Les autorités placent les cryptomonnaies sous surveillance, les considérant comme un outil financier connaissant une circulation remarquable dans le monde, et potentiellement comme l’un des moyens utilisés pour financer des activités criminelles, que ce soit dans le Dark Web (« la toile noire ») ou même en dehors, via certaines plateformes de réseaux sociaux.
L’Algérie affiche une grande prudence vis-à-vis de cette activité financière non conventionnelle et l’interdite par la loi 25-10 modifiant la loi relative à la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. L’article 6 bis de cette loi interdit l’émission, l’achat, la vente, le minage, l’utilisation, la détention, le commerce, la promotion ainsi que la création et/ou l’exploitation de plateformes de trading d’actifs virtuels, que ce soit comme moyen de paiement ou comme investissement.
Dans le cadre de cet intérêt croissant, le ministère de la Justice organise des formations destinées à étudier la nature de ces monnaies, leurs mécanismes et la manière de les traiter juridiquement et techniquement.
Parmi ces formations, le ministère a programmé, en coopération avec l’ambassade des États-Unis à Alger et sous l’encadrement du programme américain international d’assistance aux enquêtes criminelles (ICITAP), un atelier sur les « cryptomonnaies » du 16 au 20 novembre 2025, selon un communiqué du ministère.
Cet atelier, destiné aux magistrats, officiers de police judiciaire ainsi qu’aux analystes financiers de la Cellule de traitement du renseignement financier CTRF et de la Banque d’Algérie, vient compléter une formation précédente tenue en juillet 2025 sur le thème du « renseignement en sources ouvertes ».
Ces monnaies numériques fonctionnent au sein d’un réseau crypté de pair à pair, visant à faciliter l’échange numérique. Il s’agit d’une technologie développée depuis une dizaine d’années, selon des définitions largement reprises dans l’espace virtuel.
Les transactions en cryptomonnaies s’effectuent en dehors du contrôle de la Banque centrale, ne sont garanties par aucun État, reposent uniquement sur la confiance des utilisateurs et permettent de contourner les contraintes des monnaies nationales et des taux de change.
Lors de la session précédente, d’anciens enquêteurs du FBI et des experts en OSINT (Open-Source Intelligence) ainsi qu’en lutte contre le blanchiment d’argent ont animé la formation à la Résidence des magistrats à Alger.
Dix-huit cadres et magistrats du ministère de la Justice, issus de différentes juridictions, ainsi que des représentants de la Banque d’Algérie, de la Gendarmerie nationale, de la DGSN et de la Cellule de traitement du renseignement financier ont bénéficié de cette formation, dans le cadre du programme de coopération entre le ministère et l’ambassade américaine.
Cet atelier, organisé sur une semaine, vise à renforcer les capacités des autorités judiciaires, des services chargés de l’application de la loi, des analystes financiers et des organismes de contrôle bancaire dans le domaine du renseignement en sources ouvertes (open sources), notamment en ce qui concerne la lutte contre le blanchiment d’argent, une priorité majeure pour les autorités algériennes afin de respecter leurs engagements internationaux et africains.
Le Parlement avait adopté le projet de loi modifiant la loi 05-01 du 6 février 2005 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Le ministre a indiqué que cette loi s’inscrit dans la continuité de « l’harmonisation du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme avec les normes internationales », en référence aux mesures recommandées dans le cadre du plan d’action convenu avec le Groupe d’action financière (GAFI) pour sortir de la liste grise.
Cependant, lors de sa dernière session fin octobre, le GAFI a maintenu l’Algérie sur la liste grise, alors que quatre pays africains en ont été retirés. Le groupe a qualifié les indicateurs de « prometteurs » et reconnu les « progrès réalisés » dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, tout en soulignant la nécessité de finaliser les réformes techniques pour un retrait définitif de la liste.
La nouvelle loi oblige enfin les autorités compétentes à coopérer et échanger des informations avec les homologues étrangers, de manière automatique ou sur demande, conformément aux accords bilatéraux ou multilatéraux, à condition que ces entités respectent le secret professionnel avec les mêmes garanties, qu’il y ait réciprocité, et qu’aucun conflit n’existe avec les principes fondamentaux du système juridique algérien.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.