Nation

L’Algérie a marqué de son empreinte le Conseil de sécurité

Son mandat en tant que membre non permanent prendra fin le 31 décembre prochain

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L’Algérie a assumé la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU à l’un des moments les plus turbulents de l’histoire internationale contemporaine, se retrouvant au cœur d’une tempête diplomatique ébranlant l’ordre mondial, en raison de crises régionales et globales simultanées.
Pourtant, dès le début de son mandat, l’Algérie a clairement affiché qu’elle ne se contenterait pas d’un siège protocolaire. Elle s’est engagée à faire de cette présidence une plateforme pour réorienter la boussole onusienne vers des causes marginalisées et s’attaquer aux dossiers les plus complexes, au premier rang desquels figurent les situations au Moyen-Orient et dans la région du Sahel.

Le premier test majeur a été le massacre continu dans la bande de Gaza depuis octobre 2023, qui a soumis le Conseil de sécurité à une épreuve morale et juridique sans précédent. Dans ce contexte, l’Algérie a adopté une position de principe, soutenue par un consensus populaire et un héritage révolutionnaire. Son représentant permanent auprès de l’ONU, Amar Bendjama, a constamment appelé à un cessez-le-feu immédiat, avertissant que « l’inaction de la communauté internationale constitue non seulement un crime contre les Palestiniens, mais aussi une tache indélébile sur la conscience de l’humanité ».

L’Algérie ne s’est pas arrêtée à la dénonciation. Elle a présenté plusieurs projets réclamant une protection internationale pour le peuple palestinien, insistant sur l’envoi de commissions d’enquête indépendantes sur les crimes de guerre, face à l’incapacité récurrente du Conseil à adopter une résolution contraignante imposant un cessez-le-feu ou garantissant l’ouverture de couloirs humanitaires.

Parallèlement, l’escalade entre l’Iran et l'entité sioniste a pris une dimension hautement sensible. Là encore, la position de l’Algérie est restée conforme au droit international : elle a exigé que l’occupant rende des comptes, condamnant toute atteinte à la souveraineté ou aux missions diplomatiques, qualifiant ces actes de violations manifestes de la paix et de la sécurité internationales. Elle a également fermement dénoncé la récente agression israélienne contre l’Iran, la qualifiant de « violation flagrante de la souveraineté internationale ».
Le ministère algérien des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à endiguer cette escalade et à œuvrer à la stabilité régionale.

Concernant le conflit en Ukraine, l’Algérie a maintenu une position équilibrée, refusant de s’aligner sur les polarisations et insistant sur le respect de la souveraineté des États et la désescalade. S’agissant du Soudan, elle a défendu une approche pragmatique donnant la priorité à une solution africaine – africaine, sans exclure le rôle des Nations Unies. En mai 2025, Amar Bendjama a souligné que « laisser le Soudan à son sort alors que la famine et les déplacements s’intensifient constitue un reniement du cœur même de la Charte des Nations Unies ».

Dans sa volonté d’activer pleinement sa présidence, l’Algérie a proposé plusieurs initiatives au sein du Conseil de sécurité, dont un projet de résolution global pour un cessez-le-feu à Gaza, incluant la région de Rafah, l’ouverture des corridors humanitaires et la libération des otages, conformément aux décisions de la Cour internationale de Justice.
Elle a également défendu l’application immédiate des mesures conservatoires ordonnées par la Cour pour protéger les civils palestiniens.

En outre, elle a présenté la résolution 23/34 appelant à l’arrêt immédiat des activités de colonisation illégale et à la mise en œuvre urgente des résolutions antérieures du Conseil. Elle a plaidé pour une réforme des mécanismes de décision du Conseil, notamment par une révision des prérogatives des « porte-plume » afin d’accroître la transparence et la responsabilité.
Elle a lancé une initiative de coopération africaine contre le terrorisme, fondée sur son expérience en tant que coordinateur de l’Union africaine dans ce domaine. L’Algérie s’est également abstenue sur la résolution 2768 relative à la mer Rouge, expliquant sa position par la crainte que le texte ne serve de prétexte à des frappes portant atteinte à la souveraineté du Yémen, dénonçant une interprétation excessive du principe de légitime défense.

À travers ces approches diverses, la présidence algérienne du Conseil de sécurité s’est révélée être un modèle concret de la manière dont des principes peuvent être transformés en instruments d’action.
La vision algérienne ne procède pas d’un prisme idéologique étroit, mais d’une compréhension fine des équilibres internationaux et d’un engagement sincère en faveur du multilatéralisme et de la légitimité onusienne.
Une présidence qui incarne une diplomatie responsable et réhabilite l’éthique des relations internationales à une époque marquée par l’érosion des normes et la primauté du rapport de force.


Une plateforme d’influence


Le député de l’Assemblée populaire nationale, Abdessalam Bachagha, a déclaré au journal El Khabar que l’Algérie s’est affirmée ces deux dernières années (2024–2025) comme un membre actif du Conseil de sécurité à travers une série d’initiatives et un rôle de leadership, notamment sur les dossiers arabes et africains.

L’ancien membre de la commission des affaires étrangères a souligné que, malgré les défis géopolitiques et les sensibilités internationales, l’Algérie a su affirmer une présence diplomatique professionnelle, transformant son mandat en une plateforme d’influence renforcée sur la scène internationale, dans un contexte marqué par des événements mondiaux d’une extrême gravité, tels que l’agression continue contre Gaza, la guerre en Ukraine, la crise soudanaise ou encore les tensions au Sahel.

Il a ajouté que l’Algérie a été la voix forte du Sud dans un monde de plus en plus déséquilibré, où le droit international et les traités universels s’effacent au profit d’une logique brutale de puissance.

« Malgré un mandat relativement court, notre diplomatie a laissé une empreinte claire à travers son rôle central dans la mise en lumière des crises humanitaires (Palestine, Sahara, Syrie, Soudan), ainsi que sur les questions de lutte contre le terrorisme, le trafic d’armes et de drogues à travers le monde. Elle a initié des résolutions, des réunions d’urgence dont plusieurs ont été adoptées », a-t-il précisé.

Il a conclu en affirmant que la présidence algérienne du Conseil, en janvier dernier, a constitué un nouvel exemple de l'efficacité et du professionnalisme de la diplomatie algérienne, que le monde redécouvre aujourd’hui.


Une opportunité clé
De son côté, le professeur en sciences politiques et relations internationales, Abdelrazak Sagour, a estimé que la coïncidence entre le mandat de l’Algérie au Conseil de sécurité et l’intensification des crises et conflits politiques et sécuritaires, au niveau régional et international, a représenté une opportunité cruciale pour renforcer sa présence diplomatique.

Il a souligné que l’Algérie s’est positionnée comme un défenseur actif des causes justes, notamment celle du peuple palestinien. Elle a dénoncé les pratiques racistes et les graves violations commises contre une population sans défense par les forces d’occupation, tout en restant fidèle aux principes de légitimité internationale et de justice humaine.

S’agissant du conflit irano-israélien, Sagour a rappelé que cette escalade démontre encore une fois la nature agressive de l’entité sioniste, qui n’hésite pas à violer la souveraineté des États, bénéficiant d’un soutien inconditionnel de certaines puissances occidentales, à leur tête les États-Unis.

Il a conclu en affirmant que ce parapluie politico-militaire est précisément ce qui permet à cette entité de poursuivre ses politiques agressives en toute impunité, défiant ouvertement le droit international et les résolutions des Nations Unies.