Nation

Hanoune accuse Paris de détourner l’attention de sa crise interne

Elle appelle à une réforme globale du secteur des transports

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Louisa Hanoune accuse Paris de vouloir détourner l’attention de sa propre crise et appelle à une réforme du secteur des transports
La secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, a établi un lien entre les nouvelles provocations françaises envers l’Algérie et la crise intérieure que traverse la France, laquelle, selon elle, s’apprête à vivre un tournant historique en septembre prochain.

Dans son discours d’ouverture lors de la réunion du bureau de wilaya d’Alger, tenue hier, Hanoune a évoqué un "harcèlement et un acharnement" français contre l’Algérie, qui se sont récemment intensifiés avec la suspension de l’accord de 2013 exemptant les détenteurs de passeports diplomatiques de visa de court séjour. Elle a qualifié cette mesure de manœuvre visant à détourner l’attention des crises internes du régime français, en particulier la grave crise économique et sociale qui secoue l’ancienne puissance coloniale.

Hanoune a souligné que le peuple français est en état de révolte, rejetant les politiques d’austérité, l’armement de l’Ukraine et le soutien à l’entité sioniste, avec des protestations populaires croissantes qui devraient culminer par une grève générale le 10 septembre, qu’elle considère comme un tournant historique.

Sur le plan international, elle a exprimé l'opposition ferme de son parti à toute coopération avec l’administration américaine, qu’elle tient pour responsable de la poursuite du génocide contre le peuple palestinien en soutenant l’entité usurpatrice politiquement, diplomatiquement et financièrement, avec 45 milliards de dollars injectés dans son économie pour couvrir une guerre qui a coûté 90 milliards de dollars.

Sur le plan national, Hanoune a salué la décision du gouvernement de lever les réserves sur le paragraphe 4 de l’article 15 de la Convention des Nations Unies de 1979 pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, espérant davantage de progrès dans la protection des droits des femmes.

Elle a longuement abordé la tragédie de la chute d’un bus à Oued El Harrach, qu’elle a qualifiée de drame prévisible et non isolé, rappelant une série d’accidents similaires dans le transport public en Algérie.

À propos de la décision de justice de placer quatre personnes en détention provisoire, dont le chauffeur et le propriétaire du bus, elle a appelé à élargir l’enquête judiciaire pour aller au-delà des causes immédiates et identifier les causes structurelles, notamment :l’absence de pièces de rechange, les interdictions d’importation aléatoires, la prolifération de pièces contrefaites et le blocage des investissements dans la fabrication locale.
Hanoune a regretté l’exclusion du syndicat des transporteurs privés des consultations sur la réforme du secteur. Elle a rappelé que ce syndicat avait, depuis des années, lancé des appels de détresse ignorés. Elle a précisé que ses propos ne visent pas les ministres actuels, mais qu’ils relèvent de l’accumulation de décisions passées qui auraient dû être corrigées. Elle s’est interrogée sur le sort des contrats douteux de réfection des routes, sur les permis de construire délivrés à des promoteurs immobiliers, responsables d'effondrements routiers, et a dénoncé la faiblesse des services de la Protection civile, à l’origine de retards d’intervention, y compris lors du drame de Harrach.

Elle a également parlé de l’état catastrophique des infrastructures routières, rapportant qu’elle a récemment effectué un voyage terrestre passant par Béjaïa et Constantine, constatant la dégradation du secteur des transports, y compris l’absence de gares, l’arrêt prématuré des services dans les grandes villes.
Elle a proposé de confier certaines lignes exclusives à des opérateurs privés, sous conditions strictes, et a insisté sur la nécessité d’une évaluation approfondie de l’incident de Harrach, afin de réformer le secteur, réduire les pertes humaines et financières, et prévenir d'autres catastrophes.

Elle a salué la décision de reporter la rentrée scolaire et la prise en charge gratuite des enfants atteints de cancer dans les hôpitaux publics et privés, appelant à étendre cette mesure à d’autres maladies graves. Elle a proposé au ministre de la Santé d’effectuer des visites inopinées dans les établissements de santé, notamment au service oncologique de l’hôpital Mustapha Bacha.