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Gaza : “La position de l’Algérie reste prudente”

En raison du non-respect répété par l’occupation sioniste des appels à la trêve et au cessez-le-feu.

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Contactés par El Khabar pour commenter la dernière déclaration du ministère des Affaires étrangères, des analystes estiment que la position de l’Algérie sur le cessez-le-feu à Gaza, rendue public jeudi, repose sur des principes humanitaires et juridiques solides. Ils s’accordent à dire que l’Algérie n’a pas considéré la trêve comme une fin en soi, mais comme une première étape vers une solution globale et durable de la question palestinienne et la récupération des droits nationaux du peuple palestinien.

Dans ce contexte, Rachid Allouche, chercheur en affaires stratégiques, a déclaré que « le cessez-le-feu immédiat à Gaza a constitué pour l’Algérie une première étape vers la fin de l’agression, du massacre et du génocide subis par le peuple palestinien depuis plus de 700 jours ».

Dans un entretien à El Khabar, Il a expliqué que cette étape devrait être suivie de mesures décisives, notamment la nécessité de garanties contraignantes imposant à l’entité occupante de ne pas reprendre la guerre, ainsi que l’accélération de la reconstruction de la bande de Gaza et la réinstallation des déplacés dans leurs zones d’origine, détruites par la machine de guerre sioniste.

«L’Algérie a également appelé à l’acheminement urgent de l’aide humanitaire, sans aucun obstacle ni condition préalable, car la famine et les souffrances extrêmes qui ravagent la bande de Gaza ne supportent plus le moindre retard », a ajouté Allouche.

Il a souligné que « ces priorités urgentes ont structuré la position algérienne depuis le début de la guerre d’extermination », rappelant que l’Algérie a « mené dans ce cadre des batailles diplomatiques au sein du Conseil de sécurité des Nations unies ».

« L’Algérie considère le cessez-le-feu immédiat comme une étape cruciale dans le parcours de lutte du peuple palestinien, dans ses combats pour la résistance et l’attachement à sa terre, et comme un soutien à son droit légitime d’établir son État indépendant, seule solution permanente et définitive au conflit », a-t-il précisé, avant de rappeler que « le président Abdelmadjid Tebboune avait réaffirmé cette position dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies en 2023, insistant sur la priorité de la reconnaissance de l’État palestinien comme pierre angulaire du processus de paix dans la région ».

De son côté, Khaled Khelif, professeur de sciences politiques et de droit international, a indiqué dans une déclaration à El Khabar que « le communiqué du ministère est équilibré sur le fond, tout en demeurant prudent pour plusieurs raisons ».

Il a expliqué que « cette prudence découle du manque de fiabilité de l’occupation sioniste, qui a à plusieurs reprises violé les trêves et cessez-le-feu, qu’ils soient négociés ou imposés par la communauté internationale. L’Algérie est donc consciente qu’aucune garantie solide n’existe aujourd’hui pour mettre fin à la guerre, pas plus qu’il y a quelques mois ou un an ».

Le professeur a ajouté que « cette prudence s’explique aussi par l’instabilité de la position américaine, parrain du cessez-le-feu depuis plusieurs mois, comme en témoignent les déclarations fluctuantes du président américain, de ses collaborateurs et du département d’État ».

Khelif a également averti que « la diplomatie algérienne est consciente que de nombreux obstacles entraveront la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu. Ceux-ci ne seront peut-être pas visibles dans la phase initiale, mais apparaîtront avec le temps et la pression des parties, notamment concernant le flux continu de l’aide humanitaire, indispensable à Gaza, ainsi que les listes d’otages et de détenus ».

Pour sa part, Abderrazak Seghour, professeur de sciences politiques, a affirmé que « la position de l’Algérie a toujours été claire et constante, fondée sur ce que la résistance palestinienne accepte et sur tout ce qui peut mettre fin au génocide ».

Dans une déclaration à El Khabar, il a précisé que « la position défendue par l’Algérie au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale des Nations unies, à savoir la reconnaissance de l’État de Palestine, s’accorde pleinement avec les négociations actuelles et avec son exigence immuable, à savoir, mettre un terme aux massacres à Gaza ».

Seghour a conclu en soulignant que « l’Algérie a toujours défendu le droit international et les droits de l’homme, et que sa position actuelle ne diffère en rien de celle du peuple palestinien, qu’elle exprime clairement et fermement dans les forums internationaux ».