, constitue un appel public adressé notamment à la Défenseure des droits, au président de l’Arcom (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), ainsi qu’au procureur de la République près le tribunal de Paris.
Les signataires ont exprimé leur vive indignation face aux propos de l’ex-ministre, qualifiant ses déclarations de stigmatisation collective grave, dans lesquelles elle a présenté tous les ressortissants algériens comme étant des "personnes dangereuses". Pour eux, il s’agit d’un discours de haine fondé sur l’origine, portant atteinte à la dignité et à l’égalité de millions de personnes, dans un contexte où le racisme reste fortement ancré dans la société française.
Ils rappellent que les médias relevant de l’autorité de l’Arcom sont légalement tenus de ne pas diffuser de contenus incitant à la haine ou à la violence, précisant que les sanctions prévues vont de l’amende à la suspension de diffusion. Les signataires insistent sur la nécessité pour les autorités compétentes d’assumer pleinement leurs responsabilités tant juridiques qu’éthiques.
Les signataires soulignent également que la Défenseure des droits, le président de l’Arcom et le procureur de Paris ont pleine compétence pour enquêter sur ces déclarations. Ils indiquent avoir été informés que plusieurs associations, élus et citoyens ont déjà déposé plainte auprès des instances concernées. En conséquence, ils demandent officiellement l’ouverture d’une enquête dans le cadre des attributions de ces institutions.
Ils appellent également les responsables politiques et les médias à faire preuve de vigilance accrue et à ne tolérer aucunement ce type de discours contraire aux valeurs républicaines, fondées sur l’égalité et la justice.
Vendredi dernier, Noëlle Lenoir avait en effet déclaré, lors d’une émission sur CNews, que les "millions d’Algériens" vivant en France représentaient un "grand danger", sans que l’animateur n’intervienne pour corriger ou nuancer ses propos. Des propos perçus comme un prolongement des politiques gouvernementales récentes accusées de resserrer l’étau sur les migrants musulmans, notamment algériens, à travers des restrictions sur les visas, des lois plus strictes sur l’immigration, l’éducation ou encore la pratique religieuse.
Par ailleurs, Khadija Aouda, ancienne présidente du Syndicat des avocats, a déposé une plainte officielle contre l’ex-ministre. De même, la députée Sabrina Sebaihi a saisi le procureur de Paris, affirmant que les propos tenus constituent un crime à l’encontre de millions de personnes, insistant sur le fait que "la haine et la stigmatisation ne peuvent être tolérées".
Une association de ressortissants algériens en France a également déposé plainte contre CNews, tandis que l’organisation SOS Racisme a annoncé avoir fait de même, en plus d’un signalement officiel à l’Arcom, demandant des sanctions contre la chaîne pour avoir banalisé le racisme dans le débat public. Le président de l’association, Dominique Sopo, a dénoncé une "position xénophobe" adoptée par l’ex-ministre, appelant à des mesures fermes contre la diffusion de discours de haine.
De son côté, l’Union française des binationaux et de la diaspora algérienne a engagé une procédure judiciaire contre CNews devant le tribunal administratif de Paris, soulignant ainsi l’ampleur de la colère suscitée par la manière dont certains médias français traitent les questions migratoires et les communautés musulmanes.
Ce discours politique et médiatique hostile, qui promeut la discrimination et la haine, a contribué à nourrir un sentiment d’exclusion chez de nombreux citoyens binationaux et résidents légaux, menaçant leur intégration et renforçant leur marginalisation.
La France a récemment connu une hausse marquée des violences à caractère raciste, en particulier dans les quartiers abritant des communautés maghrébines, notamment algériennes. Cette dégradation est attribuée à l’intensification des discours incitatifs dans la sphère politique et médiatique, qui ont créé un climat de tension et de haine, propice à l’émergence de comportements violents et provocateurs.
Cette situation met en péril non seulement la sécurité des citoyens, mais fait craindre une explosion sociale imminente, si des mesures urgentes ne sont pas prises pour endiguer le discours raciste et renforcer les valeurs de justice et d’égalité au sein de la société française.
Face à cette escalade, des observateurs ont mis en garde contre le glissement dangereux du discours politique vers une hostilité systématique envers les migrants, soulignant que cette orientation menace l’unité du tissu social français et vide les valeurs républicaines de leur sens réel. Ils affirment que ce dont la France a besoin aujourd’hui, ce ne sont pas davantage de lois répressives, mais un discours rationnel, qui reconnaît les pages du passé, traite le présent avec équité et jette les bases d’un avenir fondé sur le respect mutuel, et non sur l’exclusion et la haine.
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